Des universitaires contre l’austérité

Venus des quatre coins de la province, des milliers de personnes ont déambulé dans les rues de Québec et de Montréal, samedi 29 novembre, pour « refuser l’austérité ». Au-dessus des nombreux contingents sur place, les fanions des étudiants étaient bien visibles.

Un collectif d’organisations syndicales, d’associations étudiantes et d’organismes communautaires avait planifié la marche. 160 autobus étaient mis à contribution pour amasser de partout les manifestants dans la capitale.

Cette année, l’Université Laval doit réduire de 42 millions de dollars son budget. À la grandeur des études postsecondaires de la province, c’est 240 millions.

Des étudiants de l’Université Laval étaient sur place, samedi dernier, pour dénoncer les conséquences de l’austérité budgétaire. « Ça va me toucher bientôt, ça va me toucher quand je vais arriver sur le marché du travail. Je vais travailler en développement régional, et puis on coupe les CLD, on coupe les CRE. On ampute les régions ! [Au niveau des universités], on coupe dans les projets qui ne sont pas récurrents, on coupe dans les projets qui viennent des étudiants. Si on a des initiatives, on nous appuie moins parce que justement on n’a plus le budget, on n’a plus d’argent. »

Des représentants de l’Université du Québec à Chicoutimi étaient également présents. Un des étudiants en éducation avance qu’« on peut faire des stages à l’étranger. Mais à cause des coupes, c’est moins possible parce que l’aide financière est beaucoup moins bonne ».

Les étudiants du cégep de St-Félicien sentent eux aussi les effets de l’austérité. « Dans notre cégep, il y a trois postes qui ont été coupés : le poste d’infirmière, le travailleur social, le poste d’aide pédagogique. Les trois syndicats du cégep plus l’association étudiante ont adopté une position commune réclamant le retour des trois postes qui ont été coupés. » Et pour la suite des choses, « si Couillard ne recule pas, on va lui rentrer dedans, tant pis pour lui ! »

Coupures en recherche

Travailleur à l’Université du Québec à Trois-Rivières, Daniel Bellefleur est là pour défendre une autre mission de l’université : la recherche. « Naturellement, tout le secteur de la recherche, c’est des gens qui sont précaires, qui sont à contrat. Quand t’es chanceux, t’as un contrat d’un an. Là ils ne renouvellent pas, c’est la facilité dans le fonctionnement. S’il y a des coupures à faire, c’est eux avant le personnel administratif qui eux autres ont la sécurité d’emploi », déclare ce membre de la Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche.

« Il y a des projets qui ne démarrent pas, il y a des projets qui ne finiront pas. Des recherches longitudinales sur 10 ans qui ne se finiront pas et où il restait deux ans à faire. Ce sont des résultats qui ne sortiront pas. C’est avec ça qu’on va développer les nouvelles affaires. C’est avec ça que la civilisation du savoir va arriver, il faut miser là-dessus », poursuit-il.

M. Bellefleur s’insurge aussi de la manière dont les coupes sont faites. « On peut être d’accord finalement qu’il faut effectuer des compressions, mais comment les faire, comment les voir, c’est ça à un moment donné qu’il faut contrer. Pour les universités, depuis le printemps, il y a eu trois coupures de suite. Y as-tu moyen de planifier ça pour qu’on en aille une seule et qu’on sache c’est quoi ? On a du personnel à temps plein juste pour refaire les budgets ! »

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