Si les analystes s’entendent pour dire que Facebook et Twitter furent des instruments incontournables de la révolte en cours en Tunisie, c’est

Ancienne cité punique, Tunis est tour à tour conquise par les Romains après les guerres du même nom, puis par les Arabes, au VIIe siècle. Le célèbre corsaire Barberousse s’en empare en 1534, mais le dernier souverain de la dynastie des Hafsides fait appel à Charles Quint pour s’en défendre. L’Empereur annexe tout simplement la ville. Tunis passe ensuite sous contrôle ottoman. Ambitieux, le bey (souverain vassal du sultan turc) Ahmed se lance dans la construction d’un palais et surtout d’un immense chantier naval, empruntant de vastes sommes à la France, qu’il ne peut rembourser. Son successeur promulgue la première constitution de la Tunisie en 1861: c’est une première dans les pays musulmans. Toutefois, prenant prétexte d’incursions de kroumirs en territoire algérien, la France envahit la Tunisie et y instaure un protectorat. La domination française y durera 73 ans.

La résistance tunisienne s’organise dès 1907 et culmine avec la création du Destour, dont une scission, le Néodestour, mènera le pays vers l’indépendance. Piloté par Habib Bourguiba, ce parti devient très tôt unique mais initie tout de même des réformes audacieuses: égalité des femmes, abolition de la polygamie, substitution du droit coranique par le droit civil. Ce faisant, Bourguiba assure au pays une stabilité exceptionnelle, mais les mouvements populaires sont sévèrement réprimés.

En 1987, Bourguiba montre des signes de faiblesse, et c’est le moment que choisit le général Zine Ben Ali pour le destituer. Ce dernier entreprend un vaste programme de réconciliation nationale et autorise le multipartisme, quoiqu’avec de fortes restrictions. De fait, Ben Ali est réélu après référendum avec, selon les chiffres officiels, 99% des suffrages. Dans les années 90, face à l’Algérie déchirée par la guerre civile, la Tunisie fait figure de miracle économique; Ben Ali contracte un traité de libre-échange avec la France. Le taux de croissance, à 5 % en 2010, est un des plus hauts dans la région. Malgré tout, le taux de chômage dépasse les 14% et les nouveaux diplômés peinent à se trouver un emploi. Avant d’être contraint à quitter le pays avec sa femme, Ben Ali promet la création de 300 000 emplois d’ici 2012. Trop peu, dans un pays où la révolte n’en a pas que contre le chômage, mais aussi contre le coût de la vie et le contrôle des libertés civiles.

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