S’il souffle un vent de fraîcheur sur le Mois de la poésie, c’est en partie parce que sa 9e édition est constellée de projets issus du milieu littéraire de l’Université Laval.
Le festival flirte avec la relève littéraire depuis plusieurs années. L’œil averti verra cependant que le milieu littéraire de l’Université Laval est bien représenté dans la 9e édition du festival, peut-être plus que dans les éditions précédentes.
Au menu : des spectacles des Productions Triptukhos et de trois collectifs formés d’étudiants et d’anciens, en plus d’une soirée slam à laquelle participera Thomas Langlois, finaliste lavallois et grand gagnant d’Univers-cité en spectacle 2015.
Tout pour faire dire à Éric LeBlanc, étudiant à la maîtrise en études littéraire et membre du Collectif Exond&, que la littérature lavalloise « est très vivante et qu’on y retrouve énormément d’engouement pour créer de nouvelles choses et sortir des balises ». Et de permettre aux projets étudiants d’élargir leur public, souvent restreint à la communauté universitaire, opine le chargé de projets des Productions Triptukhos Keven St-Gelais.
Poésie renouvelée
La situation n’est pas étrangère au développement de spectacles littéraires ces dernières années, pense Isabelle Forest. Cette dernière croit que « les jeunes en littérature ont peut-être plus envie de se produire sur scène. J’ai l’impression que les étudiants de l’Université Laval ou les jeunes d’ailleurs embarquent dans le train ».
Cette façon de mettre la poésie en valeur sied bien à la relève, croit Simon Douville, membre du Collectif RAMEN et ancien étudiant en littérature à l’UL.
« Les spectacles littéraires permettent aux gens de s’intéresser à une poésie différente de celles des livres. Avec les livres vient une sorte de consécration alors qu’avec des spectacles, on est plus dans l’exploration, ce qui convient très bien aux étudiants et aux diplômés ». – Simon Douville
Au même titre que les auteurs de la relève, les étudiants qui prennent part au festival pourfendent une poésie renouvelée, dépoussiérée. C’est le cas de Thomas Langlois, jeune slameur et étudiant à la maîtrise en littérature et arts de la scène et de l’écran, qui croit que « la poésie est due pour se faire un petit lifting ».
Ce dernier est singulièrement ravi de voir que le Mois de la poésie fasse la part belle aux formes renouvelées de poésie comme le slam. Il se réjouit que cette forme littéraire soit de plus en plus valorisée puisqu’elle permet de « rejoindre beaucoup d’étudiants qui ne se seraient pas intéressés à la poésie autrement ». Surtout dans une ère où les arts sont de plus en plus multi et les frontières, « poreuses », ajoute-t-il.
Chez le Collectif RAMEN, qui en est à son premier Mois de la poésie, on s’évertue aussi à faire vivre la poésie de façon dynamique grâce aux réseaux sociaux, question de prouver qu’elle n’est pas plate.
« Le chapitre de poésie à l’Université, c’est un peu le chapitre où on se fait chier. Quand tu lis des choses comme Gaston Miron, Anne Hébert ou Michèle Lalonde, tu vois que la poésie n’est pas plate. Au contraire, c’est une voix forte, c’est puissant », lance Simon Douville.
Mercredi 9 mars 20h au Studio P (10 $)
Pour sa première participation au Mois de la poésie, le jeune Collectif RAMEN propose une expérience de poésie live avec Poésie sur un fil. La performance est inspirée du thread Facebook « La poésie est une maladie transmise textuellement » qu’a initié l’un des membres du collectif, Simon Poirier, en avril 2014. En moins de deux ans, le post a été nourri de quelque 100 000 commentaires.
Jeudi 10 mars 20h30 au Studio P (12$)
Le Collectif Exond& est de retour pour une troisième année dans la programmation du festival. Après avoir abordé la sexualité de front avec NORMPORN, qui avait rempli le Studio P l’an dernier, le collectif se tourne vers la peur et l’angoisse avec Unheimlich, qu’on peut traduire de l’allemand par « inquiétante étrangeté ».
Samedi 12 mars 20h au Studio P (18 $)
Isabelle Forest a recruté les slameurs Thomas Langlois et Catherine Dorion pour faire la première partie de David Goudreault, champion mondial de slam en 2011. Ils présenteront à cette occasion leur Bestove, un collage de leurs meilleurs textes qui abordent la politique et la maladie mentale.
Mercredi 23 mars 19h au Studio P (10 $)
Avec Interstices, les Productions Triptukhos font assister le public à la naissance d’un personnage (Hugo, interprété par Éric LeBlanc) qui sort de la tête d’une écrivaine (Marie-Ève Muller). À la fois scripté et improvisé, le spectacle est le premier que présentent les productions au festival.
Jeudi 24 mars 20h au Studio P (entrée libre)
Les Collectifs Ressacs, RAMEN et Exond& croiseront le fer à la fin mars lors d’un Poésie Battle. L’initiative de La Collusion des collectifs, née chez RAMEN, vient d’une « idée de faire un OFF Mois de la Poésie », se souvient Simon Douville. À en croire le jeune homme, les collectifs promettent une soirée T’es pas game pleine de défis.