Pour ma dernière chronique dans ce journal, il me semble qu’aborder le sujet des médias est une sorte d’apothéose. Je commencerai donc par me dédouaner. S’il est vrai que je suis entré dans le « club-école des médias », ce fut par hasard et par infraction, sans avoir l’idée de pousser la chose trop loin. Ce qui n’est pas plus mal, puisqu’à l’heure des bilans, il faut avouer que le seul impact qu’auront eu mes chroniques est celui contenu dans le nom du journal qui les publie, et non – hélas – dans leur contenu.
« Ici repose celui dont le nom était gravé dans l’eau. » Mon expérience auprès du quatrième pouvoir n’en aura pas pourtant été vaine. Je dirais même qu’elle m’a enrichi.
Pourtant, je la termine avec une question assez peu originale : les médias couvrent-ils l’actualité ou la créent-ils?
D’abord, je n’ai jamais cru à la supposée objectivité des journalistes, ni celle de personne d’autre d’ailleurs. Elle m’est toujours apparue comme une sorte d’idéal qu’on aurait autant de chance d’atteindre que d’arriver à la fin de l’horizon. On a beau s’en approcher, elle s’éloigne. Je viens, tu me quittes.
Heureusement, personne ne demande d’être objectif à un chroniqueur qui jouit du même type d’immunité que le bouffon à qui on donne le droit d’insulter les puissants pourvu qu’il fasse rire le Prince. D’ailleurs, qui est mon Prince? Ma rédactrice en chef? Mes 40 vues sur le site d’Impact Campus? Toi? Mystère.
N’empêche, lorsque j’apprends que Justin Bieber s’adonne à de l’appropriation culturelle en portant des dreadlocks, dont le terme français est cadenettes (certains auront peut-être moins envie de se les approprier en l’apprenant), j’ai cette impression que même les journalistes devant écrire à ce sujet ne s’y intéressent pas du tout. Pourtant, tous les grands médias ont parlé de ce « scandale » dont on n’est pas trop sûr qu’il ait réellement choqué plus de cinq personnes.
Ce qui me fait dire, un peu rapidement sans doute, que les médias créent bien l’actualité avec du vide, faisant mentir Lavoisier et son célèbre : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». J’ajouterais qu’ils collaborent à l’abrutissement général, et pour ma complicité – bien que modeste – je m’incline ô lecteur, mais sache que «ce n’est pas devant toi que je m’incline» «je me prosterne devant toute la souffrance de l’humanité ».
Bien que je ne connaisse pas encore bien mon destin, j’espère que les futurs créateurs d’actualité que j’ai eu le plaisir de côtoyer dans le « club-école des médias » garderont un bon souvenir de moi et qu’ils me feront une belle place dans l’actualité qu’ils façonneront.