Pays, le deuxième long métrage de Chloé Robichaud, nous amène bien loin des pistes de courses de McGill (Sarah préfère la course) pour s’exiler sur une île où l’on suit trois protagonistes féminins autour d’une table de négociation. Un film sur les femmes dirigé avec une belle sensibilité qui dépeint notre société actuelle.
Les premiers plans du film annoncent la couleur : un fond blanc avec la succession des trois femmes que l’on s’apprête à connaître. Puis viens le cadre, la mer froide et agitée et cette île si retirée… Une équipe de politiciens débarque pour entamer des négociations sur l’exploitation minière de celle-ci. Le peu de protagonistes féminins sera dans chacune des parties des négociations.
Félixe (Nathalie Doummar) est une jeune politicienne de 25 ans se confrontant aux dures réalités du métier. À l’opposé, Danielle (Macha Grenon) essaye de faire au mieux entre les pressions gouvernementales (ou privées) et celles de ses habitants. Enfin, on trouve la médiatrice des négociations, Émilie (Émily VanCamp).
La politique n’est qu’un prétexte pour dépeindre toutes les couleurs de ces trois personnes. Des portraits contemporains de femmes actuelles qui essaient de s’affirmer et de jongler entre carrière, vie de couple et vie de famille. On entrevoit sommairement les réponses à l’équation, comme la volonté d’être mère. Dans le contexte professionnel où elles sont mises en scène, on comprend également les limites de l’humain, les magouilles politiques, etc. Une fresque peinte avec une belle sensibilité.
Le jazz orchestre avec originalité les joutes verbales des négociations. Par contre, ces dernières manquent un peu de vigueur. Des touches d’humours ici et là ponctuent et allègent le drame avec délice. Le film est bien rythmé, contrairement au premier film de la réalisatrice, Sarah préfère la course, présenté à Cannes en 2013, qui incluait certaines longueurs.
On tire le portrait de cette petite île, tel un reportage. Les plans de quelques secondes pourraient se trouver dans un cadre de notre salon. Les couleurs, la symétrie et la lumière d’un endroit avec aussi peu de prétention ont été brillamment mis en valeur. Les prises de vue plus larges ont été judicieuses, notamment pour capturer la beauté de ce paysage lointain. L’intégration de la vie locale a également été une réussite, comme en témoigne le bar du coin ou encore le terrain de sport.