L’éventualité d’un troisième lien entre Québec et Lévis a occupé largement l’espace médiatique durant les derniers mois. Sur le campus, c’est pour en définir les grandes lignes que le Conseil des Jeunes de Démocratie Québec (CJDQ) a organisé un atelier-réflexion sur le projet le 22 février dernier.
Sur place, la doctorante en aménagement et géographe, Marie-Hélène Vandersmissen, le doctorant en développement urbain, François Des Rosiers, et le président et fondateur de l’organisme Vivre en ville, Alexandre Turgeon, alimentaient la discussion à tour de rôle.
Invités par le CJDQ, les trois invités étaient présents pour remettre en question, à travers leur expertise, la valeur réelle d’un troisième lien. L’idée d’une telle soirée était de susciter l’intérêt des jeunes face à un enjeu municipal, un palier politique souvent peu populaire chez la jeune génération, selon le président du CJDQ, Jean-Olivier Boivin-Roy.
Le choix du sujet a été chose facile, selon le jeune étudiant. « C’est l’un des sujets dont nous parlons le plus à Québec et qui risque d’être un sujet important des élections municipales de 2017 », poursuit-il. L’organisation prévoit d’ailleurs continuer d’offrir aux étudiants des événements de ce genre, à l’Université Laval.
Après coup, le comité tire un bilan positif de sa soirée. « Je pense que ça a été un franc succès. De l’avant-scène, on voyait une salle presque remplie », soutient Jean-Olivier. L’organisation désire maintenant impliquer la technologie lors de ses prochaines conférences pour rendre disponible la discussion à tous, grâce à un Facebook Live.
« La congestion, ça ne se règle pas »
Un consensus semblait unir les trois conférenciers. Selon eux, un troisième lien entre Québec et la Rive-Sud n’est pas une option à envisager. « Le troisième lien ne règlera pas le problème. En fait, on ajouterait une infrastructure qui augmenterait l’offre de transport. La première chose qu’on va savoir, c’est que la demande va rapidement combler cette offre-là », explique Mme. Vandersmissen, qui est également professeure titulaire et directrice du département de géographie à l’Université Laval.
Ce phénomène est visible dans toutes les grandes villes du monde qui ont tenté de rajouter des infrastructures à un milieu urbain, soutient-elle. Elle poursuit en affirmant que la construction d’une telle infrastructure ne créerait qu’une pression supplémentaire sur les réseaux locaux. Des boulevards Laurier ou René-Lévesque ne sont pas construits pour supporter un tel nombre de déplacements, avance-t-elle.
Selon François Des Rosiers, professeur titulaire en économie urbaine, la plus grande problématique, c’est un potentiel changement d’attitude chez les citoyens, qui se penchent majoritairement en faveur de l’automobile.
« Ça ne se règlera pas en cinq ans, c’est un horizon de 30-40 ans pour changer les mentalités et changer les habitudes », croit-il. Il rajoute qu’un troisième lien est « une solution sous-optimale pour un problème inexistant ».
Une collectivité viable
Les municipalités devraient se pencher sur des nouvelles méthodes d’urbanisation plutôt que d’aggraver celle qui est déjà en place, selon Alexandre Turgeon, de chez Vivre en ville. L’idée d’une collectivité viable est au cœur de son organisation.
« Une collectivité viable, c’est de bâtir des milieux de vie qui sont agréables. Il faut se dire que c’est normal que des enfants jouent au hockey ou au basketball dans la rue, car c’est un espace résidentiel », soutient le fondateur de Vivre en ville.
« Quand on réduit les infrastructures favorisant les automobiles, les gens sont obligés de penser leurs déplacements autrement », de renchérir M. Turgeon.
Ensemble, les deux professeurs soutiennent l’idée du président-fondateur de Vivre en ville. Ils affirment que les municipalités et le gouvernement du Québec se doivent de favoriser et d’investir davantage dans les transports collectifs.