Photo : Frédérick Durand

Première table ronde des élections municipales en questions

La première des trois tables rondes portant sur les enjeux de la campagne municipale se tenait le mardi 3 octobre dernier. Ces rencontres non partisanes mettent en perspective différents enjeux liés à l’élection pour les jeunes tels que le droit, le transport, les débats, la participation électorale et l’économie.

Les élections municipales en questions sont des soirées organisées par le Centre de recherche en aménagement et développement (CRAD), la Chaire La philosophie dans le monde actuel et l’Institut d’éthique appliquée. L’objectif des trois tables rondes est de réfléchir et de discuter des enjeux municipaux de la ville de Québec en profitant de l’expertise des invités.

Près d’une centaine de citoyens se sont réunis lors de la première édition pour entendre et discuter avec les cinq invités. Parmi les panelistes, on comptait deux journalistes, François Bourque et Isabelle Porter. Luc Bégin, professeur titulaire à la Faculté de philosophie, Andrée Fortin, sociologue et professeur à l’Université Laval ainsi que François Gélineau, Doyen de la Faculté des sciences sociales et professeur en science politique, complétaient le panel d’invités.

Durant la première heure de la soirée, les cinq invités ont chacun soulevé un enjeu majeur de l’actuelle campagne. Les radios de Québec qui ont maintenant un parti en Québec 21, la faible participation des jeunes à l’exercice politique, le transport en commun et l’éthique municipale font partie des défis et des enjeux discutés entre les experts et les participants.

Un nouveau joueur

 Selon Isabelle Porter, journaliste pour Le Devoir à Québec, on assiste à une campagne différente de celle de 2013. « À l’époque, M.Labeaume faisait en quelque sorte campagne seul, c’est-à-dire qu’il avait son programme et son agenda. », explique-t-elle. Il ne prenait même pas la peine de répondre aux propositions des autres partis politiques ou aux interventions des animateurs de radio, rappelle-t-elle.

Toutefois, un nouveau joueur politique fait en sorte que le maire sortant de la ville n’est plus le seul à gérer l’agenda politique. Jean-François Gosselin et son parti Québec 21 représentent en grande partie les idéaux exprimés par les radios de Québec et l’on assiste plus régulièrement à des débats sur ces idées et celles de M.Labeaume.

Pour sa part, François Bourque ne partage pas l’opinion de sa collègue journaliste. « J’ai l’impression d’assister à peu près à la même campagne que la dernière fois. », affirme le chroniqueur au journal Le Soleil. Il explique sa position par un début de campagne quasi identique avec un taux de satisfaction d’environ 80% face à l’administration en place. Les enjeux sont aussi les mêmes, constate-t-il. La circulation, le transport et le contrepoids élu à l’hôtel de ville sont encore une fois au cœur des débats. « Il ne faut pas s’attendre à un grand raz de marée lors de cette élection-là. », estime M.Bourque. Toutefois, il soutient que l’arrivée d’un nouveau parti apporte son lot d’idées nouvelles et « qu’il est intéressant au plan démocratique d’apporter le débat un peu plus loin ».

Les enjeux oubliés

Andrée Fortin et Luc Bégin ont respectivement exploré les enjeux oubliés de la campagne municipale. Ils partagent que ces enjeux ne sont pas populaires, car d’un côté, aucun politicien ne voit l’intérêt d’en discuter, et de l’autre, les citoyens ont de la difficulté à concevoir des enjeux qui ne les frappent pas encore.

La sociologue estime que les politiciens municipaux n’ont pas de pensée à long terme. Le vieillissement de la population et les changements climatiques sont les grands oubliés dans les débats, estime Andrée Fortin. Pour M. Bégin, l’éthique municipale et l’intégrité des élus ne seront pas des thèmes abordés au cours du prochain mois. « Les politiciens sortants ont autant besoin de parler de ça que d’avoir un mal de dents.», affirme le philosophe invité.

 La participation électorale

 Lors de son intervention, le doyen de la Faculté des sciences sociales, M. Gélineau, a soulevé deux phénomènes liés à la participation électorale dans la ville de Québec. D’abord, le taux de participation à l’exercice politique est de plus en plus faible. Ensuite, il explique que le pourcentage de participation lors du vote est inférieur chez les jeunes, un phénomène plus important à Québec comparativement à la moyenne des autres municipalités de la province.

Le professeur de science politique estime que l’intérêt et l’âge des élus sont en grande partie responsables du faible taux de participation chez les jeunes et dans la population en général. L’intérêt des jeunes est de plus en plus faible pour la politique municipale, « Est-ce qu’on a en 2017 des enjeux qui pourraient mobiliser les jeunes ?», questionne l’enseignant. Il met de l’avant la problématique de la surreprésentation des personnes plus âgées chez les élus municipaux. « Seulement 25% des candidats à l’élection ont entre 18 et 45 ans. », observe l’expert.

Les élections municipales en questions tiendront deux autres tables rondes le 18 et 25 octobre prochain, de 17h à 19h, à l’Espace Jardin du Pavillon Alphonse-Desjardins. Les participants seront invités à discuter avec des experts différents lors de chaque soirée.

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