D’ici un an, Donald Trump sera confronté à son premier vrai test électoral : celui des élections de mi-mandat. Bien que le résultat de cette élection ne puisse évincer le président Trump, elles peuvent lui faire perdre des appuis bien concrets au Congrès. Le compte à rebours est lancé pour le président, qui devra obtenir des gains politiques à tous les niveaux. Analyse.
Depuis tout près d’un an (janvier 2017), Donald Trump est le président des États-Unis. Un fait qui, au départ, pouvait ressembler à une mauvaise blague pour plusieurs politologues, mais qui est rapidement devenu concret.
À peine arrivée en poste que le magnat de l’immobilier a établi une fracture avec son prédécesseur Barack Obama. Terminé l’époque de la politique de politiciens, du politically correct et de l’establishment. C’était le début de l’ère Trump, et du fameux true-talk.
Le millionnaire a certes marqué les États-Unis en un an, mais pas forcément pour les bonnes raisons : déclarations controversées, dissension au sein de son parti, malaise avec les dirigeants internationaux, scandales possibles à propos de l’ingérence russe, rupture d’ententes internationales, et encore.
Sur papier, quand on parle des réalisations politiques, les résultats sont faibles, voire inexistants. Le président des États-Unis a peut-être signé un grand nombre de décrets, mais la plupart d’entre eux ont été rejeté soit par les juges, soit par le Congrès.
Pratiquement aucun des grands projets de Donald Trump n’a été concrètement mis en place aux États-Unis depuis son arrivée au pouvoir, et pourtant les promesses étaient nombreuses.
Cela envoie comme signal que même si le président se targue d’être le meilleur à avoir siégé au bureau ovale, sa liste de réalisations est très mince et il se doit de faire des gains pour prouver au peuple américain qu’il peut lui faire confiance.
Moment de vérité
« Les républicains ont essuyé plusieurs défaites dans leurs multiples tentatives de renverser l’Obamacare, et aucun projet majeur n’a été adopté par le Congrès cette année. Outre la santé, on relève notamment l’inaction des républicains en matière d’immigration, pourtant sujet phare de la campagne Trump », explique la coordonnatrice de l’Observatoire sur les États-Unis à l’UQAM, Julie-Pier Nadeau, en entretien avec Impact Campus.
Pour obtenir des gains au congrès, Trump doit changer sa stratégie avec les membres de son parti, selon elle. Habitué à en critiquer certains, le président doit dorénavant démontrer de la confiance envers ses troupes. Certes, les républicains peuvent se targuer d’avoir la majorité dans les deux chambres du Congrès, mais pour combien de temps?
Historiquement aux États-Unis, les élections de mi-mandat demeurent défavorables pour le président en poste. Actuellement, comme les démocrates ne sont pas très loin de la majorité, l’hypothèse qu’ils obtiennent les deux majorités à la fin du scrutin de novembre prochain parait bel et bien plausible, indique Mme Nadeau.
Par ailleurs, rappelons que Donald Trump n’aura pas seulement à prouver son leadership aux Américains dans la prochaine année ; il devra également le faire à l’international. Pour l’instant, il est effectivement difficile de nommer un grand nombre de dirigeants avec qui le président a noué de solides liens diplomatiques.
Mme Nadeau rappelle qu’un phénomène très intéressant sera à surveiller : est-ce que Donald Trump tombera soudainement dans une logique de collaboration internationale, ou bien se bornera-t-il encore à faire cavalier seul ? Les sommets de l’OTAN et du G8 devraient nous donner une partie de la réponse très bientôt.
Des impacts jusqu’ici
Plus près de chez nous, c’est le dénouement des négociations de l’ALENA qui préoccupe le plus les experts. La question est de savoir et de déterminer si Donald Trump pourra se permettre de jeter un froid dans ses relations commerciales avec le Canada, qui, à la différence des États-Unis actuellement, fait davantage de gains avec l’étranger?
Concernant la Corée du Nord, certains craignent une éventuelle guerre ouverte entre les deux pays. Un dénouement plus ou moins probable, selon Julie-Pier Nadeau, qui estime que les deux puissances donnent davantage dans la « politique du spectacle ». Il suffit d’analyser la guerre verbale qui se joue en ce moment entre Trump et Kim Jong-Un pour le comprendre.
Il ne faut pas oublier non plus que les nombreuses missions diplomatiques organisées par le Secrétaire d’État, Rex Tillerson, en Chine, tentent actuellement de calmer le jeu avec la Corée du Nord.
Une enquête fondamentale
Au bout du compte, ce seront les conclusions de la Commission sur l’ingérence russe qui feront pencher la balance de l’opinion publique envers Trump (de manière positive ou négative), d’ici quelques mois.
S’il arrivait que la Commission obtienne des preuves formelles que plusieurs membres de l’entourage de Trump ont communiqué avec les Russes dans le bus de torpiller la campagne de Mme Clinton, les conséquences seraient sans précédent pour le 45e président.
S’il n’a toujours pas commis d’actes suffisamment graves pour entrainer une procédure de destitution, les choses pourraient changer rapidement à la suite des résultats de cette commission.