D’ici l’été prochain, une plateforme en ligne offrant des cours virtuels pourrait voir le jour dans les cégeps et les universités de Québec. Nommé eCampus, ce projet pourrait devenir un campus collaboratif partout dans la province. Par contre, la mise sur pied de la plateforme semble encore bien loin.
Ce projet est une initiative du Ministère de l’Enseignement supérieur, qui travaille en étroite collaboration avec le Bureau de coopération interuniversitaire (BCI). Afin de mettre en place la plateforme eCampus, le bureau « travaille en ce moment à former [des] comités à partir des membres de nos réseaux ». Ce même travail se fera au niveau collégial au cours des prochaines semaines, lorsque les comités auront été formés, explique Chantal Payette, adjointe à la direction générale au BCI.
Malheureusement, le Bureau de coopération interuniversitaire n’a pas voulu accorder d’entrevue sur le sujet, se contentant d’expliquer les grandes lignes de la plateforme par courriel. Le projet eCampus pourrait possiblement voir le jour pour la session d’été, mais Impact Campus a appris que « les travaux des différents comités n’ont pas encore débuté ». Mme Payette a ajouté que le directeur général du BCI, Claude Bédard, n’aurait pas plus d’information à communiquer et que le Ministère serait mieux outillé pour répondre aux questions. Avec le dépôt du budget en mars et les élections provinciales en novembre, le jour où la plateforme de cours virtuels eCampus verra le jour pourrait être repoussée, à la lumière des réponses offertes par le BCI.
De son côté, l’Université Laval, établissement qui pourrait grandement bénéficier du projet, « participera, par sa présence, à certains comités de travail à la demande du Ministère en plus de collaborer aux différents chantiers ».
Andrée-Anne Stewart, porte-parole de l’Université Laval, a cependant ajouté que les réflexions et les discussions étaient débutées, mais que l’UL ne détient pas une quantité d’information suffisante pour en discuter. Une autre réponse qui amène plusieurs questions quant à la mise sur pied prochaine du eCampus.
L’offre et la demande pour les cours à distance
Si ce projet de plateforme virtuelle est dans les plans du gouvernement du Québec et des établissements d’enseignement supérieur, c’est qu’il y a une demande chez les étudiants. Pour diverses raisons, la popularité des cours à distance augmente constamment depuis quelques années. À titre indicatif, il y a eu 74 337 inscriptions en formation à distance (FAD) en 2016-2017 à l’Université Laval seulement, comparativement à 66 505 un an plus tôt. Toujours au niveau statistique, il y a 940 cours à distance de même que 101 programmes pouvant être réalisés à distance à Laval.
Au Québec, il y a même l’Université TÉLUQ qui offre seulement des cours à distance. Affilié au réseau de l’Université du Québec, cet établissement universitaire compte 20 000 étudiants qui peuvent choisir parmi 80 programmes et plus de 400 cours à distance.
Inquiétudes chez les étudiants
Jason St-Amour, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), et Simon Telles, président de l’Union étudiante du Québec (UEQ), partagent les mêmes craintes : « On a beaucoup de retard, c’est vrai. Mais là, s’entendre vite sur un modèle, à quelques mois des élections, ça peut être difficile. Quand on vient révolutionner le réseau comme ça, c’est des travaux de longue haleine », a indiqué M. St-Amour dans une entrevue au journal Le Soleil. Les deux associations étudiantes sont très emballées par le projet, mais ils s’expliquent mal leur exclusion des différents comités de travail.
Les représentants de la FECQ et de l’UEQ veulent travailler avec le gouvernement pour que le eCampus Québec « ne devienne pas une façon de diminuer les coûts du système universitaire ». Ils affirment être très ouverts aux cours en ligne, mais pas au détriment de la qualité des cours et du contact humain.
La ministre Hélène David a réagi, disant vouloir recueillir l’avis des étudiants. Elle a également assuré « qu’il n’y aura aucun compromis sur la qualité des cours ».
Pour le moment, les côtés positifs à la mise en place de la plateforme québécoise eCampus semblent nombreux. Malheureusement, à la lumière des réponses des différents acteurs liés aux établissements d’enseignement supérieur, ne soyez pas surpris si l’échéance est repoussée de quelques semaines ou encore de quelques mois, voire de quelques années.