Moindre Lynx Deluxe

Avec Super Lynx Deluxe, le groupe Galaxie a échangé le fuzz de Tigre et diesel et la réinvention psych de Zulu pour une surcharge de textures synthétisées s’approchant de l’EDM, voire du dubstep, par moments. On est encore plus loin du rock garage des deux premiers albums parus sous le pseudonyme de Galaxie 500.

Les synthétiseurs s’accrochent à toutes les mélodies, viennent s’ajouter aux refrains pour leur donner plus de puissance, se combinent aux effets de production de François Lafontaine, qui s’amuse avec des glitchs, des scratchs de vinyle, des échantillonnages, des enregistrements joués à l’envers, des filtres et des sonorités ralenties. Les guitares, quant à elles sont souvent recouvertes d’effets, doublées et triplées. Le tout donne à l’album une omniprésence maximaliste. L’auditeur reçoit constamment toute la gomme d’un album qui n’arrête ou ne ralentit presque jamais. Ça peut sembler agréable pour certains, et il est clair que plusieurs en tireront leur compte, mais même pour une courte galette de 30 minutes, ça devient rapidement fatigant.  

Le virage électronique semble fait souvent sans considération pour la composition sous-jacente. Les chansons restent résolument rock et ne font aucune concession pour laisser une place aux synthétiseurs. Ainsi, les effets et les synthétiseurs semblent simplement ajoutés en post-production, recouvrent chaque riff, chaque temps mort et s’imposent sur chaque silence. La formule Galaxie est inchangée et semble définitivement fatiguée après trois albums.

Trop, constamment trop

La pièce titre, Super Lynx Deluxe, donne une amorce intéressante à la galette avec ses punchs d’orchestres synthétisés, ses passages vaporeux et sans doute déjà la guitare la plus recherchée de la part d’Olivier Langevin. La suite, Phénoménal, avec ses sons stéréos incessants,  sa groove presque hip hop déjanté et son solo à la Tom Morello vient ambitionner un peu sur le concept de départ. On dirait que le groupe a en effet pris une dose de trop. Il est difficile de distinguer l’humour habituel de Langevin et le potentiel comique de la composition. Définitivement une pièce à oublier, qui ne porte pas particulièrement bien son nom d’ailleurs. 

Magie magie donne espoir en laissant en début de pièce une place de choix à une basse accrocheuse et entrainante mais tombe assez vite dans un refrain recouvert de flanger qui imitent des moteurs d’avions. Si le truc des bruits d’avions marchait pour Van Halen, on se permet ici de remettre en doute la justesse de la production de Lafontaine. S’en suit un bridge saccadé presque euro-transe digne d’une version un peu plus rock d’un concours Eurovision qui vient confirmer nos doutes. C’est toujours trop, constamment trop. Comme quoi on aurait voulu camoufler un manque d’idées par un surplus de sonorités. 

Un court espoir

On commence à comprendre, malheureusement, que l’album restera dans ces sonorités. La finale faussement raga de Lalala fait grincer des dents et s’impose davantage comme une improvisation sans direction que comme une transe méditative. Dommage pour conclure une pièce qui commençait avec des passages de guitare à reculons à la Steve Reich ou encore Terry Riley. Big Ass Bloody Caesar est un calque presque exact de la pièce titre et est oubliée dès la fin des rires réverbérées qui clôturent la pièce. Comme si les musiciens étaient eux-aussi au courant du ridicule du projet, et ce, déjà en studio. La balade MDMA est de loin le moment le plus fort de l’album, avec des paroles touchantes, un solo inventif et une série d’accords créative. N’ayez pas trop espoir, ça se gâte par la suite : Jujube est un rock des plus entendus, O XO OOXO est un rock quasi-dubstep qui répète des cœurs qu’on est certain d’avoir déjà entendu plus tôt dans l’album. Manitou a une bonne groove pleine d’impact qui vient donner un souffle à l’album mais beaucoup trop tard et Barrabas est une non chanson relativement inintéressante.  

Au final, on se fait offrir un album compromis entre l’électro et le rock torcheux de Galaxie, mais qui ne parvient à s’installer d’une manière satisfaisante dans aucun des deux univers. Comme quoi un mix fucked up entre du James Brown et La danse à Saint-Dilon, ça ne fonctionne pas trop.

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