Le premier octobre a été tout un changement pour tous, parce que personne ne s’attendait à un gouvernement majoritaire. Disons que nous avons eu de grandes surprises, mais qui ne venaient pas seulement de la CAQ.
Polarisation et gouvernement de centre-droite
Je n’étais pas surprise que cela soit un gouvernement plus centré vers la droite. En effet, un peu partout sur la planète depuis quelques années, les régions et les pays vivent cette même situation. Cependant, au Québec, on sent une percée de la gauche avec Québec solidaire. Les élections québécoises ont fait confiance à deux nouveaux partis et manifesté leur besoin de changement face aux deux plus anciens. Bien sûr, le Parti Libéral demeure l’opposition officielle, mais les citoyens ont été attirés par la montée de Québec solidaire avec l’élection de 10 députés, cinq hommes et cinq femmes. Les électeurs souhaitaient un changement de gouvernement, oui, mais souhaitent aussi toucher des questions sociales autant de droite que de gauche. La percée de Catherine Dorion dans Taschereau et de Sol Zanetti dans Jean-Lesage montre un signe de l’engouement des militants pour la gauche. J’espère que Mme Dorion aura autant d’attention pour son talent que pour sa tuque !
Quel réel changement?
La CAQ est maintenant au pouvoir pour 4 ans, certains n’ont jamais été aussi heureux , d’autres sont inquiets avec de bonnes raisons. Le changement est là en tant que gouvernement, maintenant on s’attend à des actions concrètes et réalistes. Ces derniers mois, des nouvelles alarmantes sont sorties sur l’état de la planète et les situations critiques de l’environnement. Pourtant, nous avons le sentiment que ce n’était pas une priorité pour M.Legault. Il est bien cependant de regarder plus loin dans sa plateforme pour y voir des sujets tels que l’économie verte, l’eau propre, les gaz à effet de serre, l’objectif à zéro déchet et j’en passe. Espérons qu’on puisse voir une suite par des gestes. À peine 36 heures après le début de son mandat, on a remis sur la table le débat de la laïcité. À mes yeux, cette mesure électoraliste va encore plus loin; cette fois-ci, les récalcitrants seront congédiés, on touche alors les enjeux de vie professionnelle, personnelle et familiale. Les femmes voilées et de confession musulmane sont encore instrumentalisées. Pendant que la CAQ pense faire le meilleur pour sa population, les organisations commencent à se réunir pour résister. Nous venons d’avoir une manifestation contre le racisme dimanche dernier à Montréal. On attend les grands changements, mais ces changements sont pour qui? Et vont profiter à qui?
Encore sur le dos de l’immigration
Je ne peux passer sous silence la question de l’immigration et je ne peux mieux dire que la chroniqueuse Rima Elkouri dans la Presse, ‘’J’aurais espéré que ces élections soient celles qui prouvent qu’au Québec, on ne peut pas gagner ses élections sur le dos des minorités’’. Ces dernières années, l’immigration dans plusieurs régions du monde est un élément clé pour gagner ou perdre des élections. Le chef de la CAQ a reconnu ses erreurs, je lui lève mon chapeau pour cela; cependant les dommages et les dégâts sont déjà faits. Il est difficile pour plusieurs immigrants de croire que la Coalition Avenir Québec est accueillante lorsque cette dernière souhaite diminuer l’immigration et utilise un discours de peur en voyant les citoyens internationaux comme une menace. Je vais toujours me souvenir des propos de son chef lors du premier débat «On ne parle pas d’expulser des citoyens on parle d’expulser des gens qui ne sont pas encore citoyens.» De plus, lors du débat en anglais trois partis sur quatre, dont le parti au pouvoir, ont refusé une consultation sur le racisme systémique dont M. Legault dit clairement: «There is racism in Quebec, but no systematic racism.» Il est important de mentionner que le parti élu n’est pas à la Doug Ford ou à la Trump comme certains pourraient le penser, mais il suscite plusieurs réflexions lorsqu’il évoque ‘’l’esprit de rassemblement’’, ‘’le changement positif’’ pour tous les Québécois.e.s. J’espère qu’un jour, l’immigration ne sera plus réduite à un chiffre ou une main-d’oeuvre ni à un envahissement ou une menace à l’identité québécoise. J’espère qu’on va reconnaître que les immigrants sont des humains autant que nous et qu’ils ont sacrifié beaucoup pour venir s’installer dans notre province en souhaitant une vie digne de ce nom. Leurs talents sont à découvrir et vont enrichir la société québécoise, leur présence compte, leur voix compte. Comme on le dit si bien en anglais They matter.