Mi-session. Travaux, examens, oraux, rapports de lab… tout s’enchaîne dans une tornade de responsabilités et d’échéances et tu n’en peux plus : toi aussi, tu es de mauvaise humeur, triste, anxieux.se, ou un peu de tout ça à la fois. Tu travailles fort : en parallèle de tes études, tu as une job pour payer ton loyer, voire deux jobs, peut-être même trois. Tu étudies, tu planifies, tu écris, tu analyses, tu spécules, et puis tu penses, tu penses et tu penses. Tous ces efforts finiront par payer, right ?
Mardi matin. Tu te lèves tôt, tu sais que la journée va être longue, mais tu es prêt.e. En attendant ton cours de midi trente, tu travailles sur ta disserte que tu dois remettre après la semaine de lecture. Entre deux bonnes idées et deux recherches de synonyme sur Antidote, tu reçois une notification MonPortail. Ça y’est, la note de l’examen 1 est là. Fébrile, tu entres ton code à six chiffres pour déverrouiller ton cell : tu te trompes deux fois, puis une troisième. Enfin, tu te rends sur le portail pour voir ta note. Tu as hâte. Sachant que le prof est exigeant, tu as mis les bouchées doubles dans ton étude. C’est certain, tu sais que ta note va être haute. En plus, pendant l’exam, y’avait aucune surprise : t’étais prêt.e et t’es sorti.e de la classe avec l’impression victorieuse d’avoir cassé la baraque.
Ça l’air que non. Ta pire note de tout ton bac. Tes pensées se brouillent, tu calcules ton résultat toi-même. La note du prof concorde : une erreur d’analyse par-ci, une faute de français niaiseuse par-là, un oubli ou deux ici et là. Les mécanismes de ton cerveau s’enclenchent, ton cœur palpite, tu ne comprends pas ta note. Tu as pourtant tellement travaillé ! Les deux mains sur le clavier, t’es déjà en train d’écrire au prof pour lui demander des explications, voire une révision de note. Tu paniques, tu penses à ta moyenne, à ta cote Z. Tu penses à tes choix, tu regrettes de t’être inscrit.e dans ton bac, tu penses à l’avenir, tu penses à demain, tu penses à l’année prochaine, aux deux prochaines années, à ta maîtrise, à ton doc. Tu penses trop, tu penses flou.
Si j’écris ce billet, ce n’est pas pour te prodiguer des conseils sur ta manière d’étudier ou encore te partager maintes astuces pour travailler plus efficacement : tu sais déjà tout ça. J’écris ce billet dans l’unique espoir de te faire réaliser, en cette mi-session mouvementée, que tu n’es pas seul.es à vivre ce genre de déception, de débalancement. Vous n’êtes pas seul. Est-ce qu’il existe quelque chose de plus déprimant que d’obtenir un résultat décevant à un travail sur lequel on a tant mis d’effort ? Certainement, mais l’écart déceptif entre la quantité de travail que l’on peut mettre sur un projet et ses résultats peut parfois nous décevoir, nous déstabiliser, nous faire douter. Oui, notre travail n’apporte pas toujours les résultats escomptés. Mais tu sais quoi ? Ça arrive. Ça ne veut pas dire pour autant que t’as mal travaillé, que t’as fait les mauvais choix de vie, ou que tu n’es à pas la hauteur. Surtout pas.
Entre les dettes d’études, les bourses que l’on veut obtenir, le souci de performance, la nécessité de se sentir à la hauteur, à notre place, il ne faut pas oublier que cette violence que l’on s’inflige au quotidien, en sourdine, fait mal. Cette violence de la réussite, on peut certainement l’expliquer, la justifier, mais elle doit être surveillée : c’est normal d’avoir des standards, de l’ambition, des objectifs : c’est même souhaitable. Ce qui l’est moins, en revanche, ce sont les conséquences de cette pression lancinante qui nous guette tous et toutes au quotidien. Peu importe les enjeux qui s’y rattachent.
J’espère ne pas donner l’impression d’être au-dessus de ce genre de problème, dans ma tour d’ivoire de la sérénité, à l’abri de l’anxiété, prompt à conseiller tout le monde sur tout est n’importe quoi. Pour tout te dire, si j’écris ce billet, c’est d’abord pour moi-même. Ces temps-ci, malgré les efforts, les résultats scolaires ne sont pas fameux. Du moins, ils ne sont pas à la hauteur de mes attentes et de mon implication. Malgré tout, j’ai décidé, pour une fois, de me choisir, et ce, malgré l’anxiété, la peur et l’angoisse de ne pas être à ma place. En écrivant ces lignes, j’ai une pensée pour toi, qui peut-être vit aussi de l’anxiété ou une phase de doutes. Je nous invite à cesser de s’infliger une telle violence. Essayons d’apprendre à nous aimer, à nous respecter, à se choisir.
Je me permets de vous partager diverses ressources d’aide. N’hésitez pas à demander de l’aide en cas de besoin.
Le Centre d’aide aux étudiants
Le Centre de prévention du suicide de Québec
1 866-277-3553
418 683-4588
Tel-Aide Québec
418 686-2433
1 877 700-2433
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