Par Andréi Audet, chef de pupitre société
Janvier dernier, là où mon état mental a commencé à faire des tonneaux qui me semblaient sans fin. L’anxiété venait de prendre le dessus. Voilà que j’étais moi aussi l’une de ses nouvelles victimes. Elle allait prendre une place trop importante dans ma vie au point de ne plus être en état d’aimer ce à quoi je carbure à ma vie. J’enrageais, j’en pleurais tellement j’avais peur de ne plus retrouver à tout le moins un semblant de bonheur. Le chemin vers celui-ci allait être long et laborieux. Il n’est pas encore complètement traversé, mais un peu plus chaque jour, notamment grâce à ma psychologue.
Je n’entrerai pas dans la nature même de mon anxiété, puisque ce n’est pas le but de ce texte, mais j’aimerais vous partager mon cheminement à travers ma volonté de trouver des explications à l’état de ma santé mentale qui en a arraché au cours des derniers mois. Et c’est exactement ici que ma thérapie en psychologie entre en jeu.
Merci beaucoup, mais ça ne marchera pas
En février, je me suis ramassé sur une civière au CHU de Québec, car j’avais atteint un niveau impressionnant d’angoisse, mon rythme cardiaque à mon arrivée dans le cabinet de l’infirmière était d’environ 160 sans aucun effort physique. Après avoir passé une batterie de tests, la médecin m’a fortement conseillé d’entreprendre une psychothérapie avec un professionnel de la santé mentale, bien avant d’envisager des antidépresseurs pour contrôler le feu dans ma tête.
Je dois vous avouer que je n’avais pas beaucoup d’espoir qu’une telle démarche puisse m’aider à diminuer les nombreuses crises de panique qui me faisaient agoniser. Mais bon, j’ai appelé en vitesse plusieurs cliniques de psychologie, qui le plus souvent avaient des listes d’attente interminables – je n’ose pas imaginer dans le réseau public de la santé – et j’ai trouvé une psychologue prête à me recevoir deux semaines après ma visite d’urgence à l’hôpital.
Nous nous sommes rencontrés, nous avons discutés de mes bobos… tout ce qu’il y a de plus ordinaire lorsque nous rencontrons une psychologue pour la première fois. Elle doit avoir du jus pour bien évaluer mon état, et m’aider dans le meilleur de ses connaissances. Mais j’en étais incapable. Je ne m’ouvrais pas complètement, je me refermais lorsque venait le temps de lui dire ce qui n’allait réellement pas. Bref, je sentais que ça n’irait pas très loin tout ça, mais je me suis laissé la chance de voir où ça pourrait mener. Après quatre séances, force est d’admettre que ça ne cliquait pas, ça ne marchait pas. J’ai mis fin à nos consultations… je voulais prendre du temps de mon côté pour voir ailleurs.
Au-delà de ma médication
Mars. Je croyais que mon état s’était amélioré, mais selon mon entourage, non. Ma mère, qui a été témoin de mes journées en petite boule à broyer du noir dans mon lit, est venue me voir dans ma chambre, alors que j’essayais tant bien que mal d’avancer mes cours universitaires. Elle m’a demandé si j’avais encore ces peurs, ces craintes qui envahissaient mon âme. Mauvais menteur, je suis. J’ai tout de même tenté d’omettre que je n’allais pas mieux, que j’étais au plus bas. Elle m’a reposé la question, et j’ai éclaté en sanglots. Elle m’a pris dans ses bras comme seule une mère sait le faire pour réconforter son enfant en détresse.
Une autre consultation d’urgence devenait alors évidente pour ma mère. Alors, je me suis retrouvé de nouveau assis à l’hôpital à attendre qu’un médecin évalue mon état. La
détresse psychologique était loin de s’être dissipée. Elle était plus que présente. Elle était visible, trop évidente. J’ai alors rencontré la psychiatre de garde qui a pris le temps pendant
un bon 45 minutes de m’écouter, et de me conseiller. Je suis sorti de son bureau avec une prescription d’antidépresseurs, et surtout une volonté de retrouver un mieux-être. Parce que
je savais trop bien à ce moment-là que ma future médication n’allait pas me faire crier victoire si facilement.
Un été pour la trouver
Honnêtement, je ne regrette en rien d’avoir accepté de prendre des médicaments pour éteindre le brasier à l’intérieur de moi. Ils m’ont permis cet été de prendre du temps pour souffler, réfléchir à quel genre de démarche je voulais entreprendre pour trouver les vraies réponses à ce carnaval d’émotions qui m’a plongé dans ce qui me semblait une dure impasse impossible à traverser cet hiver.
Je me suis dit qu’on ne trouvait pas du premier coup son âme sœur, alors ça devait être la même chose pour son thérapeute. Encore un tour du web, et je suis tombé sur le nom d’une psychologue qui a charmé ma petite voix intérieure. Je devais l’appeler, voir si elle pouvait me prendre sous son aile à mon retour à Québec en septembre (j’ai vécu chez mes parents à Rouyn-Noranda, en Abitibi, du début du confinement lié à la pandémie de COVID-19 jusqu’à la fin du mois d’août).
Mi-août, elle me rappelle pour me dire qu’elle peut m’ajouter à sa liste de patients. Je voyais le début d’un temps nouveau dans ma vie après un début d’année 2020 très difficile. Je sentais que j’allais pouvoir m’ouvrir à elle, sans tabous ni secrets. Je devais aller au plus profond de mon mal-être pour retrouver mon bien-être.
J’ai d’ailleurs eu mes deux premières rencontres avec elle, début septembre. Une perle, je vous dis. Sa chaleur humaine enveloppante, sa sincérité d’écoute, son désir profond d’aider… impossible de ne pas me laisser complètement aller dans ma démarche de guérison. En somme, il n’y a aucun mal à s’écouter et vouloir voir un.e psy, il n’y a aucun mal. Il faut continuer à valoriser cette approche lorsque la santé mentale ne va plus. J’en suis la preuve. Bien hâte de continuer d’avancer avec elle à mes côtés!