Bartleby mon frère de Daniel Pennac est une adaptation théâtrale de l’essai Mon frère du même auteur. Aidé pour cette adaptation par Clara Bauer et Margot Simonney, Pennac nous présente une œuvre qui se savoure difficilement les mains vides : il est préférable d’avoir d’abord lu au préalable Mon frère et le Bartleby de Melville pour en apprécier toute sa richesse. Un hommage fraternel touchant, même si condensé.
Par William Pépin, journaliste web
Le texte dramatique est divisé en trois types de scène : le tournage de l’adaptation cinématographique de Bartleby, le plateau où les comédiens discutent entre eux et les scènes hors temps où Daniel Pennac dialogue avec son défunt frère Bernard, décédé d’une erreur médicale. C’est la force principale de la pièce : les personnages existent, ce qui favorise l’authenticité du texte, mais également son propos puisque les comédien.nes raconteront tour à tour leur rapport personnel au Bartleby de Melville. Ici, ce n’est pas la fiction qui prime, mais plutôt les coulisses de la vérité.
Hommages en coulisses
Vous l’aurez compris, Bartleby mon frère est dense. Cette densité n’est pas forcément nuisible, cependant, puisqu’elle permet à Pennac de mettre en abyme les lettres, le cinéma et le théâtre pour constituer un vibrant hommage à son frère disparu, à Melville, et ultimement à la littérature. L’histoire de la bibliothèque de Tombouctou y est racontée, notamment l’opération de sauvetage qui consistait à enterrer les livres dans le désert afin de les préserver d’une attaque terroriste. Lorsque viendra le temps de les déterrer, l’un des personnages de la pièce présents sur les lieux trouvera la nouvelle de Melville et en fera la lecture à voix haute, pendant une nuit entière.
Daniel Pennac signe ici une œuvre pleine d’amour : pour son défunt frère, pour Melville, mais aussi pour les différentes formes d’art qui se partagent la scène. Si Bartleby mon frère peut se lire indépendamment des œuvres auxquelles il fait référence, non sans qu’une part de sa saveur soit susceptible de nous glisser entre les doigts, la pièce de Pennac permettra au lecteur néophyte de découvrir Bartleby, personnage célèbre de Melville, connu pour sa célèbre formule « I would prefer not to » ou en tant que symbole de la résistance passive.