Actuellement au théâtre du Premier Acte — et jusqu’au 3 février — Pamplemousse est une pièce du collectif Les Moires, écrite par Elisabeth Lavoie. Si le lien avec le titre n’est pas évident, ça ne nous empêche pas de plonger dans l’histoire d’un couple lesbien qui s’inscrit avant tout dans le thème universel des relations amoureuses.
Par Camille Sainson, journaliste multiplateforme
Le décor est kitsch, la soie s’accumule sur le sol, dégorge sur les murs, il y en a partout et on se demande bien comment respirer au milieu de tout ça. Environnement loin d’être feng shui, on comprend qu’il s’agit d’un moyen d’étouffer les personnages à coup de drapés et d’oreillers.
Librement inspirée du mythe d’Orphée — quoi qu’on y voit plus un lien avec le film Portrait de la jeune fille en feu — la pièce nous parle d’une rencontre, d’une relation, de son délitement et d’une rupture. Nos deux personnages sont anonymes, pas d’Orphée, pas d’Eurydice, il faudra surtout apprendre à faire le deuil de la relation. Elles s’interrogent alors sur ce qui les a menées à se détester, elles font le parcours inverse, prennent des détours, brouillent toute chronologie. Mais le résultat est sans appel ; rupture il y aura. Un crédo revient régulièrement ; « s’aimer, ce n’est pas assez ». Comment bâtir un couple seulement sur un sentiment ? Sentiment qu’il est d’ailleurs très difficile de définir et que personne ne vit de la même manière. Nous explorons donc les différents mouvements qui composent cette relation, comme des vagues qui vont et viennent, jusqu’à effacer les mauvais souvenirs éparpillés sur le sable.
Aidées d’une belle scénographie, les deux actrices Pascale Chiasson et Elisabeth Lavoie nous livrent de très belles interprétations, entre douceur et colère, passion et résilience. Si le spectacle de 1h20 comporte quelques longueurs (surtout dans la deuxième partie), on apprécie son côté pluridisciplinaire qui mêle habilement jeux de lumière, musique et apartés.
Finalement, Pamplemousse se lance dans une tentative de déconstruire le mythe d’Orphée afin de laisser s’exprimer librement les sentiments. La fatalité qui entourait le destin d’Eurydice, la condamnant aux Enfers, se retrouve ici sous la forme de la rupture, qui, si elle ne peut être évitée, reste un passage obligé pour s’autoriser à oublier, et à retrouver l’amour.