MaXXXine, une fin de trilogie qui détonne

Ancré dans un Hollywood à feu et à sang des années 80, MaXXXine, le troisième volet de la trilogie X réalisée par Ti West et produite par Mia Goth, détonne des deux premiers en se rapprochant souvent davantage des Giallo italiens que des slashers. Malgré quelques commentaires un peu faciles (et redits) et une fin maladroite (ou décalée?), MaXXXine, ne serait-ce que pour la performance de Mia Goth et la photographie, vaut le détour en salle.

Réalisation : Ti West | Scénario : Ti West | Production : A24 | Photographie : Eliot Rockett | Musique : Tyler Bates | Distribution : Mia Goth, Elizabeth Debicki, Moses Sumney, Michelle Monaghan, Bobby Cannavale, Kevin Bacon, Lily Collins

Par Emmy Lapointe, rédactrice en chef

Do you know what happened to the last person that tried to kill me ?
En 1985, seule survivante des événements horribles survenus sur une ferme du Texas six ans plus tôt (X), Maxine Mix (Mia Goth) vit désormais à Hollywood et travaille dans l’industrie du divertissement pour adulte, mais est sur le point de décrocher un rôle dans une franchise d’horreur lucrative.

À la suite d’une série de meurtres de starlettes d’hollywood, Maxine doit faire face aux pressions du LAPD représenté par deux détectives en chef (Michelle Monaghan et Bobby Cannavale) et à un détective privé véreux (Kevin Bacon) engagé par une figure mystérieuse qui tente d’exposer son passé.

Entre les protestations de la Majorité Morale contre le sexe et le satanisme dans les films et les meurtres quotidiens du Night Stalker, Maxine se retrouve à marcher sur une fine ligne pour survivre et percer dans un Hollywood sauvage.

Trois films, trois temps
Petit rappel sur la franchise X. MaXXXine clôt la trilogie débutée par X et continuée par le préquel Pearl. X se déroule en 1979 et suit un groupe de jeunes adultes qui se rendent dans une ferme isolée pour tourner un film pornographique, mais ils sont rapidement pris en chasse par les vieux (et terrifiants) propriétaires des lieux. Pearl, le préquel, se déroule un demi-siècle plus tôt sur la même ferme texane. On y voit les rêves brisés et les premiers meurtres d’un.e des tueur.ses d’X.

Nostalgie
Les factures visuelles de la trilogie, surtout pour des « films de genre », sont particulièrement soignées, mais pour moi, celle de MaXXXine est la plus réussie notamment grâce à l’iconographie fidèle des années 80 (des détectives de police Kitsch, les boîtes de nuit sordides, les clubs vidéo, les épaulettes) et aux éclairages de néons et de soleil crevant de la Californie. La bande-son est aussi la plus immersive de la franchise (très contente d’y retrouver Kim Carnes).

Il me semble que les dernières années en cinéma d’horreur (et pas que) ont été teintées d’une nostalgie certaine des années 70-80 alors qu’on voit des séries être ressuscitées, rebootées ou pastichées, et c’est souvent plus pour le pire que pour le meilleur. MaXXXine n’échappe pas à cette nostalgie parfois un peu facile alors qu’il se veut à la fois être un hommage et une satire du milieu cinématographique de l’époque, un discours que l’on a vu et revu notamment avec la série Scream. Néanmoins, la critique des rapprochements entre sexualité et horreur est plus habile que dans la série initiale de Wes Craven.

Petites déceptions
Je pense que si certain.es fans de la franchise ont été déçu.es, ce n’est pas tant parce que ses qualités comme œuvres sont moindres, mais plutôt parce qu’elle s’éloigne plus des deux premiers qu’on pourrait peut-être le souhaiter. MaXXXine est peu plus près du thriller horrifique que de l’horreur à proprement parler. Le film fait donc moins peur et n’obéit pas à une logique du jump scare – ce qui n’est pas pour me déplaire –, mais demeure dérangeant, ne vous en faites pas.

La fin est aussi un peu moins réussie que celles des deux derniers volets (quoique). Je pense que c’est parce qu’on a tenté de donner au film plusieurs arcs narratifs appartenant à des genres cinématographiques différents, mais que certains sont apparus moins convaincants dont celui de l’enquête policière qui aboutit drôlement.

Mia Goth, queen
Outre une esthétique largement supérieure à la plupart des films d’horreur, ce qui fait d’X une très bonne trilogie, et MaXXXine nous le reconfirme, ce sont les prestations de Mia Goth. Goth incarne à la fois la figure héroïque féminine des films d’horreur, la final girl, et une certaine folie comme pour nous rappeler que dans un monde qui est le sien (et le nôtre), on doit souvent se sauver seul.es. Néanmoins, si le personnage de Maxine s’affranchit de ses démons pour ses aspirations personnelles, elle les combat aussi pour éviter qu’une autre femme tombe sur eux.

Bref, outre les dernières minutes moins satisfaisantes du film, MaXXXine offre une fin à la saga qui l’est. Espérons aussi que ce soit une vraie fin et que l’équipe que forment Ti West et Goth ne reste pas accrochée à cette vague nostalgique qui refuse de voir quoique ce soit mourir.

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