Après presque un an depuis les attentats du 7 octobre et l’invasion de la bande de Gaza, l’Université reste sans positions claires à propos du conflit en Palestine, et ce malgré les mobilisations du printemps et de l’été dernier. Les groupes propalestiniens du campus se disent déçus, mais pas étonnés.
Par : Antoine Morin-Racine, chef de pupitre à l’actualité
Le 19 septembre dernier se déroulait au pavillon De Koninck une conférence du sociologue Rachad Antonius organisée par le groupe Uni.es pour la Palestine UL (UPPUL) et ayant pour titre « La conquête de la Palestine : de Balfour à Gaza, une guerre de Cent Ans ».
Le même jour, un « appel au respect et à la bienveillance » au nom de la rectrice était envoyé à tout.es les étudiant.es par le portail. On y disait que dans le monde traversant de « grands bouleversements » qui nous entoure, il importait que « nos débats et nos échanges continuent de se dérouler dans un esprit de dialogue constructif » et que « [l]a situation mondiale ne saurait justifier l’intolérance envers des minorités ou des communautés. ».
À la question de comment l’Université se positionnait par rapport au conflit en cours depuis le 7 octobre la Direction des communications de l’Université Laval à référer Impact Campus au précédent communiqué.
Plusieurs groupes se mobilisant sur le campus déplorent, depuis l’année dernière, l’absence de positions par l’Université quant au conflit en Palestine. Sans prendre parti ni pour une libération des otages israéliens ni pour un cessez-le-feu, comme ce fut le cas pour la Ville de Québec, l’Université à affiché par le biais de plusieurs communiqués ne faisant souvent pas directement référence au conflit, une neutralité qui en fâche plusieurs.
Malgré une déception initiale, Uni.es pour la Palestine UL ne se disent plus étonné.es par la position que tient le rectorat. Par le biais d’un.e représentant.es qui souhaite rester anonyme, l’UPPUL affirme qu’en tant que personne morale et qu’organisation, l’Université à le devoir de se positionner contre un conflit de la sorte comme elle s’est positionnée à propos de celui en Ukraine.
L’organisation salue les nombreuses initiatives de l’Université quant au conflit en Ukraine, mais dénonce ce qu’elle considère comme un double standard.
L’UPPUL critique également la tenue prochainement d’une conférence organisée par la faculté d’Éducation et financée par une fondation ouvertement sioniste. Muguette Myers, survivante de l’Holocauste y parlera de de la publication récente de ses mémoires. La fondation Azrieli, commanditaire de la conférence, est une fondation philanthropique qui porte le nom et tire ses donations du patrimoine de l’homme d’affaire israélo-canadien David Azrieli. La fondation a depuis le 7 octobre dernier envoyé des millions de dollars en Israël. Azrieli Group, entreprise immobilière qui opère toujours en Israël est également impliqué dans le financement du groupe d’extrême-droite sioniste Im Tirtzu. À noté que David Azrieli a lui-même participer à la guerre de 1948 en tant que membre de la 7e brigade des forces israéliennes, une unité connue pour avoir été particulièrement violente (Pappé, 2006) et impliquée dans plusieurs massacres, dont celui du village de Salilha.
« Bien que l’anti-sémistisme soit en hausse et que l’on ne devrais jamais oublier les événements inhumains et déshumanisants de l’Holocauste, nous voulons énoncer que la phrase « plus jamais » s’applique à tout les peuples et qu’aucunes communautés ne devrait avoir à subir des violences génocidaires comme celles de l’Holocauste ou celles qui ont lieue en se moment en Palestine. » a tenu à mentionner l’UPPUL.
Le manque de transparence toujours présent
Depuis le printemps dernier, plusieurs groupes comme l’UPPUL ont eu plusieurs discussions avec le rectorat quant à sa position par rapport au conflit, mais aussi aux potentiels investissements de l’Université dans des compagnies liées à l’État d’Israël.
Au-delà du refus de prendre position, l’UPPUL critique également le manque de transparence de l’Université quant à l’argent qu’elle aurait dans des entreprises ou des institutions liées à Israël. L’organisation déplore des chiffres imprécis, sans preuve papiers pour les supporters, de réunions dont iels sont informé.es à la dernière minute et une « culture du secret » qui nuit à la collégialité.
Références
Ilan Pappé, The Ethnic Cleansing of Palestine (Oxford: Oneworld Publications, 2006). Page. 158
« In many of the Palestinian oral histories that have now come to the fore, few brigade names appear. However, Brigade Seven is mentioned again and again, together with such adjectives as ‘terrorists’ and ‘barbarous’ »