Explosion budgétaire dans les facultés de médecine

Des constats inquiétants ont été rendus publics concernant les facultés de médecine au Québec, dont celle de l’Université Laval, à la suite d’une recherche menée par le président du comité sur le financement des universités de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université, Martin Maltais.

Depuis 2005, ce sont plus de 350 M $ qui ont été distribués au sein de quatre facultés de médecine à travers le Québec, soit celle de l’Université Laval, de l’Université McGill, de l’Université de Montréal et de l’Université de Sherbrooke. En l’espace de 10 ans, les subventions du gouvernement pour le domaine de la médecine ont augmenté de 30 %. Seul problème : les universités qui ne sont pas équipées d’un département de médecine se seraient appauvries.

Il semblerait également que cette hausse considérable a des effets directs sur les autres facultés à l’Université Laval et partout au Québec, dont le budget gouvernemental ne cesse de diminuer. À l’échelle provinciale, pour ne nommer que quelques exemples, les facultés des lettres ont vu leurs fonds diminuer de 13 %, celles des sciences sociales de 27 % et celles des mathématiques de 38 % au premier cycle, puis de 31 % au deuxième cycle.

« On ne s’attendait vraiment pas à un écart aussi important selon les disciplines », mentionne M. Maltais, également chercheur et professeur à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR).

Des chiffres éloquents

Cela fait maintenant 10 ans que les facultés en médecine jouissent de ces subventions élevées de la part du gouvernement du Québec. Ce dernier justifie ces montants par une pénurie préoccupante de médecins au sein de la province. Depuis la modification de manière substantielle des critères de subventions en 2006 et en 2007, sous l’ère de Jean Charest, le financement a été totalement modifié selon les disciplines. En médecine, cela s’est avéré être très avantageux. « Ça nous a frappé, surtout quand on regarde la structure du financement », qui n’est pas réparti équitablement selon lui. Les résultats préliminaires de son étude font ressortir certains chiffres du lot.

Au premier cycle, les subventions ont augmenté de près de 30 % par étudiant qui est inscrit à temps plein. Au deuxième cycle, cette augmentation demeure similaire avec 34 %. Quant aux étudiants en médecine de troisième cycle, ils ont eu accès à une augmentation des subventions du gouvernement de près de 80 %. Malgré l’inflation et la crise économique que traverse le Québec, les subventions aux facultés de médecine n’ont jamais diminué, bien au contraire, assure le professeur.

Il précise qu’il s’agit d’un total de « 14 000 $ investis par étudiants par année » pour les étudiants en médecine au premier cycle. En ce qui concerne ceux du deuxième cycle, 20 000 $ sont investis par tête de pipe. Enfin, à l’ordre du troisième cycle, ce sont 40 000 $ par année qui sont octroyés. En revanche, les étudiants en médecine sont inscrits à 50 crédits par année, contrairement à 30 crédits pour un étudiant au profil plus classique.

Baisses budgétaires

Jusqu’à présent, il est encore difficile de définir exactement quelles sont les facultés qui ont connu les plus grosses coupures en termes de subventions de la part du gouvernement, selon le professeur Maltais. Il assure cependant que force est d’admettre que « toutes les autres facultés sont perdantes » depuis longtemps au Québec.

Toutes universités confondues, les variations de subventions fluctuent entre les premier, deuxième et troisième cycles. Au Québec, toutes les facultés d’éducation du deuxième cycle ont connu une diminution moyenne de 40 % dans la dernière décennie. En baissant aussi abruptement les subventions de cette faculté, c’est la préparation à la recherche et à la formation des directeurs d’école qui subit un revers.

M. Maltais explique que de nombreux autres domaines importants dans notre société sont concernés par ces coupures budgétaires importantes. L’exemple de l’éducation ne serait qu’un exemple flagrant et représentatif d’un fléau beaucoup plus important.

Des questions sans réponses

La Faculté de médecine de l’Université Laval n’a pas donné suite aux demandes d’entrevue de la part d’Impact Campus. Il est à noter que le Regroupement des Étudiants de médecine de l’Université Laval (RÉMUL) n’a également pas voulu commenter le dossier.

L’administration de l’Université Laval n’a pas voulu accorder d’entrevue, rappelant qu’elle n’a pas encore les détails de l’étude en main et qu’elle ne peut commenter ce dossier que sur la base de résultats préliminaires parus dans les médias.

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