Accès Savoirs: La promotion de la connaissance pour tous

Réaliser un plan de communication, une analyse de risque ou étudier des statistiques pour un organisme communautaire ? C’est ce que propose aux étudiants le programme Accès Savoirs de l’Université Laval. Une façon de partager ses connaissances et de se rendre utile.

Lucile Giroussens

Si Florence Piron, professeure titulaire au Département d’information et de communication, a découvert le concept de boutiques de sciences en 2001, il lui aura fallu plus d’une décennie pour réussir à en implanter une sur le campus de l’Université Laval. « L’idée de mettre la science au service de la société m’a séduite », raconte-t-elle.

C’est comme cela qu’est né Accès Savoirs, cette boutique de sciences qui répond aux besoins des différents organismes sans but lucratif de Québec. Ou même d’ailleurs puisque ce programme a déjà réalisé deux mandats pour des organismes haïtiens.

Un concept européen

Les boutiques de sciences (ou science shops) sont nées dans les années 1970 aux Pays-Bas. Elles permettent aux associations possédant peu de ressources d’avoir accès gratuitement à des données, à des techniques. La particularité de ces boutiques de sciences est que leurs données sont produites par des étudiants, encadrés par des professeurs-chercheurs. Pour Accès Savoirs, tous les rapports sont ensuite publiés en libre accès sur leur site internet.

À l’Université, les débuts d’Accès Savoirs sont prudents. En avril 2011, Florence Piron s’associe à la présidente du Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec, Linda Saint-Pierre. « À cette époque, nous réalisions une simple permanence, les organismes nous contactant par le site Web, se souvient Florence Piron. Il y avait de la demande, mais nous n’avons pas osé y répondre. » Sept mois plus tard, le vice-recteur exécutif « donnera son accord en moins de cinq minutes », plaisante-t-elle.

Les actions d’Accès Savoirs commencent véritablement à l’hiver 2013. Le programme a réussi à obtenir sept mandats, comme une analyse complète présentant les comportements et les risques du métier de cuisinière dans le Centre de la Petite Enfance Passepoil, réalisée par une étudiante en ergonomie.

Cette année 2013 sera aussi celle du développement d’Accès Savoirs sur les réseaux sociaux. « Nous faisons de la publicité uniquement à l’intérieur du campus, précise Florence Piron. Autrement, nous risquons de voir une affluence des demandes de la part des organismes. Et de ne pas tous pouvoir les satisfaire. »

Un rôle d’intermédiaire

« Les organismes qui s’adressent à nous doivent formuler précisément leurs besoins », détaille Anaïs Pellerin, coordinatrice d’Accès Savoirs. Elle a rejoint l’équipe en août 2014. « Après ma maîtrise en relations industrielles, j’ai travaillé dans le milieu communautaire. Faire partie d’Accès Savoirs me permet de faire la jonction entre le terrain et la théorie. »

Une fois les attentes des organismes définies, un autre défi attend Anaïs Pellerin. Trouver les cours correspondants aux mandats proposés. Si pour certains mandats cela ne pose pas de problème, il y a parfois des complications. Florence Piron et Anaïs Pellerin reconnaissent toutes les deux « que certains professeurs ont peur que cela vienne bouleverser le plan de cours. »

Promouvoir l’initiative étudiante

Mais Accès Savoirs est également ouvert aux propositions d’étudiants isolés. « Nous avons mis en place des cours individualisés, où nous assurons un suivi plus important puisque le mandat n’est pas réalisé dans le cadre d’un travail en classe. »

Pour autant, il existe un point sur lequel Florence Piron est claire. « Nous ne fournissons pas de cheap labour à des organismes ayant les moyens de se payer des consultants privés. Le but n’est pas l’exploitation des étudiants, mais bien un échange entre eux et le milieu communautaire qu’ils ne connaissent pas forcément. » Au total, depuis son existence, pas moins de cinquante projets ont été réalisés par 400 étudiants. Pour cette session d’automne, Accès Savoirs a 15 mandats en cours.

Ce que les étudiants semblent apprécier, c’est le fait qu’ils puissent, par cette voie, mettre un pied dans le monde professionnel, comme le souligne Léo, étudiant en communication. « J’ai appris à rédiger et surtout à présenter, défendre le projet face à des professionnels. Dans l’ensemble, un mandat Accès Savoirs, c’est beaucoup d’autonomie et de découvertes du monde professionnel qui auraient été impossible sans ce mandat. » De même, lorsque l’on regarde les mandats déjà réalisés, quelques noms reviennent souvent comme la Fondation Lauberivière pour les itinérants ou la maison des jeunes La Marginale.

En avril prochain, Accès Savoirs organisera un colloque ouvert à tous. Une façon de faire valoir sa présence à l’Université Laval. Mais aussi, pourquoi pas de donner aux plus timides le courage de se lancer dans l’aventure ?

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