Photo: Julie-Anne Perreault

Logement étudiant coopératif : L’UL dit non à un projet de la CADEUL

C’est lors d’une rencontre le 2 novembre dernier entre l’administration de l’Université Laval et l’exécutif de la CADEUL que ces derniers ont présenté leur projet de logement étudiant coopératif. Contre toute attente, cette proposition a été balayée du revers de la main par les décideurs.  

La CADEUL est depuis longtemps partenaire de l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE). Il y a un peu plus d’un an, à l’automne dernier, le sondage Prospection des habitudes et aspirations résidentielles étudiantes (PHARE) dévoilait les résultats d’une enquête nationale qui visait à dresser un portrait de la situation étudiante en matière de logement. Cette dernière avait entre autres démontré que la vaste majorité des étudiants québécois ne sont pas locataires de résidences universitaires et qu’elle paie plus cher que le reste de la population pour se loger. Les appartements étant souvent en moins bon état que la moyenne, il n’est alors pas rare que la communauté étudiante se retrouve en précarité financière et résidentielle.

Or, étrangement, bien que la CADEUL et l’UTILE possédaient déjà une panoplie de données récentes quant au mode de vie des étudiants en matière d’hébergement, l’Université Laval a tout de même pris l’initiative, en octobre dernier, d’envoyer à ses étudiants un sondage via leur boîte de courriels, concernant de potentielles résidences sur le campus.

«Cette collecte d’information nous permettra de bien comprendre les habitudes de vie et les besoins de notre communauté étudiante en matière de logement afin d’élaborer un projet de construction de nouveaux logements étudiants qui en tiendra compte», justifie la porte-parole de l’Université Laval, Andrée-Anne Stewart.

De son côté, la CADEUL affirme ne pas avoir été consultée. «On n’a pas vraiment d’idée de ce à quoi leur projet peut ressembler, ni de ce qu’il peut coûter. Nous, on avait déjà ces données qui dataient de 2017», explique le président de la CADEUL, Mathieu Montégiani. Voyant que l’UL entamait en solo des démarches quant à son projet de résidences, les représentants des étudiantes et étudiants de premier cycle ont décidé de présenter aux décideurs celui sur lequel ils travaillent depuis maintenant deux ans.

Un projet de logement étudiant coopératif

En cohérence avec les demandes de ses membres, la CADEUL, en partenariat avec l’UTILE, a créé un document explicatif de son projet. Ce dernier se voulait d’abord une solution innovante aux problématiques rencontrées par les étudiants, afin que ces derniers puissent concentrer une plus vaste partie de leur budget à leurs études, tout en se rapprochant du campus.

En plus de réduire la congestion routière, on entendait aussi enrichir l’expérience étudiante à même le campus. De plus, les logements entrent en phase avec la planification stratégique UL 2017-2022, en réalisant l’objectif de l’apprentissage par l’expérience. Ces nouvelles unités, mises sur pied par et pour des membres de la communauté étudiante se verraient donc administrées par celle-ci, impliquée au cœur des décisions. Comme un organisme à but non lucratif, et dans une optique de coopérative, la gestion se ferait sous un conseil d’administration formé de la CADEUL, de l’UL et de résidents de ces appartements.

«On a présenté au vice-recteur à l’administration et au vice-recteur exécutif notre projet qui vise à répondre à la problématique des loyers qui coûtent relativement cher sur le plateau Sainte-Foy, alors qu’on sait que la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. Il y a pour nous autant d’avantages pour les résidents que pour l’UL», justifie Mathieu Montégiani.

Du côté de l’administration, on confirme que le projet a fait l’objet d’une évaluation exhaustive. «Après cette analyse, nous avons conclu que le projet de la CADEUL ne présente pas d’avantage significatif justifiant de consentir à la construction d’un projet de résidences étudiantes sur ses propriétés par des entités tierces», explique la porte-parole de l’Université, Andrée-Anne Stewart.

Un non qui fait mal

Malgré un fort mandat de la CADEUL de mettre en œuvre ce plan basé sur les études précédentes et sur des demandes adressées par ses membres depuis deux ans maintenant et bien malgré l’expertise de l’UTILE, l’Université Laval a fermé la porte à sa réalisation sur le campus. À la CADEUL, c’est l’incompréhension totale qui règne depuis le refus catégorique de l’UL et son président se dit très déçu de cette décision.

«On a de la difficulté à comprendre pourquoi on n’a pas été consulté quant au sondage, et on trouve leur refus très décevant, d’autant plus que ce projet répond à leur planification stratégique. On a compris qu’on n’aurait pas cette collaboration de leur part», ajoute-t-il avec désarroi.

Il se montre toutefois optimiste quant à l’avenir et affirme poursuivre dans la même veine, même sans l’appui de l’Université Laval. «On a un éventail de possibilités à explorer encore. On n’est pas arrivés à la fin de notre volonté de faire des logements étudiants et c’est certain qu’on va examiner les autres avenues possibles pour rendre ce service-là à notre communauté», poursuit le président de l’association étudiante.

La CADEUL ne pourra donc pas emprunter de terrain à l’Université Laval pour l’implantation de ses habitations, puisque son appui est requis, mais elle en est actuellement à examiner les possibilités de procéder à sa construction ailleurs dans la ville. En se basant sur la coopérative d’habitation de 18M$ actuellement réalisée à l’Université Concordia, la CADEUL poursuit ses démarches avec l’UTILE, indépendamment de celles de l’UL, qui songe plutôt à des résidences traditionnelles, c’est-à-dire gérées et administrées par nul autre qu’elle-même. Elle n’entend pas céder place à l’UL de sitôt et ne prévoit pas collaborer avec elle non plus.

«On espérait que la collaboration puisse en faire un projet commun, mais nous n’en sommes pas à la fin de notre volonté et nous examinons les autres avenues possibles quant à l’implantation de nos logements étudiants, seulement ailleurs que sur le campus, vu la non-collaboration de l’Université. On demeure toujours ouverts à d’autres propositions si elles correspondent, bien sûr, à la volonté de nos membres», réitère Mathieu Montégiani avec conviction.

Quant à elle, l’Université Laval affirme «soutenir les étudiants dans la réalisation de leur projet d’étude en offrant des logements pratiques, abordables et adaptés aux besoins des nouvelles réalités étudiantes, ainsi qu’un milieu de vie supportant la réussite et permettant de vivre la pleine expérience universitaire».

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