CADEUL : Le ton monte avec le syndicat

Une manifestation a eu lieu jeudi matin au pavillon Desjardins-Pollack de l’Université Laval. La FTQ et le SCFP, syndicats représentant les employés de Services alimentaires Laliberté, désiraient amplifier la pression suite au congédiement massif des 60 employés de la cafétéria du Desjardins. Le comptoir sera en effet remplacé par Cuisine campus, un projet de la CADEUL. La tension semble donc augmenter entre la confédération et le syndicat.

Une vingtaine d’individus, visiblement membre du SCFP et de la FTQ se sont présentés aux bureaux de la CADEUL en fin d’avant-midi jeudi. Ils ont causé un certain tapage. Un moyen de pression qui n’a pas plu à  la CADEUL : « Il est certain que l’on ne va pas tolérer ce genre d’intimidation là devant nos bureaux, ça ne peut pas continuer comme ça. De toute façon ces gens-là n’ont pas le droit de venir faire du tapage dans les bureaux », explique Caroline Aubry, présidente nouvellement élue de la CADEUL.

Licenciement massif et réembauches potentielles

« La CADEUL se comporte en petits fachos », dénonce Éric-Jan Zubrzycki, conseiller syndical au SCFP. « Aucune communication et un licenciement sauvage qui se fait et le principal responsable, c’est la CADEUL; c’est personne d’autre ».

«On trouve ça vraiment dommage parce que nos objectifs ont toujours été clairs. L’on veut favoriser l’emploi étudiant, mais on a aussi toujours dit qu’on allait avoir un processus d’embauche qui allait être clair et transparent », rétorque Mme Aubry. «Ça va être possible pour ces gens-là de postuler sur les postes que l’on va ouvrir prochainement».

 

 

« La CADEUL est une entreprise qui génère des revenus de 10 millions, peut-on m’expliquer où va cet argent-là? Moi je sous-entends rien, je pose seulement la question, où va cet argent ? Qui profite de cet argent-là ? Est-ce que ce sont les étudiants de l’Université Laval qui en profitent ou c’est la CADEUL elle-même ? […] À qui le crime paie ? Ben moi je la pose cette question, et je la pose à la CADEUL. »  – Éric-Jan Zubrzycki, conseiller syndical au SCFP

 

 

Problèmes de communications 

« J’ai tenté de joindre la CADEUL, on m’a répondu quelques jours après les premières publicités pour me dire que ce n’était pas nécessaire et on m’a finalement rencontré pour me dire que le personnel qui est là depuis 20 ans, je n’avais qu’à leur dire qu’ils n’avaient qu’à soumettre leur CV comme n’importe qui d’autre et que, by the way, on veut embaucher des étudiants », rage M. Zubrzycki. Il affirme d’ailleurs que si peu d’étudiants travaillent actuellement à la cafétéria parce que ce type d’emploi ne les intéresse pas.

Une affirmation qui ne plaît pas à Mme Aubry: « Je trouve que c’est une attaque envers les étudiants », rétorque-t-elle. « Dans les restaurants de Québec, il y a plein d’étudiants qui travaillent. C’est faux de dire que les étudiants ne veulent pas travailler dur et se réveiller le matin»

« Au début du projet, mes prédécesseurs ont contacté l’ensemble des acteurs de l’Université, dont tous les syndicats. À ce moment-là, le SEUL n’a pas répondu », rétorque Mme Aubry. Le premier contact que la CADEUL aurait eu avec le syndicat aurait été une demande de rencontre de la part de M. Zubrzycki, une demande qu’a voulu reporter la CADEUL, préférant, selon Mme Aubry, attendre à plus tard lorsqu’une décision aurait été prise. La communication suivante aurait pris, toujours selon Mme Aubry, la forme d’un courriel en copie conforme envoyé par M. Zubrzycki et destiné à Luc Brouillette du SEUL. Selon la CADEUL, ce message mentionnait la publicité alors à paraître dans Le Soleil que le syndicat a fait paraître le lendemain. La CADEUL aurait alors contacté M. Zubrzycki pour affirmer qu’ils étaient toujours ouverts au dialogue. Une rencontre aurait eu lieu le lundi 24 mars.

« La seule chose que j’aurais souhaité c’est que la CADEUL ait la décence de communiquer avec les représentants du personnel et qu’on se parle et qu’on s’entende pour voir comment il serait possible d’avoir un transfert de personnel », rajoute M. Zubrzycki. Habitué, dans ce genre de situation, à être contacté par les responsables, il déplore donc « que l’Université Laval et la CADEUL aient manœuvré pour faire en sorte qu’il n’y ait pas de transfert possible ». Il affirme d’ailleurs avoir été contacté par la CADEUL lors du dernier appel d’offres afin de parler d’un transfert de personnel.

Selon Geoffroy Boucher, Vice-Président finances sortant de la CADEUL, « ces employés-là sont les employés du concessionnaire actuel. Si le concessionnaire actuel décide de mettre à la porte ces employés-là c’est sa décision qu’on trouve très dommage, mais on ne peut pas interférer dans son processus employeur-employé. Nous, ce qu’on peut faire, c’est mettre en place un processus d’embauche ».

Toutefois, selon Mme Aubry, il semble injuste de réserver des emplois à certaines personnes. « Les objectifs de notre projet sont clairs; c’est de favoriser l’emploi étudiant et c’est ce que l’on va faire, mais c’est pas pour autant que l’on ne va pas considérer ces candidatures-là. Il n’y aura pas de quota ou de ratio » explique-t-elle. Mme Aubry peine également à comprendre les motivations du syndicat : « Ça fait deux ans qu’on n’en entend pas parler, que l’on n’a pas de réactions vives de la part du syndicat et puis, soudainement, ça devient un problème  »

absence d’appel d’offres

M. Zubrzycki explique également que, d’après lui, la CADEUL a obtenu le contrat sans appel d’offres en vertu de son statut d’OBNL, ce qui, toujours selon lui,  ne serait pas réellement le cas : « L’Université et la CADEUL se sont entendues pour que la CADEUL reprenne les activités des services de cafétéria. Ça s’est fait sans appel d’offres. Habituellement, ça se fait avec des appels d’offres; la seule raison pour laquelle ça ne s’est pas fait d’un point de vue légal, c’est que la CADEUL est réputée d’être un OBNL. Or la CADEUL est une entreprise qui génère des revenus de 7 millions, bientôt 10. »

Selon M. Boucher, le statut légal de la CADEUL n’a pas joué de rôle dans l’octroi du contrat. Ce serait plutôt parce que le projet Cuisine Campus est le plus à même de s’arrimer à la vision et aux valeurs de l’Université.   « Il y a toutes sortes de facteurs qui ont fait que notre projet était crédible et qui, visiblement, semblait être celui qui allait servir les intérêts de la communauté universitaire », explique-t-il.

« La CADEUL est une entreprise qui génère des revenus de 10 millions, peut-on m’expliquer où va cet argent-là? Moi je ne sous-entends rien, je pose seulement la question, où va cet argent ? Qui profite de cet argent-là ? Est-ce que ce sont les étudiants de l’Université Laval qui en profitent ou c’est la CADEUL elle-même ? », questionne M. Zubrzycki. « À qui le crime paie ? Ben moi je la pose cette question et je la pose à la CADEUL. »

M. Zubrzycki affirme vouloir aller au bout de tous les recours légaux afin de sauver les 60 emplois perdus. Il a également affirmé que son organisation sera de retour le 1er juin afin de « s’assurer que le projet ne marche pas.»

La CADEUL consultera ses instances dans les prochaines semaines afin de définir la marche à suivre.

 

 

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