De l’art moderne au Pub

Le Pub universitaire accueille de façon permanente une fresque de 26 pieds de long. La peinture, complétée en majeure partie le 5 février, orne désormais la piste de danse.

Jean Louis Bordeleau

L’œuvre est pleine de couleurs, mais pensée harmonisée avec le décor. L’exposition d’un tel art public s’inscrit dans la mouvance d’un pub moins boîte de nuit. L’ancienne décoration, un mur de petites ampoules inscrivant « PUB », datait de 2005.

Montée sur un mur de bois neuf, la peinture est toutefois appelée à changer. Pour « dynamiser » l’ambiance, le président du Pub Universitaire, Geoffroy Boucher, veut un roulement dans les œuvres. En plus de vouloir « donner l’opportunité aux artistes d’avoir de la visibilité », Geoffroy explique que « quand on sentira que vient le temps de changer la murale, on annoncera un autre concours ».

Dès l’an prochain, peut-être, un artiste différent permettra « à la communauté universitaire de voir différentes œuvres ».

Une bourse de 500$ est attribuée à celui qui remporte l’appel d’offres. Autour de huit heures de travail sont nécessaires pour la réalisation d’une telle fresque.

L’idée derrière le projet est de revaloriser la culture et l’art à l’université. Le pub a déjà reçu quelques présentations musicales et Geoffroy Boucher souhaite « une réorientation vers un style plus pub ».

Le président du pub déplore un peu l’aspect « sombre, petite lumière, musique forte » qu’avait pris le Pub universitaire entre 2005 et 2011.

Le tableau a été choisi en laissant ample liberté aux soumissionnaires. Pourvu que « les couleurs s’arriment bien » à ce qu’il y a déjà dans le pub, Geoffroy Boucher ne voit pas de critère esthétique a priori. Après tout, il faut simplement que le tableau décore une piste de danse.

Tableau moderne et abstrait

La toile d’acrylique est signée Patrick Gérald Fortin.

La peinture a été conçue comme le grossissement d’une image. L’artiste raconte que « de la même façon que lorsqu’on prend une photo et qu’on zoom beaucoup, par exemple sur une fleur, à un moment donné la fleur on ne la reconnaît plus. C’est un peu la même affaire dans la murale. » Les images composées dans le tableau sont issues du thème des machines, de la communication, bref du monde technologique.

Le fresquiste s’est dit inspiré par le principe d’obsolescence programmé qui l’entoure. Ce principe économique veut que les produits vendus soient conçus pour durer un temps prédéterminés, de façon à devoir être constamment rachetés, afin de pouvoir faire rouler l’économie. Non seulement le tableau lui-même est condamné à disparaître, mais c’est quelque chose qui cloche de manière récurrente dans la tête de celui qui peint aussi des graffitis.

« Mon style de vie, c’est la simplicité volontaire. Alors je critique ça la présence partout de la technologie. En plus, l’art, ça permet de prendre une pause de machines, de télévisions, de médias; faire le vide. »

Sa touche personnelle se retrouve dans le robot incrusté dans l’œuvre. Selon lui, « le monde va reconnaître ce robot-là, à moi ». Adepte du graffiti de « derrière de cabanon », il s’affiche entre autres dans ce qu’il appelle les « expositions de ruelle ». Il a en outre complété quelques cours en arts visuels et médias à l’Université Laval.

L’artiste se dit très heureux d’avoir la chance d’être exposé de la sorte publiquement. « Les fresques, c’est ce que je fais dans vie ». Cela conforte son opinion sur le sujet : « si quelqu’un te dit, regarde ça c’est beau, tu n’as rien à penser, tu vas juste être content de simplement voir de la beauté. L’art public c’est ça, c’est en plein ça. L’art, sa fonction principale, c’est de ne pas en avoir. »

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