Crédit photo : Hubert Gaudreau

Des cartes-cadeaux contre vos livres

La Coop Zone bonifie son système de vente de manuels usagés pour la session d’hiver 2014. Un service qui semble entrer en compétition avec le MLU (Marché du livre usagé), une initiative étudiante trentenaire de la CADEUL. La grande différence, toutefois, est que La Coop Zone distribuera des crédits d’achat à utiliser en magasin.

Le MLU était déficitaire en 2012, et ce malgré les 20 % retenus sur le montant de vente des livres. Cette somme ne suffit pas toujours pour payer les coûts d’opération engendrés : infrastructures, taxes de vente, système informatique et un employé à temps plein pendant la durée du Marché. Des subventions sont aussi remises aux associations étudiantes dont certains membres travaillent bénévolement pour le MLU.

« Les pertes ne sont pas faramineuses, [elles] sont tout à fait absorbables par le budget de la CADEUL », déclare Guy-Aume Descôteaux, président de la CADEUL. « Le processus est bien rodé et il s’améliore d’année en année. Le service est apprécié des étudiants », constate-t-il.

À la fin du Marché, les étudiants reçoivent un chèque pour leurs livres vendus. La Coop Zone, elle, remettra plutôt un crédit d’achat en magasin aux utilisateurs de son service. Guy-Aume Descôteaux appréhende le moment où les étudiants délaisseront le MLU, et s’inquiète que les nouveaux étudiants ne soient pas mis au courant de son existence, qu’ils ne sachent pas qu’ils peuvent obtenir de l’argent comptant pour leurs ventes. Il ne croit pas que deux services distincts soient nécessaires. Aucun partenariat n’est prévu cet hiver : « On a été mis au courant quand même assez tard dans le processus. Il n’y avait plus possibilité de modifier des éléments sur la formule », conclut-il.

La Coop : Zone de nouveauté pour la rentrée

À partir de la session d’hiver 2014, les étudiants pourront trouver des manuels usagés à la succursale du pavillon Maurice-Pollack et à celle de l’édifice Beenox au centre-ville. Zone mettait déjà en contact des vendeurs et des acheteurs, sans toutefois assurer les transactions.

Isabelle Aubé, conseillère aux manuels scolaires de la Coop, explique que les vendeurs, étudiants ou non, doivent être membres et que des exemplaires usagés des livres demandés par les professeurs pour la session en cours seulement peuvent être mis en vente.

Zone demande 20 % du prix de vente, justifié par les ressources supplémentaires nécessaires au fonctionnement du service; le reste est remis aux vendeurs sous forme de crédit utilisable en magasin. Selon Mme Aubé, cette mesure simplifie la gestion et moins de temps est requis pour remettre l’argent aux membres. La plupart ont besoin d’acheter des livres à la Coop de toute façon. De plus, les livres auront une visibilité jusqu’au 31 mars 2014.

Elle ajoute que c’est un service qui est bien apprécié par les membres. « On s’est souvent fait demander si on avait des livres usagés. »

Mme Aubé n’écarte pas la possibilité de collaborer avec le MLU : « Il faudrait qu’il y ait une demande [et] que les personnes concernées se rencontrent. »

 

Le point de vue des étudiants

La succursale du MLU, où se trouvent les manuels de sciences et de génie, est gérée par des membres du Club Animé Québec. Sa présidente, Alexandra Jetté, estime que le projet de Zone est une « bonne nouvelle […] d’un point de vue environnemental », même si le nombre de livres déposés au MLU pourrait diminuer. La boutique du centre-ville est plus pratique pour les étudiants de la Fabrique et la longue période de dépôt de Zone est intéressante.

Le MLU, quant à lui, accepte tous les livres sans restriction. « Vous pouvez ainsi trouver des trésors à petits prix! », explique Mme Jetté. « L’utilisation de l’un ou l’autre des services dépend [des besoins] de chacun », ajoute-t-elle.

Pierre-Luc Doucet, étudiant à la Faculté des sciences et de génie, abonde dans ce sens. « Les élèves choisiront s’ils préfèrent recevoir un crédit ou de l’argent. » Il penche pour obtenir de l’argent comptant, car il peut ensuite acheter d’autres livres à l’endroit de son choix, sur Amazon par exemple, où il en trouve parfois pour moins cher qu’à la Coop.

En revanche, il ne connaissait pas le MLU. Il y aurait eu recours avant s’il en avait entendu parler plus tôt. Il suggère plus de publicité entourant l’initiative étudiante. Selon lui, « il peut être avantageux pour les élèves d’encourager cette association, […] ça permet de financer des activités et des services pour les élèves. »

Anne-Marie, étudiante en éducation, n’est « ni pour ni contre » la remise de l’argent des ventes sous forme de crédit. « C’est certain que tu peux faire moins de choses, mais si tu n’as pas tout trouvé dans l’usagé, tu te tournes vers la Coop Zone ».

Le fait que le MLU soit dans le pavillon De-Koninck, en plein centre du campus, est plus commode. « C’est plus facile de s’y rendre pendant une pause, avant ou après un cours. »

Elle-même utilise le MLU. « Je trouve que depuis 4 ans, le MLU s’est vraiment amélioré, surtout avec [son] site. » Elle voit néanmoins le fait de devoir payer comptant comme un désavantage. Si les étudiants achètent plus que prévu, ils doivent aller retirer plus d’argent et refaire la file, souvent longue au début de la session.

Bruno-Pascal Roy-Dumas, finissant en informatique, est catégorique. Pour les finissants, ce n’est pas idéal de recevoir un crédit en magasin. Certains étudiants n’habitent pas Québec et ne reviendront pas le dépenser. Bruno-Pascal n’a habituellement qu’un ou deux manuels au format papier à acheter dans le cadre de ses cours. Bien que la Coop offre aussi du matériel informatique, il trouve les prix « moins intéressants » qu’en ligne.

 

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