Photo : Élia Barbotin

Engagement concret pour une politique familiale à l’UL

L’Association des parents-étudiants de l’Université Laval (APÉtUL) a déposé mercredi dernier son Mémoire sur les parents-étudiants : Ensemble pour la conciliation famille-étude-travail. Un pas de plus vers la création d’une politique concrète en la matière sur le campus.

C’est lors d’une conférence de presse organisée pour souligner la publication de la politique que la vice-rectrice adjointe aux études et aux affaires étudiantes, Caroline Sénécal, et le directeur des services aux étudiants, Denis Bussière, se sont engagés à doter l’Université Laval d’une politique familiale d’ici quelques mois.

Le temps presse, selon la présidente de l’APÉtUL, Marie-Pier Landry. « Chaque jour qui passe à ne rien faire, c’est un obstacle de plus pour les parents-étudiants qui peinent à achever leurs études », indique-t-elle.

Les réalités d’un parent sont effectivement difficiles à conjuguer avec les bancs universitaires, puisque leur situation particulière n’est pas pleinement reconnue. « Depuis sa création en 2006, l’APÉtUL a constaté que les parents-étudiants subissent éventuellement de la discrimination structurelle », déplore Sandra Escalera, qui est pour sa part secrétaire de l’association.

Selon l’APÉtUL, les enjeux sont nombreux. Ils incluent les conflits d’horaire, la pauvreté, les interruptions d’études ainsi que le manque d’accès à des congés parentaux, à des logements à proximité du campus et à des régimes d’assurances santé adaptés.

Annie-Pierre Bélanger estime que les complications auxquelles sont livrées les parents-étudiants sont infernales. « Les conséquences peuvent être disproportionnées par rapport au problème de départ », relate-t-elle. Elle donne l’exemple d’une étudiante qui manquerait un examen parce que son enfant a la gastro. La maladie d’un enfant n’est pas reconnue comme étant une « raison admissible » pour une reprise d’évaluation.

Dans son exemple, la Direction des études refuse actuellement de lui faire reprendre son examen, ce qui engendre l’échec immédiat de l’étudiant(e). Dans l’éventualité où ledit cours est un prérequis à un autre, c’est beaucoup plus qu’une session qui est ainsi sabotée. « L’étudiante entrera donc sur le marché du travail un an plus tard que prévu et s’endettera d’autant… pour une gastro », déplore Annie-Pierre.

Des solutions envisageables

Pour remédier à ces problématiques, le mémoire adresse différentes pistes de solution et quelques recommandations à l’Université Laval, mais également aux paliers de gouvernements provinciaux et fédéraux ainsi qu’à tous les autres acteurs sociaux impliqués et concernés.

L’une des recommandations importantes adressées à l’Université Laval est la création d’un statut particulier pour les parents-étudiants et proches aidants. L’APÉtUL souhaite que l’UL effectue le recensement de ceux-ci en se basant sur leur déclaration volontaire lors de leur inscription. « C’est très important, parce qu’on est toujours dans des chiffres approximatifs », explique Ndeye Dieynaba.

Le document recommande également à l’Université de travailler à l’implantation de résidences familiales étudiantes sur le campus ou à proximité. «Nous avons déjà entamé des discussions avec le rectorat là-dessus, et je pense que nous pouvons être confiants que ce problème sera résolu. Peut-être pas prochainement, mais ça entre définitivement dans les priorités », nuance Ndeye Dieynaba.

L’APÉtUL plaide globalement pour que les parents-étudiants aient en quelque sorte plus de contrôle sur leurs horaires et leur cheminement. Les recommandations en ce sens sont nombreuses. Elles vont de l’octroiement du statut d’étudiant réputé à temps plein pour des sessions de moins de 12 crédits à l’instauration de congés parentaux et familiaux.

Enfin, les recommandations envoyées aux gouvernements provinciaux et fédéraux concernent surtout l’application de certains programmes sociaux, auxquels les parents-étudiants ne sont pas inclus ou dans lesquels ils se retrouvent désavantagés dans notre société.

Des félicitations de tous horizons

Plusieurs représentants des associations de cycles ainsi que de la direction de l’Université Laval étaient présents lors de la conférence de presse. Ils n’ont pas tari d’éloges envers le travail de l’APÉtUL.

« Je vous lève mon chapeau mesdames pour ce document de 163 pages, considérant que vous avez un million d’autres choses à faire », souligne d’emblée Samuel Rouette-Fiset, qui est président de la CADEUL. Il mentionne au passage la similarité des recommandations de l’APÉtUL par rapport à celles qu’ont publiées l’association de premier cycle dans leur Avis sur la situation des parents-étudiants à l’Université Laval, paru le 17 novembre dernier.

Le président de l’AELIÉS, Pierre Parent-Sirois, a aussi remercié l’APÉTUL pour son travail exemplaire. « Le dépôt du mémoire symbolise un autre pas dans la bonne direction pour la cause des parents-étudiants », soutient-il.

La vice-rectrice, Caroline Sénécal, a pour sa part réaffirmé l’appui de l’Université envers la démarche de l’APÉtUL. Elle a annoncé la formation d’un groupe de travail qui, dès le retour des fêtes, planchera sur l’élaboration d’une politique familiale universitaire. « C’est un projet que notre rectrice Sophie D’amours a beaucoup à coeur et qui permettrait d’avoir des chances égalitaires de réussite pour toutes et pour tous », déclare-t-elle.

L’Université Laval souhaite implanter sa future politique familiale dans les plus brefs délais. « Nous serons peut-être la première université à la faire », se réjouit en ce sens le directeur des services aux étudiants, Denis Bussière, mentionnant tout de même le travail que l’UQAM a pour sa part déjà entamé.

Il reste maintenant à voir quelles recommandations seront retenues et si les revendications de l’APÉtUL seront entendues par les différents paliers gouvernementaux.

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