Congestion routière: L’UL en mode solutions

Sans cesse grandissante, la congestion routière entre Lévis et Québec continue de faire jaser. Une partie de la solution pourrait se trouver à l’Université Laval en adaptant l’horaire des cours en fonction des heures des pointe. D’autres institutions scolaires ont déjà adopté de telles mesures.  

Questionné à savoir si l’heure du début des cours l’Université Laval pourrait être repoussée à 9 h 30 afin de désengorger le trafic sur les ponts, le conseiller du vice-rectorat au développement, Pierre Lemay, tempère son point de vue. « Nous ne sommes pas fermés à l’idée, mais présentement, nos efforts sont ailleurs, lance-t-il. Cette avenue pourrait être exploitée éventuellement. »

À l’heure actuelle, le programme de développement durable UL consacre toutefois ses énergies à deux axes principaux : le déplacement alternatif (covoiturage, vélo, bus) et la formation à distance, dont l’offre de cours atteint maintenant les 800 possibilités. « On veut amener tout le monde à opter progressivement pour d’autres moyens que la voiture, poursuit M. Lemay. Simultanément, quand un étudiant prend un cours en ligne, on vient de réduire la congestion et les déplacements. »

Plus récemment, l’Université Laval a créé un groupe de travail qui sera chargé d’analyser le tracé du Service rapide par bus Québec-Lévis (SRB). « Le tracé préliminaire prévoit un passage du SRB sur Robert-Bourassa, avec entrée sur le campus via la rue de la Foresterie. Le groupe de travail examinera les potentiels d’optimisation de ce tracé afin de, si possible, mieux desservir le campus », peut-on lire sur la page Facebook du département de développement durable.

Les deux côtés de la médaille

Ailleurs à Québec, ils sont plusieurs à appuyer cette idée de changement d’horaires à l’Université Laval pour décongestionner les routes. Le candidat à la chefferie de Démocratie Québec aux élections municipales de 2017, François Marchand, et le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec, Alain Aubut, sont de ce lot.

Le matin, entre 6 h 30 et 8 h 15, les autobus de la Société de transport de Lévis (STL) sont pleins à craquer et ne peuvent pas desservir tous les usagers vers l’Université Laval. Tant de problèmes qui pourraient se régler partiellement par un changement d’horaire à l’interne, selon le président de l’entreprise, Michel Patry. « Si on modifie les heures de cours pour être à l’extérieur du créneau des heures de pointe, c’est un avantage énorme, explique-t-il. On libère des bus, et il y a plus de possibilités, de fréquences. »

Cette interrogation n’est pas nouvelle dans la région de Québec. La STL collabore déjà avec d’autres institutions scolaires ayant modifié leur horaire pour l’adapter à celui des transports en commun. Un geste semblant jusqu’ici faire l’unanimité, du moins au niveau secondaire et collégial. « On a rencontré le Collège de Lévis et l’école Marcelle-Mallet, et ils ont ajusté leur horaire pour permettre à leurs étudiants de prendre le bus à des heures distinctes, poursuit M. Patry. Nous, on le fait déjà, on peut les servir plus adéquatement. »

Il ne serait toutefois pas si simple pour une université d’envergure comme celle de Québec d’étaler son offre de cours. La gestion des activités facultatives, d’associations ou de formations – la vie étudiante en général autrement dit – pourrait en écoper. « L’enjeu est fondamental et ça implique toute une réflexion pour les étudiants, indique Pierre Lemay. Si des cours se chevauchent, beaucoup de choses le pourraient aussi et ce ne serait pas évident de gérer l’occupation de l’espace. »

Au-delà du campus

Dans la ville de Québec, certaines entreprises auraient également intérêt à emboîter le pas en modifiant leur emploi du temps, selon M. Patry. Celui-ci souligne que des centaines de salariés convergent vers ces grands centres chaque jour. Les Desjardins, Industrielle Alliance ou SSQ de ce monde pourraient donc prendre part au mouvement. « Ce sont des repères, et ça pourrait être également envisagé de regarder les horaires de ces institutions-là, poursuit-il. On peut même possiblement penser au gouvernement. »

Entièrement gratuit dans un rayon 75 km, le service de covoiturage en ligne de l’Université Laval permet d’ailleurs à des centaines d’étudiants et d’employés de se trouver sur le campus. Dorénavant disponible sur téléphone intelligent, l’application existe depuis une dizaine d’années et incarne l’objectif principal de développement durable, selon le conseiller. Il s’agit « de mettre en place des moyens vers une offre de déplacement alternatif et un changement de comportement ».

Plus largement encore, Michel Patry parle d’une culture à changer sur la mobilité durable en Amérique du Nord. Le règne de la voiture devrait, selon lui, se confronter à de nouvelles mentalités. « Il faut améliorer l’offre, mais aussi inciter les gens, conclut-il. Certains ne prendront jamais le bus, même s’il passe tout près, puisqu’ils sont accros à l’automobile. Le changement peut se faire petit à petit, par la qualité, la fidélité et la fréquence de l’offre. »

Des étudiants réagissent

Des étudiants de l’Université Laval concernés par l’enjeu de congestion ont accepté de réagir auprès d’Impact Campus. Ces résidents de Lévis peuvent témoigner de leur expérience avec le trafic quotidien.

Au baccalauréat en communications, Chloée Delisle estime que l’idée d’étaler les cours est pertinente et qu’elle pourrait être une partie de la solution aux congestions. L’étudiante de 21 ans se pose toutefois certaines questions. « Je ne pense pas que c’est une mauvaise idée, mais si on repousse d’une heure, est-ce que ça signifie que l’on termine une heure plus tard, se demande-t-elle. Ça ne ferait seulement que changer le problème de place. »

Habitant à St-Nicolas, l’étudiante en enseignement de l’anglais langue seconde, Florence Couture, ne se dit quant à elle pas satisfaite de l’offre de transport en commun sur la Rive-Sud. Elle utilise donc sa voiture chaque jour et avoue ne pas avoir à vivre une congestion catastrophique, elle qui demeure tout près des ponts. Florence encourage toutefois les résidents de régions plus éloignées à covoiturer. « On peut utiliser les voies rapides sur les routes lorsqu’on est plus de trois passagers, et, en plus, ça ne fait qu’une seule voiture à stationner », indique-t-elle.

De son côté, l’étudiant au baccalauréat en musique Jean-François Lemieux vit la congestion chaque jour. Sa réalité l’amène régulièrement à devoir planifier ses heures de repos . « Les sacrifices, ils sont surtout sur le plan du sommeil, exprime-t-il. Je dois me coucher plus tôt, car je me lève à 6h pour pouvoir partir vers 7h quand j’ai des cours à 8h30. » Jean-François admet ainsi que la division du traffic le matin est une bonne option.

La congestion routière en chiffres

30 % : Fraction des automobiles circulant à Lévis le matin qui empruntent les ponts, soit 18 100 véhicules.

27,8 % : Hausse de la durée de l’heure de pointe en 20 ans.

70 % : Augmentation du temps de déplacement sur la Rive-Sud.

Source : Ville de Québec
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