Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes au Canada  

Marci Ien, ministre des Femmes et de l’Égalité des genres et de la Jeunesse, a fait une déclaration ce matin à l’occasion de la ‘Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes au Canada’, où elle invite à écouter les personnes survivantes et les spécialistes qui interviennent sur le terrain: « Il est essentiel d’impliquer toute la population du Canada – y compris les hommes et les garçons – pour changer les normes, les attitudes et les comportements de la société qui contribuent à la violence fondée sur le sexe. » Aujourd’hui, nous vous présentons quelque un.es de ces spécialistes.

Par Léon Bodier, journaliste multimédia et Noémie Fontaine, directrice aux arts à Chyz 94.

 

Gisèle Pelicot 

Rares celles et ceux n’ayant pas encore entendu parler de l’affaire Mazan : procès d’un mari qui a drogué sa femme pour la faire violer par des dizaines d’inconnus sur une décennie. La semaine dernière, mercredi 27 novembre, l’avocate générale Laure Chabaud a conclu les réquisitions avec un message pour l’après-procès :

 « [A]vec votre verdict, vous signifierez que le viol ordinaire n’existe pas, que le viol accidentel ou involontaire n’existe pas. Votre verdict sera un message d’espoir aux victimes, et rendra une part d’humanité à Gisèle Pelicot. Par votre verdict, vous direz aux femmes de ce pays qu’il n’y a pas de fatalité à subir et aux hommes de ce pays qu’il n’y a pas de fatalité à agir. Par votre verdict, vous nous guiderez dans l’éducation de nos fils, car au-delà de la justice c’est dans l’éducation que devra se faire le changement pour qu’il s’inscrive dans la durée. »

Cette clôture foudroyante fait entrer, ce lundi 2 décembre, la cour criminelle du Vaucluse en France dans la dernière ligne droite du procès avec les plaidoiries de la défense, permettant d’envisager le sort réservé aux 51 coaccusés d’ici au 20 décembre.

 

12 jours d’actions contre les violences faites aux femmes

polymtl.ca

Par son courage, Gisèle Pelicot, femme de 71 ans originaire d’Avignon, est sur le point de transformer profondément le paysage sociétal en France. Ces événements marquants résonnent à l’échelle internationale alors que touche à sa fin la campagne de sensibilisation québécoise des 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes, tenue chaque année du 25 novembre au 6 décembre.

Le 25 novembre correspond à la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, instituée par l’ONU en 1999, tandis que le 6 décembre commémore la Tuerie de l’École Polytechnique de Montréal, où 14 femmes ont été assassinées en 1989 pour la simple raison qu’elles étaient des femmes : « Ces dates nous rappellent l’importance de poursuivre les initiatives et actions pour défendre les droits des femmes à vivre dignement, dans une société exempte de violence à leur égard. »

 

Action éphémère à l’Université Laval

De son côté, le Comité de Conditions de Vie et de Travail des Femmes (CCVTF) – donc la section locale 501 du syndicat des Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce (TUAC) – est venu au Pavillon Alphonse-Desjardins de l’Université Laval ce mardi 3 décembre pour installer un « Mémorial de chaussures » dans le cadre de la journée de commémoration et d’action qui s’en vient :

« Pourquoi les chaussures ? Les chaussures représentent les femmes qui ont été tuées dans le cadre de violences conjugales par un conjoint violent. (…) Les chaussures représentent toutes les femmes de toutes les classes de la société, parce qu’on retrouve de la violence dans tous les milieux (…) en été, en hiver…»

Focalisé particulièrement sur les victimes de violences conjugales, Isabelle Roy secrétaire-trésorière des TUAC 501, explique pourquoi cette action éphémère, que le syndicat tient à monter tous les ans depuis 2003, se trouvait à l’UL cette année :

« On essaye de trouver un endroit où on peut sensibiliser le plus de personnes, donc l’Université est un endroit intéressant, il y avait beaucoup de circulation. Puis on a différentes populations au niveau de l’âge qu’on touche, principalement des jeunes par ce que la violence, ça commence très tôt, aux couples de jeunes ça arrive aussi. »

Les missions des TUAC

Les TUAC remarquent que, malgré les efforts du gouvernement fédéral pour élaborer une stratégie nationale visant à lutter contre la crise du logement et la violence sexiste, les ressources financières dédiées à l’éradication des violences faites aux femmes restent largement insuffisantes à travers le pays. C’est pourquoi les TUAC font un point d’effort à soutenir activement Women’s Shelters Canada, soulignant le besoin primordial d’options de relogements aux femmes victimes de violences familiales. Parallèlement, les TUAC Canada mènent une campagne revendiquant des congés rémunérés, des jours sans solde et des horaires flexibles pour les victimes de violence familiale, soulignant que ce genre de soutien est nécessaire pour les travailleuses ayant été confrontées à ce type de violence (plus de 1/3 des Canadiennes de plus de 16 ans).

« Chaque pas que nous faisons ensemble avec la force et la solidarité que nous avons en tant que travailleurs et travailleuses syndiqués est important pour le travail de grandes et de plus petites envergures nécessaires pour venir à bout de la violence contre les femmes et les enfants au Canada. »

csf.gouv.qc.ca

Campagne de sensibilisation à Chyz 94.

Afin d’également participer aux efforts, Noémie Fontaine à CHYZ 94., la radio des étudiant.es de l’Université Laval, a accueilli sur Chéri.e J’arrive plusieurs invitées prêtes à partager leur expertise autour de la sensibilisation contre les féminicides, la coercition reproductive ou encore la place accordée à la pénétration dans les relations sexuelles.

  • 04/12 : Entrevue avec Isabelle Roy (secrétaire-trésorière des TUAC 501) suite à l’action éphémère du mémorial de chaussures féminines dans le cadre de la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes à l’Université Laval : cliquez ici pour écouter.
  • 05/12 :Entrevue avec L’instigatrice du projet « C’est + que pas correct » Maude Bouchard (professeure au baccalauréat en design graphique de l’Université Laval) ainsi que la spécialiste de contenus Sylvie Lévesque (chercheure, professeure de sexologie à l’UQAM et pionnière de plusieurs études sur le sujet au Québec) : cliquez ici pour écouter.
  • 06/12 : Entrevue avec Gabrielle Thouin (artiste indépendante et réalisatrice sonore de contre toute attente, un balado documentaire sur la place accordée à la pénétration dans les relations sexuelles) : bientôt sur vos ondes !

Pour en apprendre plus sur les missions des trois invitées de Noémie, rendez-vous sur leur plateforme  : https://linktr.ee/plusquepascorrect et https://transistor.media/balado/contre-toute-attente/

Que faire de votre côté ?

Le Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGF-CN) invite à se rassembler aujourd’hui (vendredi le 6 décembre) de 12h à 13h15 au Parc de l’Amérique-Française :

« Le RGF-CN regroupe des groupes de femmes et féministes de la région de la Capitale-Nationale et travaille la défense des droits et des intérêts de toutes les femmes, l’égalité des femmes entre elles et l’amélioration des conditions de vie. »

RGF-CN

« C’est aussi une occasion pour nous, militantes et militants, de nous réunir et de réaffirmer notre engagement à appuyer les initiatives qui visent à combattre la violence sexiste dans nos collectivités. »

Par ailleurs, ce vendredi 6 décembre, les TUAC urgent « les militant(e)s à participer aux veillées qui se tiennent un peu partout au pays en l’occasion et à appuyer l’initiative du mot-clic #PAScorrect et la campagne des Roses de la YWCA dans le but de contribuer à éliminer la violence sexiste. »

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