Crédit photo : Antoine Morin-Racine

La grève des chargé.es de cours se poursuit pour une deuxième semaine

Après déjà deux jours de grève la semaine dernière, les chargé.es de cours ont continué leur débrayage lundi et mardi. Malgré un retour au travail à partir de mercredi, la grève se poursuivra durant toute la semaine du 26 février. Le syndicat a également convoqué ses membres à une assemblée générale le lundi en revenant de la semaine de relâche lors de laquelle une grève générale illimitée pourrait être déclarée. 

Par Antoine Morin-Racine, chef de pupitre aux actualités

Les négociations étant encore bloquées sur des questions de salaires, le Syndicat des chargées et chargés de cours (SCCCUL) a mené une série d’actions en début de semaine pour « se faire voir et entendre l’employeur.»

À moins d’une entente dans les prochains jours, leur grève immobilisera la période d’examen de la mi-session et pourrait même se prolonger après la relâche.

Deux jours d’actions

La mobilisation a commencé lundi midi avec un rassemblement en face de la Tour de l’Éducation qui se transformera en une action de visibilité au pavillon Pollack, où se déroulait une rencontre entre le syndicat, l’administration et le conciliateur.

Crédit photo : Antoine Morin-Racine

Malgré la température, Élisabeth Cyr, vice-présidente à la mobilisation, s’est dite confiante du moral de ses troupes, spécifiant que “la balle est dans le camp de l’employeur” quant à l’avenir des négociations.

On a pu entendre les chargé.es de cours venir supporter leur équipe de négociation en rencontre au pavillon Desjardins-Pollack lundi midi, Crédit photo : Antoine Morin-Racine

 

Louis Emond, président du SCCCUL (droite) et Louis Lefrançois, vice-président aux relations de travail du SCCCUL (gauche). Crédit photo : Antoine Morin-Racine

«Personne a le goût de faire la grève, surtout à -25 !», a avoué Sylvain Marois, vice-président aux relations intersyndicales. Celui-ci avance que les augmentations de salaire que propose la direction ne suivent pas l’inflation. «En plus d’être contractuel, on va être pauvre», déplore-t-il. L’une des demandes syndicales qui fait bloquer la négociation consiste effectivement en un rattrapage des salaires quant à l’inflation record des dernières années.

Jean Ruel (gauche), vice-président du syndicat des professeurs était présent en support au SCCCUL lors du rassemblement de lundi midi. Photographié aux côtés de Sylvain Marois (droite), vice-président du SCCCUL aux relations intersyndicales.

Les grévistes se sont ensuite dirigé.es au centre-ville pour une action aux abords de l’édifice La Fabrique dans Saint-Roch. Le député de Jean-Lesage Sol Zanetti était présent, en solidarité avec les grévistes.

Crédit photo : CSN, Conseil Central Québec-Chaudière-Appalaches

 

Crédit photo : CSN, Conseil Central Québec-Chaudière-Appalaches

Malgré les rencontres avec le conciliateur et la partie patronale qui se sont poursuivies mardi, les membres se sont tout de même mobilisé.es pour une deuxième journée. Réuni.es à l’atrium du pavillon DeKoninck à 11h, les grévistes se sont déplacé.es au stade Telus où se tenait le lancement de la Campagne Communauté ULaval. Par une température avoisinant les -20 degrés Celsius, les chargé.es de cours se sont fait entendre lors de l’événement organisé en collaboration avec Direction de la philanthropie et Sodexo.

 

Des membres du SCCCUL étaient présent.es pour l’inauguration symbolique de la patinoire du Stade Telus lors de la célébration de mardi midi. Crédit photo : Antoine Morin-Racine

La rectrice était présente pour l’occasion, mais a refusé de répondre aux questions d’Impact Campus.

Crédit photo : Antoine Morin-Racine

Le vice-recteur aux ressources humaines, André Darveau a par contre signifié que les négociations se déroulaient comme prévu et qu’il espérait un déblocage des négociations bientôt.

Plusieurs chargé.es de cours présent.es ont exprimé leur mécontentement quant au déclenchement de la grève. Une chargée de cours au département d’éducation physique s’est dite déçue de la rigidité de l’administration considérant la situation similaire avec la grève des professeur.es à pareilles dates l’année dernière. Abondant dans le même sens, un chargé de cours en mathématique a décrit la grève comme «nécessaire» après un an sans contrat de travail. Celui-ci a qualifié les augmentations salariales de 28% proposées par le syndicat de rattrapage nécessaire à l’augmentation du coût de la vie.

«On ne règlera pas à rabais» – Louis Emond

Les membres ont aussi profité de ces deux jours de grève pour continuer leur affichage sur le campus. Bien que les cours en présentiel ne soient pas piquetés physiquement, le syndicat informe que des équipes de membres sont tâchées de veiller au respect du droit de grève sur le campus.

Déjà du brisage de grève ?

L’équipe d’Impact Campus a eu vent de personnes chargée de cours qui envoyaient des courriels lors des jours de grève. Bien que certain.es chargé.es puissent en ressentir le besoin, il leur est interdit de communiquer avec leurs élèves.  Malgré les gabarits de messages automatiques mis à disposition par le syndicat, les portails de plusieurs cours sont toujours actifs et certain.es chargé.es ont communiqué de la matière ainsi que des dates d’examens à leurs étudiant.es.

Élisabeth Cyr, vice-présidente à la mobilisation et chargée de cours à l’École de Langue, admet la difficulté d’empêcher ce genre de comportement, particulièrement en ce qui a trait aux cours en ligne. Les contrevenant.es s’exposent à de possibles poursuites en droit du travail qui seraient intentées en collaboration avec la Fédération nationale des enseignants et enseignantes du Québec (FNEEQ-CSN).

Et les étudiant.es dans tout ça ?

Les grévistes étant responsables d’environ la moitié des cours à l’Université, la population étudiante ne sortira pas indemne de cette grève. Avec des souvenirs de l’an passé en tête, plusieurs étudiant.es sont inquiet.ètes de la prolongation du débrayage.

Une étudiante en enseignement de l’histoire au secondaire témoigne que son stage sera probablement affecté par la grève et que «ne pas avoir l’occasion de poser de question à [sa] personnes-ressources» occasionnerait beaucoup de stress. Une autre étudiante du même programme a avoué être inquiète que son enseignant leur “fait faire le double de lecture pendant la relâche pour «rattraper le temps.»

Une étudiante en nutrition a également confié à Impact Campus que la matière à étudier pour un examen qui s’en vient n’avait pas pu être donnée au complet et que, dans l’impossibilité d’entrer en contact avec l’enseignant.e, la classe ne savait pas s’il allait avoir lieu ou non.

Certain.es, par contre, comme Alison Morrissette, en première année du baccalauréat en graphisme, le prennent plus légèrement. «Certains travaux ont été allégés et d’autres annulés à cause de la grève. Ça me donne une pause et me permet de mieux investir mon temps dans d’autres travaux ou ailleurs dans ma vie personnelle. Je dois aussi faire 40 minutes de bus pour me rendre à mon pavillon et ne pas devoir y aller allège ma routine», dit-elle.

En plus des étudiant.es, le travail de plusieurs auxiliaires d’enseignement est également affecté par la grève. Elleux qui ne travaillent pas qu’avec des professeur.es, mais aussi avec des chargé.es de cours.

Même si le travail reprendra à partir de mercredi, cinq jours de grève ont été annoncés mardi midi pour la semaine prochaine. Il reste encore six jours de débrayage au syndicat qu’iels ont la possibilité d’utiliser durant la semaine prochaine. Dans l’éventualité que le conflit se poursuive, une assemblée générale pour voter des jours de grève supplémentaires, ou même la grève générale illimitée, serait prévue lors du dernier jour de grève qu’iels leur restent, le lundi en revenant de la relâche.

En date du 21 février, les partis ont convenu d’une «hypothèse d’entente» qui pourrait mener au débouchement des négociations. Les cinq jours de grève prévus dans la semaine du 26 février sont donc annulés pendant que l’administration et le syndicat étudient leurs offres respectives. La grève pourrait cependant recommencer dans l’éventualité où l’un des deux partis n’accepte pas cette «hypothèse d’entente». 

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