La société des vierges offensées

 

Avant de commencer, je vais jouer vous conter une petite anecdote. J’avais environ 10 ans, et c’était le voyage familial annuel à Ogunquit (Maine). Comme à chaque année je m’amusais à jouer à la raquette de plage contre le mur de béton protégeant l’auberge des marées. Je rate mon coup et je lance un « fuck off » bien franc. Une femme, une américaine je présume, me regarde, l’air consterné, effaré. Son monde venait de s’écrouler. Le « fuck », aussi représenté par le doigt d’honneur, méritait pratiquement que je retourne dans mon pays, au plus sacrant.

Ceci dit, le spectacle du 46ième Super Bowl en était un sans grandes failles. La mise en scène était spectaculaire et la madone, qui nous visitera bientôt, brillait de ses milles costumes.  Encore une fois l’aspect « lip sing » était agaçant mais que voulez-vous, c’est monnaie courante dans ce genre d’événement.

Mais ! Comme c’est trop souvent le cas, un geste discutable d’un artiste est venu assombrir cette belle démonstration de la culture mainstream américaine. La chanteuse M.I.A. n’a pas pu s’empêcher de lancer un doigt d’honneur devant les 110 millions de téléspectateurs du réseau NBC qui diffusait en direct les images des célébrations. Dans le feu de l’action, et dans le feu de chanson, elle lance un mémorable « and I don’t give a shit », accompagné de son doigt du milieu, qu’elle a jolie d’ailleurs. J’imagine la dame de la plage, elle est probablement toujours aux soins intensifs.

Il faut manquer de jugement quelque-part. Connaissant la sensibilité qu’a certains membres du public, pourquoi provoquer et pourquoi lancer un doigt d’honneur, sachant très bien que ce n’est pas accepté. Les vidéoclips sont censurés dès qu’une phalange du majeur s’élève un tant soit peu au-dessus de ses camarades.

Mais bon, nous les Québécois voyageant à Ogunquit, on peut se questionner. Pourquoi, en 2012, un simple doigt d’honneur devient-il un geste répréhensible nécessitant des excuses des grands patrons de la Ligue nationale de football (NFL) ? Je comprends la situation, mais c’est là que je décroche.

Enfin, lorsque vous irez aux Etats-Unis, je vous souhaite qu’il n’y ait pas de phoques dans l’eau. 

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