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Parti québécois : renaître ou mourir ?

Depuis les élections d’octobre 2018, nombreux sont les experts qui se sont prononcés sur l’avenir du Parti québécois. Même que, certains d’entre eux n’hésitent pas à énoncer la fin du parti souverainiste.

À l’Université Laval, le professeur de science politique, Éric Montigny, a publié à la fin de l’année 2018 une édition revue et augmentée de son livre Leadership et militantisme au Parti québécois, de Lévesque à Lisée. L’ouvrage est capital pour les lecteurs qui désirent comprendre l’évolution du PQ depuis sa fondation en 1968. Impact Campus s’est entretenu avec le professeur à ce sujet.

Le 1er octobre 2018, le Parti québécois a subi la pire défaite de son histoire. Avec 17,1 % des voix et, maintenant, 9 députés représentants ses couleurs à l’Assemblée nationale, la formation politique vit une importante remise en question.

Pour Éric Montigny, chercheur associé à la Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires et professeur en science politique, de nombreuses raisons expliquent le résultat sans précédent d’octobre dernier.

Un parti de pouvoir

Au moment de sa fondation, le Parti québécois était décrit comme un parti d’idées, militant pour un projet politique : l’indépendance du Québec. Toutefois, l’échec de 1995 et la démission de Jacques Parizeau sonneront la fin d’une ère au PQ.

«Avec l’arrivée de Lucien Bouchard s’amorce une transformation, lente, mais réelle. Petit à petit, le PQ deviendra un parti de pouvoir. Un parti qui priorise des objectifs pragmatiques plutôt qu’une cause», écrit l’expert dans son livre.

Le pouvoir devenait donc plus important que d’atteindre l’objectif premier : la souveraineté, ajoute-t-il en entrevue. Cette décision aura un impact majeur sur l’évolution du parti.

Depuis près de 25 ans, cet objectif de prise de pouvoir va amener de nombreuses stratégies de la part des chefs péquistes. «On a vu toutes sortes de stratégie, comme les conditions gagnantesl’assurance morale de gagner de Landry, la gouvernance souverainiste du gouvernement Marois pour dire que, dans le fond, votez pour nous, mais on ne fera l’indépendance», explique le professeur.

Lors de la dernière élection, Jean-François Lisée et les membres du Parti québécois ont accepté de repousser le référendum à plus tard, lors d’un second mandat. Une décision qui n’est pas sans conséquence, selon Éric Montigny. «Ils pensaient qu’en mettant de côté l’indépendance, ça allait rassurer les gens qui étaient plus réfractaires, mais ça l’a fait l’effet inverse», souligne-t-il.

La centralisation du pouvoir

Depuis la défaite référendaire de 1995, le Parti québécois a «résolument emprunté» une trajectoire de centralisation des pouvoirs autour du chef, mentionne le politologue dans son ouvrage. Une centralisation qui s’est concrétisée avec l’arrivée au pouvoir de Pauline Marois et qui est essentielle pour comprendre l’actuelle situation du PQ, ajoute-t-il

Dans Leadership et militantisme au Parti québécois, l’auteur énumère quelques changements internes liés à la «dédémocratisation» du PQ : la modification du programme du Parti par le ou la chef, la dissolution d’un club politique, le SPQ libre, et la sélection des candidats aux élections, un pouvoir qui était auparavant réservé aux militants locaux.

De plus, depuis 2005, le nombre de Congrès national est diminué de moitié, alors qu’il ne se réunit plus tous les deux ans, mais aux quatre ans. «De façon indirecte, cela a eu pour effet de réduire de moitié le nombre de votes de confiance auquel doit faire face un chef du PQ», écrit Éric Montigny.

Toutefois, l’expert rappelle que cette centralisation ne pouvait se réaliser sans les membres du parti qui ont adhéré à ces propositions.

L’avenir du Parti québécois

L’arrivée de nouveaux partis tels que la Coalition avenir Québec et Québec solidaire rend la tâche encore plus difficile pour le parti de René Lévesque. D’un côté, le PQ perd des votes à gauche et la CAQ devient «le principal parti nationaliste au Québec», explique M. Montigny.

Malgré tout, il serait erroné de parler de la fin du Parti québécois, estime le politologue. «Plusieurs parlent de la mort du PQ, moi je dirais que c’est son statut de parti majeur qui est vraiment menacé», nous dit-il en spécifiant toutefois que le chef péquiste «n’est plus le chef du mouvement souverainiste aujourd’hui».

Pour l’avenir du parti, le professeur fait quelques constats. «Un des problèmes fondamentaux, c’est qu’on a beaucoup misé sur la prise du pouvoir au détriment de l’indépendance», croit-il.

D’après le professeur, la littérature scientifique relate que, la plupart du temps, lorsqu’un parti va avoir un choc, comme c’est le cas actuellement au PQ, ce dernier va tenter de revenir à sa base. Il ne serait donc pas surprenant de voir le Parti québécois mettre l’indépendance de l’avant lors de la prochaine élection.

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