Quand les colocataires ont trop d’emprises sur nos vies

La vie en colocation est le quotidien de bon nombre d’étudiants. Pour certains, ce vivre ensemble est heureux. Pour d’autres, ça tourne au vinaigre et les conflits arrivent. Cela peut avoir un impact psychologique sur les colocataires. Impact Campus a rencontré un psychologue pour analyser ces troubles.

Marie-Ève Duchesne

La colocation apporte son lot de bons moments… et de désagréments. En début de session, tout va bien. Mais en cours de route, la situation se détériore et la discorde s’installe. Des problèmes comme le fait qu’un ne fasse pas ses tâches ou qu’il fasse trop de bruit deviennent récurrents. Parfois, certains conflits sont mal exprimés et restent latents. Ils peuvent même s’accompagner de symptômes psychologiques.

Marcel Bernier, psychologue au Centre d’aide aux étudiants de l’Université Laval, reçoit régulièrement des étudiants affectés par des conflits avec leurs colocataires. Pour lui, les problèmes liés à la vie en colocation sont difficiles à exprimer. « On ne veut pas être contrôlant. On ne veut pas être une source de contrainte », analyse le psychologue.

Symptômes psychologiques

Marcel Bernier constate que, derrière certains problèmes qu’il retrouve fréquemment en consultation, se cache un mal-être à la maison. Les étudiants rencontrés par l’équipe de psychologues éprouvent des symptômes psychologiques qui peuvent parfois affecter leur fonctionnement scolaire. « Quand notre chez soi ne fait plus office de chez soi ou de refuge, alors ça affecte le reste », explique M. Bernier.

Certains étudiants peuvent avoir une faible concentration, de la difficulté dans leurs études, ou des symptômes qui s’apparentent à ceux de la dépression ou de l’anxiété. « Quand il y a des conflits avec les gens avec qui on habite, quand on n’est plus bien chez soi, comment se reposer, se concentrer, ou étudier ? », pointe le psychologue.

À court terme, frustration, colère, sentiment d’injustice ou de ne pas être considéré, sont des effets ressentis par les personnes vivant des problèmes de colocations. À plus long terme, il peut avoir des ruptures de relations amicales, des échecs scolaires ou encore de l’insomnie.

Certains se sentent réellement sous l’emprise de l’autre colocataire. Une étudiante, qui souhaite rester anonyme, témoigne : « À la fin, j’en étais venue au point de pleurer chaque soir avant de dormir tellement j’étais tannée de son emprise sur ma vie ».

Solutions

Marcel Bernier souligne le manque de recours possibles aux problèmes de colocation. « Quand il y a des problèmes avec le propriétaire, on peut recourir à la Régie du logement. Quand il y a des problèmes avec des voisins, on peut s’adresser au propriétaire. Mais quand il y a des problèmes avec les colocs, il faut s’arranger. Il n’y a pas de recours officiel », commente-t-il.

La personne rencontrant des problèmes au sein de sa colocation peut toutefois utiliser plusieurs solutions pour pallier ces désagréments. Avant le début de la colocation, il est possible d’exprimer les attentes que chacun a de l’appartement et du vivre ensemble.

Marcel Bernier croit qu’il vaut en effet mieux prévenir les problèmes avant qu’ils n’arrivent. Dans des cas où une des personnes ne fait pas ses tâches dans l’appartement, une grille peut, par exemple, être mise sur pied chaque semaine entre les colocataires. Une discussion où chacun fait part des « zones non négociables », ou des choses obligatoires à considérer peut aussi être envisageable, selon M. Bernier. « Il s’agit de trouver un équilibre entre s’affirmer, mais tolérer l’autre aussi dans ses différences », nuance le psychologue.

« Il ne faut pas juste s’écouter et communiquer […] il faut aussi agir », manifeste le psychologue.

La Régie du Logement

Que faire lorsque la discussion et la communication ne fonctionnent pas ? En dernier recours, les colocataires ou les propriétaires peuvent faire appel au tribunal de la Régie du logement.

Après avoir épuisé les discussions, un des demandeurs peut se rendre aux comptoirs de la Régie et soumettre un formulaire. La demande officielle est alors envoyée en copie à l’autre partie. Ils seront en attente d’une convocation devant le tribunal de la Régie du logement.

Toutefois, pour Denis Miron, responsable des relations avec les médias de la Régie du logement, il faut éviter de judiciariser les problèmes entre voisins ou propriétaires. « La Régie du logement est un dernier recours », insiste-t-il.

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