Photo : Les élections municipales en questions

Les élections municipales en questions : un vide politique

Près d’une cinquantaine de personnes se sont réunies, mercredi le 18 octobre, pour une seconde soirée Les élections municipales en questions. Cinq experts ont chacun soulevé un enjeu majeur de l’actuelle élection municipale, pour ensuite en discuter avec les gens dans la salle.

La soirée non-partisane poursuit l’objectif de favoriser les discussions et la réflexion des citoyens face à certains enjeux importants tout en profitant de l’expertise des panelistes. Le constat est similaire pour les cinq invités : la campagne municipale 2017 semble vide, sans contenu, ni projets concrets.

Quatre professeurs de l’UL aux profils variés et une journaliste du Journal de Québec, Karine Gagnon, étaient les invités de la soirée. Émilie Raymond, professeure en travail social, Marie-Hélène Vandermissen, professeure en géographie, François Anctil, professeur en génie civil et génie des eaux, et Jean Dubé, professeur en aménagement, représentaient le corps professoral.

Les invités sont unanimes, la campagne municipale de la ville de Québec n’est pas celle que l’on attendait. Des projets écrits sur des coins de table, la congestion routière qui est encore au centre des débats et l’absence de commentaire sur les enjeux climatiques font en sorte que l’élection ne soulève pas les passions dans la population.

En somme, on comprend que la campagne ne devrait pas favoriser un taux de participation plus élevé qu’à l’habitude lors du scrutin, le 5 novembre prochain. Toutefois, les citoyens présents à la soirée ont questionné les experts sur plusieurs enjeux liés aux transports, aux minorités et à l’environnement.

Le transport, encore et encore

Abordé dans la majorité des interventions, le transport est l’enjeu central de l’élection. Marie-Hélène Vandermissen, une référence dans le domaine, répète qu’une augmentation du nombre de routes et d’infrastructures ne changerait rien au problème de congestion.

Pour la professeure en géographie, le transport en commun est « le plus acceptable collectivement ». Elle rajoute toutefois qu’il faut le rendre concurrentiel à l’automobile en terme d’efficacité car cette dernière demeurera toujours la championne du confort. Le transport actif, la marche ou le vélo, doivent aussi être développés pour offrir le choix aux utilisateurs. Le pourcentage de citoyens qui utilisent ce type de transport reste très bas, confirme Jean Dubé.

Au sujet du plan de Québec 21 sur les transports collectifs et la construction d’un troisième lien, Jean Dubé, expert en aménagement, est assez clair : investir dans les deux, « Ça ne va pas ensemble ». « Tu peux pas avoir le beurre et l’argent du beurre », lance-t-il lors de son intervention.

La majorité des propositions en matière de mobilité dans la campagne municipale sont des projets à très long terme, « 10-15 ans », selon l’experte Vandermissen. Elle estime toutefois que des projets sont possibles dans un avenir rapproché. « Il faut travailler sur les heures d’ouverture des grands employeurs, coordonner ainsi les trajets et les heures de passage des Métrobus », une solution qui implique toutefois la discussion et la participation de différents acteurs.

Ramener la fierté aux gens de Québec

Karine Gagnon, journaliste aux affaires municipales pour Le Journal de Québec, qualifie l’élection à Québec de « campagne du vide » et  « décevante ». Aucun projet porteur, tel que nous y avait habitué M. Labeaume, n’est présenté dans la course à la mairie. La journaliste témoigne de projets qui manquent de substance chez les trois principaux partis : « Quand arrive le temps des explications, on sait très peu où on s’en va. ».

Durant les discussions, plusieurs ont rapporté l’idée que Québec était à nouveau une ville divisée, entre le centre et les banlieues, une ville où il est difficile de faire des projets et une ville où l’idée de collectivité semble plutôt rare.

« La fierté s’était réinstallée à Québec lors du 400e, mais on est revenu aux vieux démons. Moi ça me fait peur, c’est difficile de changer les choses à Québec. », déclare la journaliste en réponse à une jeune dame qui se questionnait sur comment ramener l’idée d’une ville idéale.

Les oubliés

Le professeur en génie civil et génie des eaux, François Anctil, a été troublé de savoir qu’un candidat se prononce comme climatosceptique est qu’ensuite « aucune déclaration, aucun débat ni aucun commentaire ne soit fait ». Il rajoute qu’aucun parti ne semble vouloir jouer un rôle face aux changements climatiques.

Durant son intervention, Émilie Raymond, professeure de travail social, se dit «sidérée de constater l’absence presque total des questions sociales. Elle souligne le contexte de tension à Québec, alimenté par certains animateurs de radio, ainsi qu’un climat post-attentat qui n’a pas du tout été mentionné par l’un ou l’autre des candidats.

La professeure de travail social, qui se décrit elle-même comme quelqu’un qui ne suit habituellement pas les élections municipales, considère la campagne comme une « campagne vraiment décourageante ».

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