En septembre dernier, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a annoncé l’implantation d’une faculté de médecine à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) d’ici 2020. Bien que cette nouvelle ait suscité l’enthousiasme dans cette région, certains aspects de cette entente en irritent d’autres.
C’est notamment le cas du directeur général de l’organisation Impératif français, Jean-Paul Perreault, qui remet en question le fait qu’une partie importante de la formation soit tenue uniquement en anglais dans la faculté de médecine de l’Université McGill.
« Ce qu’il faut savoir, c’est que l’enseignement magistral des trois premiers semestres sera donné via vidéoconférence en anglais seulement, explique-t-il. Cela signifie que les cours des 18 premiers mois seront uniquement en anglais. Imaginez qu’on demande à des étudiants de Toronto de faire des cours en français sur vidéo pendant 18 mois pour obtenir leur diplôme. C’est un non-sens pur et simple, un véritable manque de respect. »
Il dénonce également le fait que le gouvernement ait utilisé des chiffres erronés, selon lui, pour mieux faire avaler la pilule linguistique en lien avec cette formation. En effet, lors de son point de presse annonçant le lancement de cette faculté, Philippe Couillard mentionnait que seulement 8 % de la formation serait donnée en anglais.
Jean-Paul Perreault affirme qu’il n’est pas normal que le gouvernement du Québec favorise l’éducation anglophone dans la région de l’Outaouais, alors que celle-ci est majoritairement francophone.
Orientation privilégiée
Ce supposé favoritisme ne date pas d’hier, selon le directeur général d’Impératif français. Ce dernier illustre son point de vue avec certaines décisions de Philippe Couillard, prises alors qu’il était ministre de la Santé sous l’ère Jean Charest.
« En 2003, il a divisé le territoire du Québec en créant les réseaux universitaires intégrés de santé, avance-t-il. Le réseau de santé de McGill a obtenu 62 % du territoire québécois à l’intérieur du fameux réseau intégré. Cela veut dire toute la Montérégie, le centre-ville et l’Ouest de Montréal ainsi que toute la partie entre Montréal et l’Outaouais, le Grand Nord, l’Abitibi. »
Le directeur questionne enfin cette imposition de la part de McGill, tandis qu’il existe des universités comme celle de Montréal et de Sherbrooke. Celles-ci ont aussi des facultés satellites dans d’autres universités du Québec et n’imposent pourtant pas de cours en anglais.
Interrogations en Outaouais
M. Perreault a déclaré avoir discuté avec différents groupes de personnes dans la région. Selon lui, il y a un certain sentiment d’interrogation dans la région envers cette future faculté de médecine.
« Les gens ne comprennent pas pourquoi le gouvernement fait ça, martèle-t-il. Ils veulent cette faculté de médecine, et d’ailleurs, elle aurait dû être ouverte depuis longtemps. La question est : pourquoi faire intervenir à ce point une faculté anglophone en Outaouais? »
Un phénomène à craindre?
Celui qui est également gestionnaire souhaite que l’influence linguistique de McGill se fasse à travers le Québec. Il a mentionné que cette université recevait 30 % des revenus universitaires annuels au Québec et que son influence est ainsi plus grande que ce que les gens pourraient croire.
« Depuis 200 ans, McGill contribue à angliciser le Québec. Elle donne des milliers de diplômes chaque année à des étudiants qui ne parlent pas français et qui n’ont pas l’intention de faire rayonner cette langue sur le marché du travail. »
Le français, une obligation
Cette initiative du gouvernement laisse présager la création de nouvelles facultés de médecine à travers le réseau des universités du Québec. Une bonne chose, selon M. Perreault, même si celui-ci trouve désolant que cela ait pris autant de temps pour mettre en place ces départements.
Jean-Paul Perreault affirme que les prochaines régions qui auront leur faculté de médecine devront veiller à ce que le droit d’étudier en français soit respecté pour la totalité de la formation.
Il souhaite ardemment que la population envoie un message au gouvernement, quant à sa responsabilité à défendre les intérêts des Québécois et non ceux d’un établissement anglophone.
Fondé en 1975, Impératif français est une organisation culturelle de recherche qui vise la promotion et la défense du français dans toutes les sphères d’activité de la société québécoise.