Observatoire Mont-Mégantic : Les étudiants en physique prennent la parole

Après la décision du gouvernement fédéral d’accorder le demi-million de dollars nécessaire à la survie de l’Observatoire du Mont-Mégantic (OMM), l’Association des étudiantes et étudiants gradués en physique de l’Université Laval (AEEGPUL) a tenu à dénoncer « la situation incertaine du financement de l’OMM ».

La situation de l’OMM a connu son lot de rebondissements ces dernières semaines. Après l’annonce, mercredi 11 février, de la fermeture de l’Observatoire en raison de difficultés financières dues à l’arrivée à échéance d’une subvention fédérale, le bureau du ministre fédéral de l’Industrie a annoncé, le jour même, que les 500 000 dollars nécessaires pour sauver l’OMM seraient débloqués pour les deux prochaines années.

Alors que la première annonce de fermeture du site avait suscité de vives réactions, autant dans les sphères scientifiques que politiques, les étudiants gradués de département de physique de l’UL ont eux aussi souhaité réagir à ce revirement de situation.

Une situation précaire

Même si l’OMM a été épargné in extremis de la fermeture et a obtenu une prolongation de son financement pour les deux prochaines années, Ludovic Vézina, président de l’AEEGPUL, dénonce la précarité de cette situation : « La structure du financement a beaucoup été bouleversée en sciences dernièrement. Ce qui fait que le financement de l’Observatoire était toujours sur base occasionnelle. » Selon l’étudiant, il faudrait un programme stable qui permette un financement sur le long terme.

Une vision que partage le VP communications de l’AEEGPUL, Jean-Luc Déziel : « Deux ans, c’est rien ! On ne peut pas avoir une sécurité avec deux ans. Il y a des gens qui bâtissent leur carrière avec cet observatoire-là. Deux ans, c’est ridicule ! Ce qu’on veut, c’est quelque chose de sécuritaire, qu’on va pouvoir faire rouler longtemps. »

Des compressions préjudiciables

Selon ces porte-paroles des étudiants gradués en physique, la situation de l’OMM est à replacer dans le contexte général des compressions menées par le gouvernement Harper dans le domaine de la recherche qui sont, selon eux, néfastes à bien des égards. « On subit énormément de pression à cause du gouvernement fédéral qui a complètement changé les axes d’orientation de la science au Canada », déplore Jean-Luc Déziel avant de préciser que la recherche fondamentale en est la première victime.

Cet étudiant souligne ce qui relève du non-sens selon lui : « C’est ça qui est arrivé pour l’OMM. Il y a eu un manque à gagner de 500 000 dollars qu’ils ne voulaient pas financer, car l’astrophysique fait partie de la recherche fondamentale. C’est particulier, car ils ont investi 11 millions en matériel pour cet observatoire-là dans les dernières années, mais ils ne veulent pas fournir les 500 000 dollars pour le faire fonctionner. C’est un peu comme acheter une Ferrari et ne pas mettre de gaz dedans ! »

Le programme d’astrophysique potentiellement menacé

Ludovic Vézina et Jean-Luc Déziel le soulignent : la fermeture de l’OMM serait une perte importante pour l’UL, et un drame pour les étudiants en astrophysique. « C’est important pour la recherche à l’UL, déclare Ludovic. Il y a beaucoup de gens dont les recherches dépendent directement des données qu’ils vont recueillir à l’OMM. Si on arrête subitement le financement d’une institution comme celle-là, leur projet tombe à l’eau. » Pour Jean-Luc, la survie du programme en astrophysique de l’Université dépend même de cet Observatoire.

« C’est une position privilégiée qu’on a à l’UL en astrophysique, commente Ludovic. C’est vraiment un avantage que les étudiants en astrophysique ont de pouvoir avoir accès à un observatoire. Ils peuvent aller sur les lieux, prendre les mesures eux-mêmes pour leurs propres recherches. Ce faisant aussi, ils ont une formation pour manipuler des outils comme ceux-là. […] On a ainsi de la main-d’œuvre qualifiée en astrophysique qui contribue vraiment au rayonnement de l’UL. »

Auteur / autrice

  • Margaud Castadère-Ayçoberry

    Derrière ce nom imprononçable aux accents d’outre-Atlantique, cette bordelaise rêve d’ici et d’ailleurs. Récemment graduée en journalisme international, elle poursuit une maîtrise en relations internationales. Journaliste active et enjouée, elle est constamment en quête de nouveaux sujets. Friande d’actualités, elle est aussi à l’aise dans une salle de rédaction, dans un studio de radio, ou à une terrasse de café. Malgré sa petite taille, elle sait se faire entendre et avec elle… le monde bouge !

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