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La paix dans la péninsule coréenne, un chemin parsemé d’embûches

Dans un panel organisé le 22 novembre dernier par le groupe d’études et de recherches sur l’Asie contemporaine (GERAC), le ministre et chef de mission adjoint à l’ambassade de Corée au Canada, Monsieur Bum-soo Kwak et le directeur du GERAC, Gérard Hervouet, se sont réunis pour exposer leurs points de vue sur la résolution du conflit entre le Nord et le Sud en péninsule coréenne. Si les progrès sont au rendez-vous, il existe toujours de nombreux obstacles à franchir pour une paix durable dans la région et rien n’empêcherait le retour des tensions, mentionnent les experts.

Un progrès énorme en seulement un an

Pour marquer l’apaisement des relations entre les deux Corées, l’ambassadeur à rappeler les tensions des dernières années. «Depuis la fin de la guerre de Corée, il y a eu plusieurs événements où les tensions entre les deux pays ont augmentées, mais cette fois, la possibilité d’une guerre était très probable»1, dit-il en faisant référence aux tests nucléaires nord-coréens. Pourtant cette année, trois sommets intercoréens avaient eu lieu, le premier d’entre eux aboutissant à la déclaration de Panmunjom visant à améliorer les relations entre les deux pays.

Il souligne aussi la participation des deux pays sous un même drapeau lors de certains évènements sportifs durant les Jeux asiatiques de 2018, la reprise de la réunion des familles et la création d’un bureau de liaison conjoint.

Cependant, le diplomate émet quelques réserves. Bien que la dénucléarisation de la péninsule soit un objectif vital pour la stabilité de la région, il est aussi très difficile à atteindre. Il est très facile de cacher des sites de lancement de missiles et d’enrichissement d’uranium, croit Bum-soo Kwak. De plus, il est quasi impossible de retirer l’expertise nucléaire des Nord-Coréens. Finalement, après avoir eu quelques concessions, rien n’empêche le pays de faire marche arrière et de relancer un programme nucléaire. Il ajoute que «la confiance est la clé qui nous mènera sur la bonne voie».

M. Kwak termine en précisant que la Corée du Sud n’est ni naïve ni trop optimiste, mais qu’il faut maintenir cet élan vers une paix durable.

Le problème américain

«Ce qui est très positif et qu’on observe depuis maintenant un an, c’est qu’on n’a pas eu d’essais nucléaires et pas d’essais de missiles, commence le professeur Hervouet, pourvu que ça dure». Par contre, la grande différence qui est encourageante, c’est l’implication des dirigeants coréens dans les négociations. Il y a eu des négociations pendant de nombreuses années, mais ce n’était pas les chefs d’État qui négociaient entre eux, mais de hauts fonctionnaires des deux camps. Il précise que : «Le président Moon s’est révélé être un négociateur extraordinaire.» Allant même jusqu’à dire que si la situation continue dans cette direction, il pourrait bien être un candidat au prix Nobel de la paix. Si les négociations ont fait des gagnants, ce sont certainement les deux Corées selon lui.

Cependant, il reste à convaincre les États-Unis de faire des concessions pour garder l’élan qu’ont engendré les négociations entre les deux pays de la péninsule coréenne. Les États-Unis sont très réticents selon l’expert, car de leurs points de vue, peu de choses ont avancées. D’un autre côté, les États-Unis se sont dotés d’une vraie équipe d’experts sur l’enjeu coréen qui négocient avec les deux pays, ce qui devrait permettre de meilleurs résultats, rassure le professeur Hervouet.

La suite sera très difficile, car bien que l’attitude nord-coréenne facilite les négociations, il n’y a aucun engagement concret de leur part, ce qui impatiente les Américains. De plus, les services de renseignement américains disent qu’il y aurait au moins 20 sites de lancement de missiles cachés en Corée. «Quand on parle de désarmement et de dénucléarisation, ce n’est pas très rassurant pour l’avenir», déplore le directeur du GERAC.

Le professeur ajoute que ce n’est pas nouveau comme stratégie pour la Corée du Nord de faire semblant de s’ouvrir pour finalement découvrir que ce n’est que de la poudre aux yeux. Le professeur compare la situation à une partie d’échecs alors que : «L’adversaire ne joue pas rationnellement».

Alors que la dénucléarisation est centrale, personne ne sait comment procéder puisque les deux partis ne se font pas confiance. C’est le centre du problème, personne n’ose commencer et l’on tourne en rond, conclut Gérard Hervouet.

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  1. Traduction des propos tenus en anglais par Bum-soo Kwak.
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