Le plan intitulé « L’Université Laval en action avec les Premiers Peuples » a été présenté, lundi le 30 novembre, lors d’une conférence de presse en ligne. Ce plan comprend notamment la création d’un centre d’accueil, d’animation culturelle et de soutien pour les étudiant.es autochtones, leur recrutement, l’appui à la réussite, ainsi que la bonification de l’offre de cours et des projets de recherche en lien avec les savoirs et la culture autochtone.
La conférence de presse réunissait Robert Beauregard, vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes ainsi que son adjointe, Michèle Audette. Prudence Hannis, directrice de l’Institution Kiuna, les accompagnait virtuellement de même que Danielle McCann, ministre de l’Enseignement supérieur du Québec et Ian Lafrenière, ministre responsable des Affaires autochtones du Québec.
« En action avec les premiers peuples » met l’accent sur la coopération, souligne Prudence Hannis, coprésidente du comité de réflexion sur la réconciliation, qui a été mis sur pied par l’Université Laval en 2018. Elle spécifie que l’UL a invité « plusieurs […] organisations et des étudiant[.e]s à se joindre à la démarche et à partager leur expertise en éducation autochtone ». L’élaboration du plan d’action s’est donc basée sur les principes qu’il prône en considérant « la Commission Vérité et réconciliation du Canada, qui recommandait entre autres aux établissements d’enseignement post-secondaire d’intégrer les savoirs et les pratiques pédagogiques autochtones dans leurs programmes », comme le souligne Robert Beauregard.
« Afin que la réconciliation espérée ne soit pas que des mots, qu’elle se traduise au quotidien, dans la réalité des étudiant.es des Premiers Peuples »
– Robert Beauregard
Concrètement
Parmi les mesures annoncées, figurent une stratégie de communication et des activités de sensibilisation aux réalités des Premiers Peuples au sein de l’UL ainsi que la création d’un cours sur l’histoire autochtone offert à tous les étudiant.es à distance et en présentiel. L’Université Laval prévoit également d’adapter ses structures de gouvernance internes.
Robert Beauregard indique qu’il s’agit d’une démarche de longue haleine et qu’il faudra plusieurs années pour que le nombre d’étudiant.es autochtone dans les universités augmente considérablement. Il est nécessaire, selon lui, que tous les établissements d’enseignement, tant au niveau primaire, secondaire, collégial qu’universitaire, s’y mettent pour que l’enseignement supérieur soit plus accessible dans les prochaines années aux membres des Premières Nations.
Robert Beauregard reconnait « l’apport précieux des peuples autochtones » et soutient que la démarche entreprise par l’Université Laval s’inscrit dans « une approche de respect, de confiance et d’amitié », même si la confiance est encore à gagner.
« Pour assurer aux étudiant[.e]s actuel[.le]s et futur[.e]s un environnement scolaire sécuritaire, inclusif, sensible, respectueux et ouvert aux richesses culturelles des Premiers Peuples. »
– Prudence Hannis
En partenariat
La ministre de l’Enseignement supérieur du Québec, Danielle McCann, en a profité pour annoncer « l’octroi d’une aide financière de près de 600 000$ sur deux ans à l’Université Laval dans le cadre du programme Soutien aux membres des communautés autochtones [visant] à soutenir les universités afin qu’elles puissent offrir des programmes adaptés aux étudiant[.e]s autochtones en plus de valoriser [leurs] cultures ». Cette aide financière soutiendra notamment l’embauche de personnel ainsi que « la création d’un cours sur l’histoire et la culture autochtone offert à l’ensemble des étudiant[.e]s ».
Ian Lafrenière a quant à lui félicité l’UL « d’avoir intégré à son équipe Michèle Audette […] qui est innue », et souligne que le plan d’action est « un exemple très concret d’action » vers la réconciliation.
Michèle Audette, mandatée en tant que conseillère principale à la réconciliation et à l’éducation autochtone par l’Université Laval, s’est montrée très enthousiaste. C’est avec « beaucoup […] de tendresse, d’amour [et] de conviction [qu’elle] a accepté de venir travailler au changement », assure-t-elle après avoir cité le Grand chef Wilton Littlechild : “If you wanna change the system you have to work within the system”. Elle a également remercié Carol Dubé, conjoint de Joyce Echaquan d’avoir participé à la cérémonie qui s’est tenue en matinée, précédant l’annonce du plan qu’elle dédie à cette femme atikamekw de Manawan décédée à la suite de maltraitance à l’hôpital de Joliette.
Depuis plusieurs années, l’Université Laval offre des bourses aux étudiant.es des Premiers Peuples. La langue inuktitut y est également enseignée, mais d’autres langues comme l’innu-aimun et l’atikamekw seront éventuellement intégrées à l’offre de cours. Des partenariats avec les communautés comme Wendake continueront à être développés afin d’aider les étudiant.es, notamment les parents, qui arrivent à Québec afin de les aider à « s’organiser, à s’acclimater, à s’installer », mentionne finalement Robert Beauregard.
Il a également annoncé la tenue, dans la prochaine année, « d’un grand forum de réconciliation autochtone pancanadien [organisé] par l’UL en collaboration avec l’Université du Québec, […] pour faire connaître la réalité de l’enseignement supérieur des étudiant.es autochtones ».
L’Université de Montréal a, elle aussi, tout récemment annoncé son plan d’action intitulé Place aux Premiers Peuples.
Photo: courtoisie