C’est une salle pleine du Pavillon Desjardins qui a accueilli Alexandre Boulerice, député du Nouveau Parti Démocratique (NPD) dans Rosemont-La-Petite-Patrie, à l’occasion d’une assemblée publique samedi dernier. Au menu : la réforme électorale et les divers modes de scrutin offerts aux Canadiens.
Alors qu’il était de passage à Québec dans le cadre de sa consultation publique pan-québécoise, le porte-parole adjoint à la réforme démocratique du NPD a présenté trois systèmes électoraux : le vote uninominal à un tour (le système actuellement en vigueur), le vote proportionnel et le vote proportionnel mixte.
D’emblée, M. Boulerice est clair. Le statu quo n’est pas souhaitable. Le vote uninominal en place est décrit par celui-ci comme un système disproportionné conduisant « systématiquement à de fausses majorités ». Les citoyens n’ayant pas voté pour le représentant gagnant « ont l’impression que leur vote ne compte pas ». Le système empêche « que les forces en présence et la diversité des points soient représentées », explique le lieutenant du NPD au Québec.
Si le vote proportionnel pur est « un principe plutôt qu’une réalité », le mode de scrutin proportionnel mixte est, aux dires du député du NPD, le modèle à privilégier. Adopté par l’Allemagne après la Deuxième Guerre Mondiale, ce mode de scrutin réunit des éléments du scrutin majoritaire et de la représentation proportionnelle. Chaque électeur doit voter, dans un premier temps, pour élire un représentant et, dans un deuxième temps, pour un ou plusieurs partis qui recevront un nombre de sièges proportionnel au pourcentage des suffrages qu’ils obtiennent.
Tendre la main aux jeunes
Même si l’assemblée publique a eu lieu à l’UL, les étudiants se faisaient bien rares dans la salle. « On aurait souhaité avoir plus d’étudiants présents aujourd’hui », admet Alexandre Boulerice, lui qui souhaite que « les jeunes prennent connaissance [de la réforme électorale], qu’ils y participent, car ce sont eux qui vont former le gouvernement de demain».
Dans un contexte où le taux de participation des jeunes de 18-34 ans est en chute depuis les années 1990 – une baisse de 40% à l’exception de l’élection de 2015 -, le député du NPD croit que le nouveau mode de scrutin peut faire une différence. « Quand on a un système à proportionnel mixte, […] notre vote n’est pas perdu si notre candidat n’a pas été élu. Ça crée un incitatif à aller voter parce que tu sais que ta voix va être d’une certaine manière représentée au parlement par la suite », explique-t-il.
D’autres mesures complémentaires comme le vote en ligne, l’octroi du droit de vote à 16 ans, ainsi que l’instauration du vote obligatoire sont au centre des débats. Des mesures fréquemment mises de l’avant par certains pour stimuler la participation électorale chez les plus jeunes. Même s’il en reconnaît l’importance – le NPD a voté une résolution pour abaisser l’âge minimal pour voter à 16 ans -, Alexandre Boulerice est d’avis que « le coeur de la question demeure le mode de scrutin parce que c’est ce changement qui a le plus d’impact sur le comportement électoral, la culture des partis et la représentativité des parlements ». Concernant le vote en ligne, il rappelle que « [même si] ça semble attrayant et simple, les possibilités de fraude électorale sont très grandes ».
Au-delà de la réforme électorale
Dans son mémoire déposé au comité de la réforme électorale, l’Institut du Nouveau Monde basé à Montréal soutient que la réforme électorale à elle seule n’est pas suffisante pour favoriser la participation électorale chez les jeunes et qu’elle doit être accompagnée d’une réforme éducative pour y parvenir. Le gouvernement doit développer les compétences civiques des jeunes et leur transmettre les connaissances nécessaires à la compréhension de notre système démocratique.
Un objectif que partage le député de Rosemont-La-Petite-Patrie. « Pour moi, s’il n’y a pas d’éducation civique ou citoyenne, il n’y a pas de changements durables qui peuvent s’opérer. Il faut que nos jeunes, en sortant de l’école secondaire, soient capables de savoir c’est quoi un parlement, un projet de loi, le système électoral, les différents modes de scrutin, etc. » Il précise toutefois qu’un tel dossier n’est pas de juridiction fédérale. C’est au gouvernement du Québec de « prendre ses responsabilités » et d’instaurer une telle éducation citoyenne.
Rappelons que le comité parlementaire mandaté par la Chambre pour étudier d’autres modes de scrutin – dans lequel Alexandre Boulerice fait partie – a jusqu’au 1er décembre pour déposer son rapport.