Crédit photo : Jessica Latouche

Tragédie en trois actes à l’Opéra de Québec

La courte saison automnale proposée par l’Opéra de Québec est lancée et c’est au Grand Théâtre que ça se passe ! Lucie de Lammermoor, version française d’un opéra composé par l’italien Donizetti en 1839, n’aura droit qu’à quatre représentations (du 21 au 28 octobre), c’est donc le moment où jamais d’aller vous régaler.

Par Camille Sainson, journaliste multiplateforme

 

Tirée du roman La fiancée de Lammermoor de sir Walter Scott (à qui on doit notamment le roman Ivanhoé), la pièce prend place dans une Écosse du XVIe siècle, où l’amour de Lucie et Edgard va être mis à rude épreuve. Savant mélange entre le Roméo et Juliette de Shakespeare et Le Cid de Corneille, l’intrigue met en lumière les machinations de Gilbert qui, pour l’appât du gain, fera tout pour séparer les deux amants. Le titre de l’article ne vous aura pas échappé ; il s’agit bien d’une tragédie et la mort servira malheureusement de résolution à l’histoire.

Crédit photo : Jessica Latouche

Alors que Lucie s’érige en seule figure féminine entourée d’hommes souvent avides de pouvoir, la mise en scène de Nicola Berloffa accompagnée d’une scénographie signée Andrea Belli, souligne magnifiquement bien ce propos. Les décors sont sobres, presque austères puisqu’à part quelques chaises, c’est le fond noir qui semble engloutir nos personnages. Toutefois, lorsque Lucie entre sur scène, vêtue d’une longue robe blanche, une machinerie s’active ; des murs descendent du plafond pour former une pièce blanche également, qui vient enfermer la jeune femme. Pas besoin d’aller bien loin dans l’interprétation pour y voir son incapacité à s’émanciper. On notera le travail sur la lumière de Valerio Tiberi qui fait émerger des ombres sur les murs, jouant sur le dédoublement des personnages ; dédoublement physique pour certains, mais aussi psychique pour Lucie qui finit par perdre la raison.

Crédit photo : Jessica Latouche

Notons également le talent des chanteur.euses, notamment Jodie Devos (Lucie) et Julien Dran (Edgard) qui, accompagné.es par l’orchestre symphonique et le chœur de l’opéra de Québec, font résonner leurs voix jusqu’à nous afin de nous procurer des sentiments propres aux plus grands opéras tragiques.

Alors, n’hésitez plus et courez vous procurer une place pour assister, selon les mots de Nicola Berloffa : « au récit des quarante-huit dernières heures de la vie de la jeune Lucie, une fille broyée par sa famille et condamnée à un sort malheureux, dont la seule solution pour y échapper sera de s’engager dans une action violente ; le refuge ultérieur dans une catharsis émotionnelle conduira le protagoniste à mourir d’amour. »

Crédit photo : Jessica Latouche

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