Crédit photo : Danny Taillon

Le Projet Riopelle : un voyage à travers le XXe siècle

Joué pour la première fois au Théâtre Jean-Duceppe, à Montréal, Le Projet Riopelle, une production de la compagnie Ex Machina, est maintenant présenté devant le public de Québec, au Diamant.

Par Julianne Campeau, journaliste collaboratrice

 

La première scène nous transporte à L’Isle-aux-Grues, en 1992. Jean-Paul Riopelle vient d’apprendre le décès de son ancienne conjointe, la peintre américaine Joan Mitchell, avec qui il a vécu pendant 24 ans. Il décide alors de rendre hommage à celle qu’il appelait sa « Rosa Malheur » (jeu de mots avec le nom de Rosa Bonheur, peintre réaliste du XIXe siècle, et Rosa Luxembourg, révolutionnaire marxiste du début du XXe siècle). Cette œuvre, qu’on trouve aujourd’hui au Musée national des beaux-arts du Québec, aura pour titre Hommage à Rosa Luxembourg.

Crédit photo : Danny Taillon

Tout comme la fresque exposée dans le Passage Riopelle, la pièce de Robert Lepage est dotée d’une structure en triptyque. L’intrigue est divisée en trois actes, racontant différents moments de la vie du peintre. La pièce dure environ quatre heures, mais nous ne voyons pas le temps passer, tant nous sommes pris dans l’histoire. Le premier acte est axé sur les débuts de Riopelle. Le deuxième se concentre sur ses années de vie commune avec Joan Mitchell. Le dernier acte, qui couvre la période de 1986 à 1992, parle de l’intérêt grandissant de l’artiste pour les paysages du Québec, qui aboutira à la célèbre fresque exposée au MNBAQ. Le Jean-Paul Riopelle présenté sur scène est un personnage plutôt nuancé : on s’attache au peintre rêveur et idéaliste du début du premier acte, mais on assiste ensuite à la montée de son égoïsme lorsqu’il commence à avoir du succès. Joan Mitchell y est dépeinte comme une femme directe, dotée d’un fort caractère, et dont la franchise brutale suscite le rire des spectateurs à plusieurs occasions. Je lève d’ailleurs mon chapeau aux comédiennes Noémie O’Farrell et Anne-Marie Cadieux, qui offrent une performance impressionnante, malgré la difficulté que doit poser le fait de parler avec un accent et qu’une bonne partie des répliques soient dans leur langue seconde.

Crédit photo : Danny Taillon

En plus des divers éléments de décor, la scène est équipée de deux écrans géants, un debout et un sur le sol, diffusant des captations vidéo contribuant à nous immerger dans l’environnement des personnages, nous faisant voguer, avec eux, à travers les lieux et les époques. L’écran montre même les perturbations de l’eau lorsque les personnages se baignent ou se promènent en bateau. En ce qui concerne les costumes, leur allure authentique nous donne l’impression d’avoir remonté dans le temps.

Les passionnés d’histoire de l’art, mais aussi de celle du Québec, seront charmés par cette nouvelle pièce de Robert Lepage, où l’on retrouve plusieurs grandes figures du milieu artistique du XXe siècle (outre Riopelle et Mitchell, d’autres grands noms figurent parmi les personnages, tels que Elaine De Kooning, Joan Miro et Jackson Pollock) ainsi que les signataires du refus global.

Les représentations se poursuivront jusqu’au 26 novembre, pour les intéressés.

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