L'exécutif en congrès à Sabrevois, en août 2016. Photo : UÉQ

UÉQ-CADEUL : un premier débat sur l’affiliation à l’Université Laval

Un premier débat concernant l’affiliation de la CADEUL à l’Union étudiante du Québec (UÉQ) se déroulera mercredi sur le campus, au pavillon Charles-De-Konninck (DKN). L’événement aura pour objectif de faire interagir, pour la première fois sur la place publique, les deux comités partisans sur la question. Rappelons que, si le référendum est validé, une cotisation indexée de 4,56$ par session sera ajoutée à la facture étudiante.

Même s’ils sont opposés, les clans du OUI et du NON espèrent tous deux vivement que la communauté étudiante répondra à l’appel et qu’une audience importante se présentera au débat. Celui-ci se tiendra d’ailleurs sur toute l’heure du midi pour permettre à tous de s’y présenter entre les heures de cours, au local 3C du DKN.

Contactées par Impact Campus au cours de la semaine, les deux équipes militantes ont accepté de partager leurs objectifs généraux en vue de la délibération de mercredi.

« L’objectif général de ce débat, pour nous, sera de démontrer et d’exposer notre argumentaire détaillé, à savoir pourquoi une affiliation à l’UÉQ serait non pertinente, dit d’emblée l’exécutif du NON. C’est une bonne occasion pour les étudiant(e)s de s’informer sur la question, puisqu’on remarque en fait qu’une grande majorité des membres de la CADEUL semble plutôt indifférente à la question. »

« Le débat est l’occasion de présenter le projet de notre comité, qui est celui de faire progresser la cause de l’éducation et de la condition étudiante au Québec, explique pour sa part l’exécutif du OUI. On croit que l’UÉQ est la seule association nationale à pouvoir obtenir des gains concrets. Les étudiant(e)s d’ici peuvent en prendre le leadership, et c’est le temps de le faire. »

UÉQ ET CADEUL

De son côté, l’exécutif de l’UÉQ se dit fier de l’effervescence que cause la possibilité d’affiliation à Québec.

« Nous sommes très optimistes pour la campagne référendaire qui est déjà bien amorcée, dit le président du groupe, Simon Telles. Nous accepterons d’ailleurs toutes les demandes d’information et de débat de la part des associations étudiantes, parce que nous avons des gains concrets et des projets intéressants à présenter. »

« Les débats sont des moments forts, à chaque fois, des campagnes référendaires, ajoute de son côté le président de la CADEUL, Samuel Rouette-Fiset. On espère que les étudiant(e)s viendront écouter ce que les deux camps ont à proposer. Que nos membres soient les mieux outillés possible et qu’ils votent en grand nombre, c’est ce que l’on souhaite. » 
Sur la représentation

Dans un vif débat vendredi le 3 novembre dernier sur les ondes de CHYZ 94.3, les porte-paroles officiels des deux comités, Félix Étienne pour le NON et Guillaume-François Larouche pour le OUI, ont exposé les principaux arguments de leurs groupes respectifs.

« L’UÉQ, c’est une opportunité extraordinaire cet automne de faire partie d’un véhicule plus grand, afin de faire valoir nos idées auprès des décideurs publics, indique d’emblée Guillaume-François. Je le vois comme un projet, celui de prendre un leadership au sein d’une association nationale qui nous unit dans nos luttes, nos idées et nos valeurs. »

Il croit que, sur de grands dossiers comme les violences sexuelles, la rémunération des stages ou la mobilité durable, les résultats concrets ne viendront que si la CADEUL s’affilie à l’Union étudiante. « Ça donnera un poids supplémentaire à toutes nos actions », lance-t-il.

Une vision que ne partage pas du tout Félix, pour qui le fait de centraliser les associations ne fera plutôt qu’empirer la représentation du point de vue de celles-ci, au niveau local.

« On critique le fait que d’avoir trois instances décisionnelles, à savoir le caucus, le conseil d’administration et l’assemblée générale, ça donne une structure très lourde et un contexte où il est plus dur de prendre et d’influer sur une décision. » -Félix Étienne

Comme l’UÉQ n’accepte pas jusqu’ici les associations départementales, mais seulement les grands regroupements comme la CADEUL et l’AELIÉS, Félix croit que « les bilans et les décisions rendues sont au final peu représentatives de ce que pensent vraiment les étudiants de Québec ».

Pour lui répondre, Guillaume-François affirme que le but de l’UÉQ n’est pas d’enterrer le point de vue local, mais de travailler « en complémentarité » avec les associations départementales.

« Ce sont deux travaux distincts mais complémentaires. On veut faire en sorte que les avancées soient effectives. Pour cela, on a besoin d’un travail local, et l’UÉQ en est fervente, car toutes ses positions proviennent de là. Or, c’est beau se mobiliser dans une association locale, mais l’impact est minime si on n’est pas solidaires, si on ne met pas en commun nos forces. » -Guillaume-François Larouche

Notion de transparence

Un autre aspect fondamental de l’argumentaire du NON concerne la transparence à l’interne au sein de l’Union étudiante. « On nous dit que, oui, tout est disponible, mais dans les faits, on voit que la plupart des procès verbaux dans les instances sont inaccessibles malheureusement, poursuit Félix. On ne peut pas savoir comment les décisions de prennent, ce qui se fait et ce qui se dit exactement. »

Un processus démocratique pourtant élémentaire, selon lui, dont les faiblesses empêchent les étudiants de voter de manière éclairée, à ses dires. « Ici, sur le campus, la CADEUL et l’AELIÉS respectent l’exercice à la lettre, et tout est disponible. Pourquoi l’Union étudiante ne fait pas la même chose ? », questionne-t-il.

Un point de vue que réfute Guillaume-François, soulignant que l’Union étudiante du Québec demeure une organisation politique. « Elle a des adversaires si on veut au Québec, et c’est donc normal qu’on ne veuille pas divulguer toute l’Information pour garder sa stratégie. Auprès du gouvernement, ça pourrait mettre des bâtons dans les roues », croit-il.

Or, il assure que si un membre individuel veut connaitre toute cette information camouflée, il peut facilement demander d’y accéder et consulter, à livres ouverts, les priorités et états budgétaires de l’association nationale. « C’est un droit que nous avons tous, et il faut insister là-dessus. Chaque étudiant le peut, on peut y aller aisément et on invite les gens à le faire. »

En rafale, ce qu’ils ont dit

« Plus de 40 % des dépenses de l’UÉQ paient des salaires directes de l’exécutif et des employés. Quand on rentre là-dedans les graphistes, juristes et autres services connexes, on arrive a près de 50 % du budget qui va juste aux salaires. On trouve que, dans les finances, il y a un problème de priorités mal placées. » -Félix Étienne, camp du NON.

« Je suis vraiment déçu que, depuis 10 ans, l’UL n’ait pas la chance d’être dans un mouvement national. Ce n’est pas qu’on n’est pas capables d’avancer les choses par nous mêmes, il y a mais dans un contexte de nouvelle administration municipale, on a besoin d’un véhicule national fort pour concrétiser nos efforts.  » -Guillaume-François Larouche, camp du OUI. 

« Très souvent, L’UÉQ dit s’Impliquer dans des dossiers, alors que ce sont en fait les étudiants qui s’organisent par eux-mêmes, qui forment des implications ponctuelles et vont sur le terrain. Ces initiatives-là n’ont pas besoin d’être chapeautées par des associations nationales pour atteindre leurs objectifs. Elles ont leurs propres moyens. » -FÉ

« Je ne vois pas pourquoi on s’unirait seulement en temps de crise. L’UÉQ veut justement travailler en amont pour les prévenir en collaboration avec les décideurs publics. Les victimes de harcèlement sexuel par exemple, il faut que ça cesse. Et le meilleur moyen, c’est par des campagnes comme Sans oui c’est non ! dont l’UÉQ est activement partenaire. » -GFL

Consulter le magazine