Un avant-goût des élections provinciales 2018

Depuis quelques semaines déjà, la campagne électorale provinciale est bel et bien entamée. La plupart des partis se sont réunis afin de planifier les prochains mois et plusieurs annonces ont déjà été faites. Impact Campus vous dresse un portrait de la situation actuelle et de ce qui risque de survenir jusqu’aux élections du 1er octobre prochain.

Même s’il est encore tôt pour prédire quoi que ce soit, une tendance se dessine : la Coalition avenir Québec (CAQ) a le vent dans les voiles. Si les élections avaient lieu aujourd’hui, la CAQ formerait un gouvernement majoritaire, selon le plus récent sondage Léger-Le Devoir. La formation politique de François Legault récolte 39% des intentions de vote, loin devant le Parti libéral du Québec (PLQ), à 28%. Le Parti québécois (PQ) se situe à 20% et Québec solidaire (QS) ferme la marche, avec un appui de 9%.

Cependant, il y a un certain bémol à émettre quant à la validité de ce sondage : « Il y a des problèmes dans cette industrie. Les sondages ne sont pas super fiables en ce moment », a déclaré Thierry Giasson, professeur titulaire au département de science politique à l’Université Laval. Et avec raison : le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne ainsi que l’élection de Donald Trump à la tête des États-Unis n’étaient pas censés se concrétiser, selon les multiples sondages sur ces questions.

Un air de déjà-vu

La Coalition avenir Québec jouit d’un coussin important dans les intentions de vote, mais cela pourrait fort bien changer d’ici au jour du scrutin. Rappelons qu’en 2011, année de création de la CAQ, les intentions de vote pour ce parti étaient plutôt élevées. Puis, lors des élections de 2012, la Coalition a terminé troisième, loin derrière les péquistes et les libéraux.

En 2014, le même scénario se produit : au déclenchement de la campagne électorale, la CAQ est en avance dans les sondages, mais connaît des difficultés pour être encore une fois reléguée au rang de deuxième parti de l’opposition. Par contre, il est évident que l’expérience des dernières années leur a servi et ils feront les choses différemment. « Ils profitent du momentum à l’heure actuelle. Ils présentent des candidats vedettes et se positionnent sur des enjeux prioritaires », a affirmé Thierry Giasson.

Positions et annonces électorales

Même si les élections provinciales ont lieu dans près d’un an, les partis politiques commencent déjà à afficher leurs couleurs. La Coalition avenir Québec a fait plusieurs annonces : le nombre d’immigrants sera limité, la construction du troisième lien à Québec sera enclenchée dès le premier mandat et les taxes scolaires seront harmonisées partout au Québec. « Je ne serais pas surpris de voir la CAQ s’aligner avec la droite de Québec : l’État minceur, le développement économique et [le rejet] du transport en commun », a affirmé le professeur en science politique.

Selon lui, la formation de François Legault fera campagne sur trois enjeux principaux : l’éducation, l’identité et une position de droite au niveau de la mobilité durable. À cet effet, la Coalition avenir Québec devra être prudente : « Ils avaient fait cela en 2014 sur des projets qui faisaient consensus à Québec, des projets phares de Régis Labeaume », a-t-il ajouté. Avec le résultat qu’on connaît, alors que le PLQ avait formé un gouvernement majoritaire.

À l’opposé, le gouvernement sortant agira différemment des autres partis. Selon M. Giasson, le parti de Philippe Couillard voudra montrer clairement l’action menée durant le dernier mandat et mettra de l’avant des choses qui ont transformé la vie des gens. Les surplus budgétaires, les réinvestissements en éducation ainsi que l’amélioration du système de santé, aspect qui ne fera pas l’unanimité, sont « des réalisations emblématiques ».

Quant à lui, le Parti Québécois est en perte de vitesse. Avec 20% des intentions de vote, le chef Jean-François Lisée demeure optimiste. Il a mis de l’avant la donnée selon laquelle deux tiers des Québécois sont favorables à des réinvestissements en éducation, en santé, pour les familles et pour les aînés, plutôt qu’à une baisse d’impôt, position que le PQ préconise. L’indépendance du Québec est également un aspect important de leurs priorités, tout comme le retour de Pierre Karl Péladeau en politique, qui a donné son appui au chef actuel.

Enjeux à venir

Au regard de ces annonces préélectorales, on peut commencer à cerner les principaux enjeux qui seront mis à l’avant-plan de la campagne électorale provinciale 2018. « Il y aura des enjeux nationaux et d’autres plus locaux. L’éducation est toujours un enjeu important, tout comme la fonction publique et la taille de l’État », a affirmé Thierry Giasson, également chercheur principal du Groupe de recherche en communication politique de l’Université Laval.

Il a aussi souligné que les investissements économiques et les relations intergouvernementales, puisque plusieurs projets dépendent d’investissements fédéraux, seront abordés au courant des prochains mois.

Bref, la campagne électorale devrait être captivante, mais surtout parsemée de surprises et de rebondissements, jusqu’à l’annonce du gouvernement, le 1er octobre 2018.

Consulter le magazine