Critique théâtre : Gloucester, Délire Shakespearien

Trois heures de joyeuse folie

Gloucester, Délire Shakespearien, comédie originale de Simon Boudreault et de Jean-Guy Legault, nous plonge dans une joyeuse folie avec ses 75 personnages interprétés par 10 acteurs. Un bon 2 h 50 de rires inspiré de l’oeuvre de Shakespeare. 

Malgré la longueur un peu exagérée de la pièce (deux heures, excluant l’entracte, auraient suffi amplement), on ressort de Gloucester avec un immense sourire plaqué au visage. Le mélange de références à l’œuvre de Shakespeare et à des chansons ou expressions québécoises garde en haleine le spectateur.

Les amateurs de Shakespeare s’amuseront à repérer les différentes mentions à son œuvre. Que ce soit par le nom des personnages, certains lieux ou des apparitions, on reconnaît la trace du célèbre dramaturge anglais partout. Les néophytes n’y seront malgré tout pas perdus et trouveront leur plaisir ailleurs, le drôle étant partout.

Une autre histoire de vengeance

L’histoire de Gloucester rappelle celle de plusieurs pièces de l’auteur, dont, plus particulièrement Macbeth avec ses trois sorcières, sa reine en soif de vengeance et l’Écosse comme toile de fond.

Les disputes débutent avec le partage du royaume d’Écosse par Édouard, roi d’Angleterre, entre ses généraux Gloucester et York ainsi que sa femme, la reine Goneril. Cette dernière espérait posséder à elle seule ces terres et désire maintenant obtenir vengeance.

 

À travers la quête de la reine pour renverser Gloucester, on retrouvera des éléments d’autres pièces. Pensons à la célèbre scène du balcon de Roméo et Juliette ainsi que les fossoyeurs et les apparitions à la Hamlet. La quasi-totalité des tragédies de Shakespeare sont en fait exploitées.

Il y a aussi du théâtre dans le théâtre, classique de Shakespeare. Comme dans Hamlet, on se servira en effet d’une pièce pour tenter de dénoncer la reine. Scène d’ailleurs savoureuse où des marionnettes sont employées pour représenter les personnages. Fous rires garantis.

Drôle pour tous

À travers cet amalgame de références shakespeariennes, on retrouve aussi des clins d’œil à l’imaginaire populaire. On repérera, entre autres, des bouts de chansons comme Alouette, Marie Madelon et la danse Macarena.

Le scénario et les gags sont la plus grande force de cette pièce haute en couleur, mais la mise en scène occupe également une grande place, le jeu des acteurs faisant souvent toute la différence. Mimiques, onomatopées, gestes et ton de voix  transforment un texte de tragédien en véritable monologue comique.

Le récit de la bataille par Brutus, bras droit de Gloucester, marque particulièrement les esprits pour cette raison. Le passage est particulièrement bien interprété par Emmanuel Bédard qui ne lésine pas sur les sons et les gestes, déclenchant le rire à tous coups. Certains passages sont également chantés de façon faussement dramatique, au grand plaisir des spectateurs

Ainsi, malgré quelques longueurs et une fin qui s’étire un peu, Gloucester est définitivement la pièce à voir pour se changer les idées et rire un bon coup en ce froid début d’automne. À voir à La Bordée jusqu’au 15 octobre.

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