Van Gogh à Auvers-Sur-Oise : l’œuvre de toute une vie

Vous connaissez certainement ses peintures ; de la Nuit étoilée, à son Autoportrait, en passant par La Chambre à coucher, elles rayonnent tellement à travers le monde que vous ne pouvez pas les louper.

Par Camille Sainson, journaliste multiplateforme

 

« Eh bien vraiment nous ne pouvons faire parler que nos tableaux. » (Dernière lettre de Van Gogh, adressée à son frère, le 23 juillet 1890)

 

Qu’ils s’agissent de l’Ermitage à Saint Pétersbourg, du MoMA à New York ou celui d’Orsay à Paris, nombreux sont les grands musées qui arborent au moins une de ses toiles. Et pourtant, Van Gogh était loin d’être un artiste célébré de son vivant. Pire que cela, il vivait dans la misère et souffrait d’un mal-être (le nom de la pathologie ne fait pas consensus) qui le poussait à faire des tentatives de suicide. Rien de bien joyeux donc, alors que sa palette de couleurs se compose de tons vifs et chaleureux. Pensez à ces magnifiques tournesols au jaune éblouissant ; qui pourrait deviner que son artiste est tourmenté, accablé de sombres pensées ?

Van Gogh, L’église d’Auvers-sur-Oise, vue du chevet, 1890, Paris, musée d’Orsay

Durant les deux derniers mois de sa vie, Van Gogh s’installe dans une petite commune non loin de Paris ; Auvers-sur-Oise. Il y retrouve son ami et médecin spécialiste de la mélancolie, Paul Gachet, qui l’aidera à plonger au cœur de son art. Entre le 20 mai 1890 et son décès le 29 juillet, Van Gogh produira 74 tableaux et 33 dessins, parmi lesquels des œuvres iconiques : Le Docteur Paul Gachet, L’église d’Auvers-sur-Oise, ou encore Champ de blé aux corbeaux.

Solitaire dans son travail, il peint à l’extérieur le matin et retouche ses toiles dans son atelier l’après-midi. Ses sujets sont variés allant de la Nature morte au paysage en passant par le portrait. Pour Van Gogh, ce dernier est « la seule chose en peinture qui [l’] émeut le plus profondément et [lui] fait ressentir l’infini, plus que toute autre chose ».

Van Gogh, Champ de blé aux corbeaux, 1890, Amsterdam, musée Van Gogh

Mais ce sont surtout ses toiles au format « double carré » qui se distinguent ; sur les 74 qu’il peint à Auvers, 13 sont aux dimensions uniques de 50 cm sur 1 mètre. Nés d’une réelle volonté de l’artiste, puisqu’il ne s’agit pas d’un format commercial, ces tableaux seront également ses derniers. Sans pour autant représenter une série avec un univers commun, ils représentent l’aboutissement d’une pensée, une émancipation des codes vers une exploration plastique sans limites, une tentative de découvrir une nouvelle voie pour la peinture moderne.

Le dimanche 27 juillet 1890, Van Gogh se tire une balle dans la poitrine. Il décède deux jours plus tard des suites de sa blessure. Il avait 37ans. Sur sa sépulture, quelques tournesols rendent hommage au talent de l’artiste.

Van Gogh, La Nuit étoilée, 1888, Paris, musée d’Orsay

« Je veux maintenant absolument peindre un ciel étoilé. Souvent il me semble que la nuit est encore plus richement colorée que le jour, colorée des violets, des bleus et des verts les plus intenses. Lorsque tu y feras attention tu verras que de certaines étoiles sont citronnées, d’autres ont des feux roses, verts, bleu myosotis. Et sans insister davantage, il est évident que pour peindre un ciel étoilé il ne suffise point du tout de mettre des points blancs sur du noir bleu. » (Van Gogh, dans une lettre adressée à son frère, 1890)

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