Faire de la musique pop comporte un certain risque, celui de prendre le public pour acquis en lui offrant une bouillie sonore prémâchée à l’« autotune ». Ce n’est pas le cas du collectif disco rock Beat Sexü, formé entre autres d’anciens de la Faculté de musique de l’UL. Rencontre avec le groupe qui a fait bouger le Lion d’Or dans le cadre du premier volet des Francouvertes le 9 février dernier.
Autour de cafés et de thés, le batteur et chanteur Jean-Étienne Collin Marcoux et le guitariste Jean-Michel Letendre-Veilleux reviennent sur leur expérience. Un petit arrêt bien mérité pour deux gars dont les moments libres sont plus théoriques que réels. En plus de faire partie d’une dizaine de projets musicaux, ils sont de la famille du Pantoum/Le Phoque, le nouvel incontournable de Québec pour la diffusion et l’enregistrement d’artistes émergents.
« Une gig’ comme une autre » ?
Comment on se prépare à entrer dans l’un, si ce n’est le plus gros concours de musique alternative au Québec ? Jean-Michel répond que c’est « une gig’ comme une autre, mais on voulait tout de même tenter de donner le meilleur qu’on pouvait donner. » Le concours offre effectivement de sérieuses chances de percer aux futurs Fanny Bloom, Keith Kouna et autres Karkwa.
La prestation du 9 février a été « un des bons shows de Beat Sexü, donné dans un contexte bien différent de celui des partys étudiants et des bars auxquels on est habitué », selon Jean-Étienne. Jean-Michel renchérit en soulignant qu’ils ont été capables de faire danser les critiques qui étaient restées assis durant la performance incroyable de YOKOFEU, les favoris de cette première soirée.
Il faut dire que c’est difficile de résister aux rythmes du suggestif EP Première Fois qui nous attire inévitablement sur la piste de danse. Difficile de faire autrement avec leurs lignes de basses à la Death From Above 1979, les percussions bien grasses aguichées par le clavier semblable à celui des Hot Chip et la guitare aux allures disco.
Des critiques nuancées
Les critiques ont unanimement reconnu les qualités dansantes des Sexü, que ce soit par leur plume ou leurs déhanchements. Ils ont tout de même classé le collectif de Québec au troisième rang provisoire de la compétition. Rien n’est joué, car sur 21 participants, 9 passeront en demi-finale.
Les principaux intéressés prennent les bémols soulignés par les médias très au sérieux. « Certains ont qualifié nos textes de trop simples ou de trop courts. Ils soulignaient qu’on dégageait une certaine timidité sur scène », nous raconte sans animosité Jean-Étienne. Il enchaîne dans un élan d’optimisme pas forcé pour deux « cennes » : « C’est entre autres pour ça qu’on s’est inscrit à ce concours : avoir des commentaires des gens de l’industrie. Ça serait idiot de ne pas prendre en compte leurs critiques pour s’améliorer ! Sans qu’on ne change complètement l’identité du projet. »
Une grosse somme
Que feraient les musiciens de Québec s’ils remportaient le grand prix de 10 000 $ du concours ? Jean-Étienne de répondre sans hésitation qu’ils « achèteraient de la GROSSE poudre » et Jean-Michel de compléter qu’ils « la donneraient aux pauvres ! » Une réponse qui ferait peut-être écumer le coach qu’ils choisiraient à La Voix, Éric Lapointe.
Une année 2015 joueuse et coquine
Le groupe s’est formé à l’hiver 2014 spécialement pour le Show de la Rentrée. Avec du matériel conçu dans l’urgence, Beat Sexü a fait danser des centaines de bassins un peu partout à Québec dans la dernière année.
Le groupe a l’intention de sortir bientôt du nouveau matériel, ainsi qu’un album de « Cöver Sexü » d’autres bands de la capitale pour pouvoir prolonger le plaisir. Une collaboration avec Millimetrik serait même possible. Dans ce cas, ce serait l’une des compositions de Beat Sexü serait qui remixée par le DJ de Québec.
Pour l’heure, le band pantoumesque partagera la scène le 20 mars prochain avec leurs amis Les Guerres D’l’Amour, autre groupe sélectionné pour les Francouvertes.