Photo: Courtoisie, Stéphane Bourgeois

Bonne retraite, Jocelyne ou la douce amertume des malaises en famille

L’auteur et metteur en scène, Fabien Cloutier, propose une trame narrative un peu convenue, mais qui parvient tout de même à susciter l’intérêt général. Appuyée par une solide distribution de neuf talentueux acteurs, la pièce regorge de dialogues crus et crédibles.

Pour souligner son départ à la retraite, Jocelyne, dynamique quinquagénaire, organise une fête familiale. On se doute qu’on retrouvera parmi les convives des énergumènes colorés et écorchés. C’est bien le cas, et Jocelyne se heurte à la cacophonie générale et aux conversations suintant la controverse. L’intérêt de la pièce ne réside donc pas dans l’originalité du propos, mais dans la manière de le présenter.

Le jeu vif des actrices et des acteurs est d’ailleurs mis à profit pour rendre la pièce entraînante. On retrouve notamment à notre grand plaisir la charismatique Josée Deschênes [L’Auberge du chien noir], l’intense Brigitte Poupart [Les salopes ou le sucre naturel de la peau], la surprenante Sophie Dion [Madame de Sade] et l’attachant Jean-Guy Bouchard [Requiem pour un beau sans cœur]. Ils évoluent dans un curieux décor macabre et tapageur qui rappelle les voyages dans le Sud, la mort et même les Pierrafeu. Cet amalgame risque de susciter bien des discussions.

Si les attentes associées à la pièce étaient grandes, le travail de Fabien Cloutier ayant souvent été encensé, on peut dire que le résultat est réussi. Malgré un milieu de parcours un peu moins rythmé, on passe un agréable moment. On rit, certes souvent jaune, et on se reconnaît dans les situations évoquées, les expériences personnelles teintées de malaise faisant surface plus rapidement que l’on aurait cru. À ce titre, Cloutier vise dans le mille.

Photo : Courtoisie, Stéphane Bourgeois
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