Photo : Courtoisie, Thomas Rodrigue

Mentor un jour, mentor toujours: une comédie toute en nuance

La troupe de théâtre Les Treize de l’Université Laval présentait du 4 au 7 avril leur deuxième et dernière pièce de la présente saison, Mentor un jour, mentor toujours. La comédie de Bruno Lacroix et François Scharre, une réflexion tant sur la célébrité que sur l’amour, a vu son équipe s’exporter hors campus, à l’Auberge internationale de Québec. 

La distribution de quatre comédiens se partage la scène dans un décor représentant un petit appartement sobre, mais dans le plus parfait désordre. Le spectateur y fait tout d’abord la connaissance d’une dame d’un certain âge, Bénédicte Chastelain (Natacha Fournier), recluse depuis plusieurs années et dont la seule relation significative semble être celle qu’elle entretient avec une souris domestiquée – ou pas, si l’on se fie aux allées et venues de la bête et aux odeurs qui assailliront les futurs visiteurs.  

On cogne bientôt à la porte : Anthony Delarme (Frédéric Quélin), un jeune homme sensible et maladroit, s’invite dans le joyeux capharnaüm de Bénédicte sous le prétexte d’être envoyé pour faire un peu de ménage, pour agir comme homme à tout faire. Anthony a toutefois des ambitions toutes autres, ce qu’il partage rapidement à l’hermite, à ce point du récit toujours discrète sur son passé. Le garçon fait de la photographie et vise la reconnaissance, la célébrité, le grandiose. 

Rupture avec un passé sous les projecteurs  

Sans s’embarrasser de la moindre formalité et au mépris de la bienséance la plus élémentaire, Claire (Clara Mercier), une ambitieuse étudiante en littérature, s’invite chez Bénédicte afin de récolter à la source de l’information sur le sujet de sa thèse : Chastelain, l’ancienne auteure à succès reconnue internationalement dont le retrait des feux de la rampe il y a plus de deux décennies lui octroie une aura de mystère. Le même sans-gêne anime l’entrée de Christian (Olivier Charbonneau), l’ancien mentor de Bénédicte, qui tente de créer un rapprochement avec cette dernière tout en lui redonnant le goût de l’écriture et de la création.  

On doit à Christian l’arrivée impromptue d’Anthony, dont le talent, mais l’inexpérience, aura pour effet d’inciter Bénédicte à le prendre sous son aile, à lui servir de mentor. Le relooking qui suivra, additionné à un cours pratique sur l’attitude à adopter en haute société, feront rapidement d’Anthony un artiste en demande. L’amour est même à la clé pour le jeune homme. Claire récolte quant à elle les fruits de son travail académique auprès de Chastelain. Ragaillardie par ce succès et réconciliée avec Christian, l’avenir s’annonce maintenant lumineux pour l’auteure, et son logis moins crasseux en prime.  

Un humour efficace 

La pièce présentée comme une comédie exposait efficacement par le rire des réflexions bien loin du burlesque sur l’ambition, les troubles psychologiques, l’amitié, l’amour. Les personnages féminins, interprétés par Natacha Fournier et Clara Mercier, mettaient bien en relief cet aspect de l’oeuvre grâce à leur jeu tout en retenue, plus nuancé que celui des deux interprètes masculins, extravagant par moments. En comparant les deux duos, Olivier Charbonneau et Frédéric Quélin donnaient parfois l’impression de surjouer, ce qui servait bien certains gags – notamment la peur bleue d’Anthony pour la souris adoptive de Bénédicte, ou son apprentissage de la nonchalance imposée par la célébrité -, mais déséquilibrait le portrait d’ensemble.  

La mise en scène de Sarah Sanche s’est avérée très efficace alors que l’enchaînement des scènes de ce tango à quatre personnages jouissait d’une belle fluidité, aidée par les décors de Laëtitia Bobée et Marianne Ferland Dutil qui ont su utiliser à son plein potentiel la scène de l’Auberge internationale. Les quelques pépins techniques, qui sont le lot de toute première, n’ont en rien nuit à la réception de la pièce qui semblait bien appréciée par les spectateurs.  

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