En corps, c’est d’abord l’expérience d’une des pires injustices qui soient : le ravissement, dans la fleur de l’âge, d’une passion, de toute une vie qui se voit contrainte d’être réorientée par un accident qui aurait pu être évité. Au détour d’une catastrophe, toutefois, on se demande si finalement une perte ne vaudrait pas mille découvertes, si derrière les rêves brisés ne se cacheraient pas une pléthore de possibilités nouvelles. C’est beau, c’est doux et c’est en salle dès le 15 juillet.
Production : Ce qui me meut | Distribution : AZFilms | Genre : Comédie dramatique | Réalisation : Cédric Klapisch | Scénario : Cédric Klapisch et Santiago Amigonera | Acteur.rices : Marion Barbeau, Hofesh Shechter, Denis Podalydès, Muriel Robin, Pio Marmaï, François Civil, Souheila Yacoub, Mehdi Baki| Durée : 120 minutes | Sortie en salle : 15 juillet 2022
Par William Pépin, chef de pupitre aux arts
Élise, 26 ans est une grande danseuse classique. Elle se blesse pendant un spectacle et apprend qu’elle ne pourra plus danser. Dès lors sa vie va être bouleversée, Élise va devoir apprendre à se réparer… Entre Paris et la Bretagne, au gré́ des rencontres et des expériences, des déceptions et des espoirs, Élise va se rapprocher d’une compagnie de danse contemporaine. Cette nouvelle façon de danser va lui permettre de retrouver un nouvel élan et aussi une nouvelle façon de vivre.
Un film qui prend son temps
Le film démarre avec le personnage d’Élise, qui, en pleine prestation et venant tout juste d’apprendre que son copain la trompe avec une de ses collègues en coulisses, se blesse à la cheville. Sans aucun dialogue, les premières minutes installent le rapport pas toujours simple de la protagoniste à sa passion pour la danse. Tout passe par l’image et la nervosité de la caméra, qui doit suivre les vas-et-vient des danseur.euses entre les coulisses et la scène, le tout en rendant à l’écran la magnificence de cette discipline. Je m’en voudrais d’ailleurs de ne pas souligner la performance exceptionnelle de Marion Barbeau, que l’on a notamment pu voir au cinéma dans Play en 2018. Tout comme dans son dernier film, elle joue ici sur tous les tableaux, que ces derniers concernent le jeu ou la danse. Il convient de souligner au passage le tandem père-fille qu’elle forme avec Denis Podalydès (Au revoir là-haut, Les Amours d’Anaïs), d’une richesse émotionnelle qui risque de faire couler plus d’une larme.
Les personnages sont si palpables, si attachants, si humains et si bien écrits que l’on regretterait presque de ne pas faire partie de leur cercle. C’est dommage que le film ne dépasse pas les deux heures : certaines personnalités auraient mérité plus de temps d’écran et plus d’approfondissement. Je pense entre autres aux personnages de Loïc (Pio Marmaï) et à celui de Sabrina (Souheila Yacoub) qui ne s’intègrent pas toujours bien au récit, malgré leur alchimie flamboyante. Dans l’ensemble, les rapports humains restent néanmoins très bien ficelés.
Renaissance
Plus qu’un récit sur la guérison, le metteur en scène Cédric Klapisch (L’Auberge espagnole, Deux moi, Ce qui nous lie) nous propose avec En corps une fable sur le fait de savoir tourner la page, sur comment se renouveler dans les cendres d’un destin longtemps prévu, mais désormais brisé. Il n’y a rien de fatal dans cette histoire, au contraire : la vie trouve toujours un chemin.
© Crédits photos : AZFilms