Critique CD : Composite de Monogrenade

Après La saveur des fruits, maxi paru en 2009, et Tantale, cuvée 2011, la formation québécoise lancera Composite le 4 février prochain.

Les adeptes de la première heure ne risquent pas d’être déroutés : on a affaire à une proposition artistique cohérente avec l’album précédent, ce qui permet au groupe d’afficher une maturité musicale accrue et des idées plus abouties. On peut être tenté de penser au Karkwa du Volume du vent pour la densité, ou pour la voix qui murmure tout en se faisant bien entendre; néanmoins Monogrenade se détache de ses influences, qu’elles soient d’ici ou d’ailleurs, réelles ou hallucinées par la critique, et nous livre une musique originale et bien pensée.

Portal, prélude instrumental aux autres chansons, affiche les couleurs du groupe. La musique sera dense sans fouillis, et audacieuse par moment (merci). Sa fin entraîne le début de la pièce-titre, onirique et imagée (« Je suis fait d’encre et de poussière/ de coïncidences imaginaires »). L’aimant nous accroche par son refrain simple et bénéficie de l’apport du quatuor à cordes, qui s’amuse en échos à la fin de la pièce. Dans Cercles et pentagones, le riff de basse est magnifiquement efficace et sert de moteur à cette chanson au titre énigmatique. Labyrinthe, porte-étendard d’un pop-rock plus classique et accessible tout en étant convaincant, accueille le temps d’un couplet la voix de Marie-Pierre Arthur qui donne l’effet d’une touche de lumière. J’attends se fait un peu plus légère, vêtue d’un folk qui se permet des cuivres pimpants en fin de course. Les synthétiseurs rétro de Métropolis (qui rappellent d’ailleurs un peu Kraftwerk) donnent corps et groove à une chanson aux accents malgré tout futuristes. Le fantôme, d’une longueur suffisante pour laisser libre cours à l’imagination des créateurs, est prétexte à des atmosphères variées : trémolos du piano et des cordes, fragments minimalistes, violons mi-tziganes, mi-patrickwatsonniens.

Espérons que la version de l’album disponible en février fournira les textes aux mélomanes qui aiment profiter d’une expérience d’écoute plus complète : on perd malheureusement quelques grammes de poésie dans la riche masse sonore.

Monogrenade lancera l’album à Québec le 1er mars prochain, au Cercle.

***1/2

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