Je t’aime, moi non plus
Mommy nous entraîne dans le quotidien d’une mère-ado retardée et de son fils diagnostiqué d’un trouble déficitaire de l’attention et d’hyperactivité (TDAH). Xavier Dolan signe là un cinquième long métrage profond et subtil.
On ne sort pas indemne de cette histoire. Pourtant la thématique du film n’est pas très excentrique. Le tableau : la relation délicate entre une mère, Diane, complètement paumée et son fils, Steve, atteint de problèmes psychologiques. Et le père ? Il brille par son absence. Dans cet équilibre explosif, Kyla, nouvelle voisine à peine installée, tente de maintenir cette famille à flot, chose impossible à atteindre.
Xavier Dolan nous projette dans leur bulle intime grâce au 1:1, format d’image inhabituel. Ce choix artistique est certes déconcertant, mais il permet de se rapprocher de cette famille décousue et meurtrie et de les suivre dans leurs moindres détails. Et surtout, de partager leurs émotions.
Il faut aussi saluer le très bon casting de Mommy. Anne Dorval joue avec beaucoup d’émotions une mère désorientée par la mort de son mari et la violence verbale et physique de son fils. Ce dernier est interprété par Antoine Olivier Pilon, qu’on a aussi brièvement vu dans Laurence Anyways. Le jeune acteur, fort talentueux, maîtrise le rôle avec beaucoup de subtilité. Sans oublier Suzanne Clément qui interprète la voisine du duo familial, une femme perdue dans ses déboires familiaux.
Encore une fois, Xavier Dolan mise sur une bande originale captivante. De Dido à Céline Dion, en passant par la chanson Wonderwall du mythique Oasiset Born to Die de LanaDelRay, la musique occupe une place centrale dans le film. Chaque chanson est en symbiose avec les images et nous transporte un peu plus dans le quotidien parfois cacophonique des protagonistes. Cela donne un rythme au film – toujours délicat à trouver – mais très bien utilisé par Dolan.
Récompensé par le Prix du jury à Cannes en mai dernier (ex æquo avec Adieu au langage de Jean-Luc Godard), Mommy est une valeur sûre : un film d’une rare intensité avec des images d’une rare violence. La sortie de la salle et le retour à la lumière nous amènent à réfléchir sur les relations familiales et la brutalité de la vie.
4,5/5