Critique littéraire : De Rose à Rosa

Rocker la vie

De Rose à Rosa

Michel-Olivier Gasse

Édition Tête Première

Homme aux multiples talents, Michel-Olivier Gasse est blogueur, bassiste, chanteur, auteur-compositeur et écrivain. De Rose à Rosa est un recueil de nouvelles où l’auteur se met en scène avec son entourage. Il nous présente son paternel qui adore la bière et les bars, et qui profite de la vie avec sa décapotable, même s’il pète les plombs quand il doit « remettre la capote ». Il nous décrit une caissière tellement sexy qu’elle pourrait jouer dans un film pornographique avec ses yeux de biche trop maquillés, ses seins à demi-couverts et à demi-naturels et son tatouage dans le bas du dos. L’auteur voyage ainsi d’un personnage à un autre. Au fil de la lecture, on s’attache à ces personnages tout à fait ordinaires qui mènent une vie ordinaire, qui font un travail des plus ordinaires et qui vivent une existence avec ses hauts et ses bas, ses joies et ses maladresses. Bref, Michel-Olivier Gasse boit, fume, relaxe, travaille, vit, observe son entourage et compose.

Cet écrivain n’invente rien. Il décrit sans filtrer l’information : tout y passe. Ce n’est pas choquant, mais plutôt attrayant et vrai, car il écrit comme on parle pour se faire comprendre et c’est tout. Il va droit au but, ne rature rien. Gasse écrit en joual, sacre et joue avec les anglicismes. Au détour d’un paragraphe, on se retrouve devant des expressions familières et colorées comme « changin’ the toilet », « des beaux totons », « chus Québécois, moé, crisse! » ou « le p’tit calisse ».

Le livre possède la qualité de maintenir l’attention du lecteur par l’humour, comme quand le narrateur dit à un autre personnage de prononcer la phrase « le chirurgien qui schlingue doit châtrer son chinchilla qui chigne pour une chaste chique de chicorée » pour s’amuser avec le chuintement de son ami et rire un bon coup.

Même si les nombreuses nouvelles abordant la vie de tous les jours peuvent sembler redondantes, ce n’est qu’un leurre, car l’auteur manipule les mots pour rendre ses anecdotes poignantes. Comme le dit si bien Vincent Vallières dans la préface : « Il rocke, le Gasse […] Il ne s’excuse pas d’exister et n’en a rien à branler de se plaire dans les politesses d’usage. » Un livre qui nous propulse tête première chez son auteur et dans lequel nous rebondissons à chaque nouvelle, à l’affût du nouveau voisin.

4/5

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