Critique littéraire: Le sous-majordome de Patrick deWitt

Le sous majordome DeWittUn Trou fort profond, une guerre inutile, une très jolie villageoise et une soupe beaucoup trop poivrée : voilà ce qui attend le jeune Lucy Minor lorsqu’il accepte de travailler pour le baron d’Aux. Et voilà l’univers dans lequel se plonge le lecteur du délicieux et pas trop poivré roman de Patrick deWitt, Le Sous-majordome. Avec son humour noir et ses personnages toujours singuliers, l’auteur de Les Frères Sisters a encore une fois trouvé la recette parfaite. 

L’aventure du Sous-majordome commence alors que le jeune Lucy s’apprête à quitter sa mère et Bury, son village natal, pour se mettre au service du baron d’Aux en tant que sous-majordome. Après avoir pris son courage, et sa valise, à deux mains, et réalisé un long voyage en train, Lucy se retrouve au château d’Aux. Il y découvre bien vite que le métier de sous-majordome n’est pas aussi simple qu’il n’y parait et que de nombreux et éprouvants défis s’y rattachent. Il devra entre autres affronter un mangeur de rats, des couples aux exigences particulières et un homme d’une beauté exceptionnelle.

La galerie de personnages sans foi ni loi présentée à travers les péripéties de Lucy est impressionnante. Tous plus particuliers les uns que les autres, ils déclenchent tour à tour rire, dégoût et émoi. Que ce soit la belle Klara, les comiques voleurs Mémel et Mewé, l’étrange et solitaire monsieur Olderglough ou le mystérieux baron d’Aux, tous amènent une couleur particulière à l’histoire et aucun ne laisse indifférent. La vie de Lucy aurait été bien différente sans son amour pour Klara, son amitié pour les voleurs et sa dévotion pour son travail. Et c’est l’ensemble de tous ces liens avec tous ces gens qui forme la beauté et le comique du roman.

Avec de tels personnages, impossible de s’ennuyer. Les incidents rocambolesques s’enchaînent, au plus grand plaisir du lecteur. Et, à compter de la deuxième moitié du roman, le déroulement des événements est annoncé par des titres assez évocateurs, à la manière des romans français classiques à la Victor Hugo. Ceux-ci mettront immanquablement un sourire sur le visage du lecteur.

La construction de ce récit merveilleusement monté est en fait une véritable pente à la fois dramatique et comique. Si la première partie du roman semble plus lente, moins amusante et moins peuplée en événements, tout déboule à compter de la seconde moitié. La patience du lecteur en vaut plus que la peine.

Alors que l’on croit avoir tout vu, deWitt en rajoute toujours plus. L’imagination de l’auteur est sans fin, contrairement à ce roman qui doit bien se conclure, malgré notre envie de continuer. Le célèbre auteur de Les Frères Sisters nous entraîne encore une fois dans un univers dont on a nulle envie de ressortir. À quand la suite?

Après la reconnaissance acquise par les précédents romans de deWitt, dont le Prix des libraires du Québec et le Prix littéraire du Gouverneur général, on n’en espère pas moins pour son plus récent titre. L’auteur originaire de Vancouver n’a pas fini de surprendre.

4,5/5
Le sous-majordome
Patrick deWitt (traduction de Sophie Voillot)
Alto
402 p.
En vente le 17 janvier.
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